Avec deux ans et demi d'avance sur son époux le roi Carl XVI Gustaf, âgé de 67 ans, la reine Silvia de Suède se prépare à devenir septuagénaire. La discrète et élégante présidente-fondatrice de la World Childhood Foundation fêtera le 23 décembre 2013 son 70e anniversaire, et les festivités ont déjà commencé.
Mercredi 18 décembre, son mari le souverain, mais aussi sa fille aînée la princesse héritière Victoria, avec son époux le prince Daniel, et son fils le prince Carl Philip étaient réunis autour d'elle de manière officielle pour une première réception au palais royal, inaugurant plusieurs jours de festivités jusqu'à la grande soirée de fête privée prévue le 23 décembre même. En l'honneur de ses 70 ans, la reine Silvia recevait dans les salons princesse Sibylla les félicitations de diverses instances du pays, telles que le gouvernement, le Parlement, la Ville de Stockholm, les autorités, les Académies royales et autres. De concert, le président du Parlement Per Westerberg et le Premier ministre Fredrik Reinfeldt, qu'elle côtoie très régulièrement, lui ont offert lors de cette entrevue très cordiale un cadeau : une lampe en laiton de Skultuna, que la reine a dévoilée elle-même.
Annoncés présents pour cette réception inaugurant les célébrations, la princesse Madeleine, enceinte d'une petite fille attendue pour mars (raison pour laquelle elle déclarait forfait pour les festivités des Nobel les 10-11 décembre), et son mari Christopher O'Neill n'y prenaient visiblement pas part. Le couple est toutefois attendu avec le reste de la famille royale jeudi soir au Théâtre Oscar pour une soirée de gala en l'honneur de la reine Silvia et d'une nouvelle fondation lancée en son nom, Care About The Children.
En amont du cycle de célébrations, le palais avait publié un superbe nouveau portrait officiel de la reine Silvia, comme cela se fait en de telles circonstances, réalisés en novembre dans le Musée des antiquités Gustav III du palais par la photographe quadragénaire Julia Hetta, ainsi qu'une interview vidéo. Face caméra, la reine répondait posément le 11 décembre aux questions de ses compatriotes, enregistrées quelques jours plus tôt (le 5 décembre) à la gare de Stockholm.
Une reine, une mère, une activiste... Un modèle
Née le 23 décembre 1943 à Heidelberg, en Allemagne, d'un père allemand, Walther Sommerlath, et d'une mère brésilienne, Alice Soares de Toledo, la reine Silvia est depuis 2011 la reine consort à l'exercice dans cette position le plus long. Elevée au Brésil puis en Allemagne à partir de ses 14 ans, elle a dans ses jeunes années eu l'occasion de travailler pour le consulat argentin à Münich, d'être hôtesse lors des Jeux olympiques d'été 1972 dans la capitale bavaroise et chef du protocole déléguée aux Jeux d'hiver d'Innsbruck en 1976. Interprète de formation, qui maîtrise six langues (suédois, allemand, portugais, français, espagnol, et anglais), c'est lors des olympiades de Münich qu'elle fait la connaissance de Carl Gustaf de Suède, alors prince héritier. C'est un coup de foudre, un "déclic" comme le confiera dans une interview ultérieure le monarque suédois, avec celui qui accédera au trône à la mort du roi Gustaf VI Adolf le 15 septembre 1973. Le couple annonce ses fiançailles le 12 mars 1976 et se marie trois mois plus tard, le 19 juin, à Stockholm. La veille de leurs noces, le groupe ABBA interprète à la télévision son hit Dancing Queen en hommage à celle qui deviendra reine le lendemain - même si l'origine de la chanson n'avait rien à voir avec elle ! Rapidement, la presse nationale, d'abord sceptique quant à l'arrivée d'une roturière dans la famille royale, crédite la reine Silvia d'un véritable renouveau de la monarchie, pour laquelle elle a suscité un net regain. Douce, diplomate et fine, son histoire cordiale avec les médias perdurera malgré les quelques tensions qui surgiront : en 2002, elle subit de plein fouet le scandale qui surgit concernant le passé douteux de son père, accusé d'avoir collaboré avec le régime nazi et d'en avoir tiré profit, scandale dont elle devra encore se défendre près de dix ans après ; en 2003, elle déplore que la famille royale, en réaction aux manipulations (articles mensongers, photomontages...) d'une certaine presse, soit obligée de se protéger et ne puisse s'ouvrir plus aux médias. En 1997, elle avait fait sensation en admettant publiquement à la télévision, de manière inédite, que le roi Carl XVI Gustaf souffrait de dyslexie, et en confiant qu'il n'avait "pas reçu toute l'aide dont il avait besoin" face à ce trouble.
Mère de trois enfants (Victoria, Carl Philip, Madeleine), bientôt grand-mère pour la deuxième fois grâce à la princesse Madeleine qui travaille à New York pour le compte de sa fondation, la reine Silvia, imperméable au scandale du passé sulfureux prêté à son époux, est connue sur la scène internationale pour son engagement d'envergure en faveur notamment des enfants, via la World Childhood Foundation qu'elle a mise sur pied en 1999, mais aussi des seniors et des personnes atteintes de démence. Un engagement récompensé à plusieurs reprises.