Mercredi soir, dans le Grand Journal, Mouloud a proposé un DailyMouloud un peu spécial. A l'occasion de la présence de trois journalistes féminines d'I>Télé (Maya Lauqué, Anne-Solène Hatt et Léa Salamé), Mouloud est allé interviewer Julian Bugier, beau garçon qui officie aussi sur la chaîne informative du groupe Canal +.
Avec un humour déconcertant, le beau gosse (élu plus beau mec du PAF par le magazine gay Têtu) s'est plaint de la présence des femmes dans son travail : "Les filles de l'info par ci, les filles de l'info par là... L'info c'est nous qui l'avons inventée... nous les mecs. Tu te souviens de la première présentatrice télé ? Eh bah non. Parce qu'il y en a pas. [...] La bombe de l'info, ça devrait être moi, regarde moi. [...] Quand je suis dans la rue, on me regarde, on dit "Putain, mec, c'est la bombe d'I>Télé !"" (voir la vidéo ici).
Julian Bugier, une bombe de l'info qui a beaucoup d'humour et qui pointe du doigt un fait : l'omniprésence des bombes de l'info. Clélie Mathias, Audrey Crespo-Mara, Céline Bosquet, Mélissa Theuriau, Aïda Touihri, Erika Moulet... Elles squattent l'information... comme la météo !
Mais alors... faut-il être beau aujourd'hui pour présenter l'info ?
De femmes glaciales aux new babes de l'info
Le magazine GQ consacre un dossier au sujet et analyse le phénomène avec sérieux. Florence Dauchez (I>Télé) explique : "Jusqu'au milieu des années 90, lorsqu'on était une femme et journaliste, il ne fallait pas trop être sexuée et encore moins sexuelle. On s'imposait une certaine neutralité physique pour paraître aussi crédible que les hommes".
Ainsi, dans les années 80 on a pu découvrir l'information avec Christine Ockrent ou Arlette Chabot qui officiait déjà dans les rédactions télévisées. Côté érotisme, on a vu mieux... Pourtant, peu après, Anne Sinclair et ses yeux bleus ont commencé à ériger un modèle différent de l'information. De l'info brute, le JT devient humain et l'arrivée de Claire Chazal dans les années 90 change le visage de l'information. Tout comme Béatrice Schönberg ou Carole Gaessler.
Les années 2000-2010 ont amené l'émergence de véritables bombes : de journalistes charmantes, on tombe sur des journalistes sexy. Et la dernière vagues de reporters qui font monter la température pose la question de savoir s'il vaut mieux avoir une info de qualité ou une info esthétique. Les opportunistes diraient les deux...
Pourtant la beauté pose la question de la légitimité de la présence de certaines. On se souvient que l'arrivée de Céline Bosquet au JT de M6, la très jolie compagne de Patrick Bruel, a suscité la critique : "Pourquoi faudrait-il avoir 25 ans, de jolis seins et un joli minois pour présenter un journal ? On n'est pas des mannequins." se plaignait Daphné Roulier. Florence Dauchez avait également manifesté son désaccord de voir cette jeune femme prendre la tête d'un JT malgré son jeune âge : "Quand on lâche une jeune fille de 25 ans, qui n'a jamais fait de journalisme, qui n'a pas un socle d'études qui lui permet d'avoir une vision assez périphérique de l'ensemble des événements, les chaînes prennent une responsabilité... vis-à-vis d'elles et vis-à-vis du public." Pourtant Céline Bousquet est légitime à son poste, qu'elle occupe parfaitement.
Et du côté des hommes?
A l'instar de Julian Bugier, la nouvelle génération de journalistes masculins est plutôt à classer du côté des mannequins. Difficile de rester insensible à un Guy Lagache (M6), Eddy Murté (France Ô), Oilvier Galzi (I>Télé), Harry Roselmack (TF1) ou encore Laurent Delahousse (France 2)... Tout de suite, les mauvaises nouvelles sont vite relativisées et on oublie vite les PPDA, Guillaume Durand, David Pujadas... David qui ?
Une belle journaliste est-elle meilleure ?
Meilleure peut-être pas. Mais une jeune et sexy journaliste a quelques avantages... Dans GQ, Aïda Touihiri développe un argument : "Quand il faut annoncer une catastrophe, la pilule passe mieux avec une jolie femme. On rend les informations moins anxiogènes, plus humaines." Et comme elle sont jeunes (sortant parfois d'une école de journalisme), elles sont également travailleuses et ne coûtent pas cher : GQ annonce un salaire de 4 000 euros mensuels contre 22 000 euros pour une Claire Chazal....
Une discrimination esthétique ? Pas faux. On ne peut désormais que souhaiter qu'il y ait, parité oblige, de plus en plus de bombes masculines de l'information. Y'a pas de raison que les filles ne puissent pas aussi se rincer l'oeil en découvrant l'info...
Allyson Jouin-Claude