Nommée le 17 mai au poste de secrétaire d'État en charge des personnes handicapées, Sophie Cluzel fait partie de ces personnes dont le président Macron tenait à ce qu'elles connaissent personnellement les dossiers à traiter. Il faut dire que le handicap fait partie du quotidien de la nouvelle membre du gouvernement...
Dans les pages de Paris Match, Sophie Cluzel (56 ans) raconte le parcours qui l'a menée jusqu'à faire son entrée au gouvernement : tout débute par la naissance de sa fille Julia, née en décembre 1995 et atteinte de trisomie. "Un coup de tonnerre", confie-t-elle sans détour. Alors qu'elle gérait un réseau de boutiques de linge de maison Descamps – après un passage de trois ans par la Floride où elle menait un chantier naval –, elle prend la décision de démissionner pour s'occuper à plein temps de sa fille, elle qui était déjà maman de trois autres enfants, Thomas (28 ans), Camille (27 ans) et Pierre (24 ans). Un choix qu'elle a pu se permettre financièrement puisque son mari Bruno travaille à son propre compte dans la fusion-acquisition d'entreprises.
Rapidement, Sophie Cluzel se rend compte des énormes lacunes qui existent en France quant à la prise en charge des personnes handicapées physiques et/ou mentales. Plutôt que de faire avec les moyens du bord, elle prend le taureau par les cornes et lance carrément une structure pour très jeunes enfants, Grandir à l'école. La structure recrute très vite une vingtaine d'auxiliaires de vie scolaire (AVS) grâce au dispositif de l'époque, les fameux emplois jeunes. Puis viendra l'époque du collège et, là encore, il faut trouver la parade pour offrir une scolarité aux jeunes trisomiques. Cette fois, Sophie Cluzel regroupe plusieurs structures sous une seule bannière, la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (Fnaseph), dont elle prend la tête. Un poste qu'elle a depuis quitté pour rejoindre le gouvernement.
Désormais secrétaire d'État, dont le portefeuille est pour la première fois directement rattaché au Premier ministre, Sophie Cluzel pourrait bien croiser sa fille Julia lors de réunions à l'Élysée. En effet, la demoiselle avait envoyé au culot sa candidature il y a deux ans pour un stage à l'intendance. Acceptée, elle a fini par y faire de l'alternance aux cuisines, après accord de François Hollande, à raison de deux jours par semaine afin de se professionnaliser. "Elle est étonnante car elle est très discrète, très professionnelle. (...) On se concentre sur son orientation professionnelle. Après viendra le problème du logement", dit la secrétaire d'État. En effet, la jeune fille voudrait, comme ses frères et soeurs, prendre son envol. Nul doute que sa maman trouvera encore comment l'aider à régler le problème.
Thomas Montet
Paris Match, en kiosques le 24 mai 2017.