Depuis le 30 septembre, onze chroniqueurs de Télématin ont décidé de quitter le célèbre programme de France 2. Parmi eux, Brigitte-Fanny Cohen, Isabelle Chalençon, Henry-Jean Servat, Grégoire Tournon, Sarah Doraghi, Anissa Arfaoui, Jean-Philippe Viaud, Marie Mamgioglu, Marie-Dominique Perrin et Anne-Christine Horent. Les conditions travail, la baisse de salaires, l'attitude du présentateur Laurent Bignolas et de la direction seraient en cause. Le Parisien et Isabelle Chalençon font de nouvelles révélations.
Après les témoignages anonymes de personnes travaillant pour la matinale diffusés sur Télé Loisirs, c'est au tour du Parisien, dans son édition du dimanche 6 octobre 2019, de recueillir les propos de plusieurs salariés. Si l'on savait que la production de l'émission avait été confiée cette saison à France Télévisions Studios, afin d'en réduire les coûts, on apprend que les journalistes ont dû faire un drôle de choix : accepter un CDI, "après des années de CDD cumulés", mais avec 20 à 40% de réduction de salaire, "une affectation aléatoire dans l'entreprise et zéro négociation possible", ou partir.
Outre la problématique de l'argent, les rapports humains au sein de l'équipe sont une nouvelle fois pointés du nez. "On a vécu l'enfer. Dans ce dossier, il y a vraiment eu de la maltraitance de la part de la direction. On nous a reçus cinq minutes en ne sachant même pas ce qu'on faisait à Télématin. C'est du mépris total. Certains sont sous antidépresseurs", raconte un chroniqueur dont le nom n'est pas révélé. Et comme comme le souligne un témoin, Laurent Bignolas "n'a rien fait pour défendre ses chroniqueurs alors qu'il est représentant CGT du personnel".
Le présentateur est une nouvelle fois au coeur des accusations. Il y serait pour beaucoup dans l'ambiance "lourde" qui règne chez Télématin. "On l'a tous entendu dire que tel ou tel sujet était ringard alors qu'on venait le défendre en plateau ou que c'était une émission pour Ehpad", raconte un autre témoin. Depuis le début du scandale, on apprend par Le Parisien que Laurent Bignolas a multiplié les allers-retours entre le plateau et la loge des chroniqueurs, ce qu'il n'a jamais fait en deux ans. Une amélioration des rapports est-elle donc encore possible ? Si Laurent Bignolas n'a pas souhaité répondre au Parisien, il l'a déjà pour Télé Loisirs et avait nié tous les faits qui lui sont reprochés.
En parallèle de ces témoignages, Isabelle Chalençon a une nouvelle fois pris la parole pour révéler ce qu'il se passe chez Télématin. La chroniqueuse, soeur de la star de l'émission Affaire conclue, attaque France Télévisions aux prud'hommes. Victime d'un burn out, elle raconte à TVMag : "Tout a démarré en juin 2015 quand je suis tombée malade. Naturellement, après mon passage aux urgences, j'ai envoyé au service RH de France Télévisions un justificatif pour un arrêt maladie. Mais la direction n'a pas voulu le prendre en charge sous prétexte que j'étais seulement pigiste. Je rappelle que ça fait vingt ans que je travaille là-bas ! J'ai donc attaqué le groupe." Elle explique ensuite qu'en 2018, après la décision de "virer tous les réalisateurs de l'émission", elle a dû assurer ce nouveau boulot en plus du sien. "Une épée de Damoclès" car elle n'a jamais été formée à la réalisation. "J'ai bossé 12 heures par jour, week-ends compris, entre décembre et janvier dernier. En février, j'ai fait une dépression : je ne dormais plus, j'ai perdu des kilos, je faisais des crises d'angoisse et de larmes. C'est là qu'on m'a arrêtée", assure-t-elle.
En colère, Isabelle Chalençon dénonce ensuite les volontés d'économie à deux vitesses : "Dans certains services, on s'autorise à prendre des taxis pour un oui ou pour un non. Et quand l'avocat de France Télévisions fait traîner les procédures, combien ça coûte au groupe et indirectement aux contribuables ? Et lorsqu'on vous fait appliquer la grille des salaires des journalistes, alors qu'Élise Lucet gagne 25 000 euros par mois ?" En parlant d'Elise Lucet, Isabelle Chalençon balance : "Dans un entretien à Paris Match, elle avait indiqué qu'elle n'hésiterait pas à enquêter à France Télévisions s'il y avait matière. Ça m'avait interpellée, et quand je me suis retrouvée à côté d'elle en loge, je lui ai demandé. Mais elle m'a totalement ignorée."