Avait-il conscience, en se battant pour que les victimes d'une l'implosion dans les années 60 obtiennent réparation, qu'il serait un jour victime du même genre d'incident ? En tout cas, Paul-Henri Nargeolet, grand spécialiste de l'exploration marine et décédé le 18 juin dernier à proximité de l'épave du Titanic, ne les avait jamais lâchées. Et son combat avait fini par payer.
A l'époque, nous sommes en janvier 1968 et le sous-marin militaire La Minerve part de la base de Toulon. Au bout de 24 heures, il ne donne plus de nouvelles et la famille de la cinquantaine de marins à bord est prévenue : les passagers sont morts dans l'implosion de l'appareil. Hervé, le fils du commandant, André Fauve, se souvient bien du moment où sa mère lui avait annoncé.
"J'avais 5 ans et demi quand j'ai vu ma mère ouvrir la porte à deux officiers, 24 heures seulement après le dernier signal émis. Elle m'a juste dit 'ton père est mort'", a-t-il en effet raconté à nos confrères de Closer. Après un hommage de Charles de Gaulle, à l'époque président de la République, l'affaire est classée et les familles n'auront ni détails, ni recherche d'épaves.
Sauf que Paul-Henri Nargeolet, à l'époque âgé d'à peine 22 ans, entend parler de cette histoire et décide de ne pas laisser les choses en état. Dès 1971, il part à la recherche des débris, mais les choses sont très complexes : pour descendre aussi bas (à près de 2300 mètres de profondeur) il faut de très lourds moyens et surtout la levée du secret-défense français.
"Les restes du sous-marin"
Son combat, mené aux côtés d'Hervé Fauve et des familles de victimes, finit par aboutir en 2018 et il descend. "On m'a annoncé avoir trouvé les restes du sous-marin... et j'ai pu voir les premières images de la sépulture de mon père", a expliqué le quinquagénaire qui a également reçu un beau cadeau de la part de Paul-Henri Nargeolet.
En effet, le septuagénaire avait trouvé le moyen de le faire descendre jusqu'aux profondeurs et rendre un dernier hommage à son père disparu : "Quand je suis arrivé devant les débris, le 1er février 2020, après une descente spectaculaire dans un noir absolu, assis dans un minuscule habitacle, il n'y a pas de mots pour décrire ce que j'ai ressenti... C'était plus que bouleversant !", se souvient-il.
Très touché par la mort de Paul-Henri Nargeolet, il a donc tenu à lui rendre un bel hommage. Ainsi, sûrement, qu'aux quatre autres hommes décédés dans le Titan, le petit sous-marin parti le 18 juin pour une plongée vers le Titanic et qui n'est jamais remonté...