Patrice Evra, capitaine déshonoré de l'équipe de France de football lors de la Coupe du Monde 2010, n'a pas fini de payer pour son rôle dans les événements de Knysna et le fiasco tricolore, sportif et moral.
Au lendemain de cette déroute, qu'il a traînée comme un boulet pendant des semaines, le défenseur latéral de Manchester United faisait partiellement amende honorable et clamait, le 22 juin 2010, que les joueurs avaient décidé de renoncer à toutes leurs primes : "On n'acceptera pas un seul centime des sponsors et de tout ce qui va avec". Un moindre geste qui n'a pas eu de valeur rédemptoire - mais, à l'inverse, si les joueurs avaient empoché leurs primes, la vindicte populaire n'en aurait été que plus terrible encore.
La Fédération française de Football, de son côté, ne pouvait que se féliciter de cette initative, elle qui décidait de ne pas verser de prime en cas d'élimination au premier tour et comptait sur cette manne pour renflouer ses caisses.
Le hic, c'est qu'Evra a parlé "un peu trop vite". C'est l'actuel porteur du brassard de capitaine en équipe de France, le Girondin Alou Diarra, qui met les choses au clair : auprès des radios RMC et RTL, il a fait savoir mardi que les joueurs avaient bien l'intention de percevoir leurs primes liées aux activités de sponsoring (soit près de 2 millions d'euros à se répartir, selon L'Equipe). Leur but : en faire don à diverses oeuvres caritatives. Une B.A. qui s'inscrit dans une volonté de reconquérir le public des Bleus par un comportement exemplaire : "On est à une période de l'année où les temps sont durs pour certains. On pense à des associations caritatives, des gens qui ont besoin de moyens pour survivre". Et d'enfoncer le clou : "La Fédération nous le doit contractuellement, nous n'avons pas l'intention d'y renoncer car nous avons décidé de faire une bonne action en le reversant à des oeuvres caritatives." Auprès du quotidien régional Sud Ouest, il a de nouveau mis en avant les bonnes intentions du nouveau groupe bleu : "En clair, on veut cet argent pour pouvoir l'utiliser comme nous pensons qu'il doit l'être. On est conscients de nos responsabilités et du besoin de reconquérir le public."
Cette mise au point confirme une des données du fiasco sud-africain : les joueurs étaient loin de faire bloc derrière Evra ; "ils estiment n'avoir jamais voulu abandonner cette prime, considérant qu'Evra a parlé un peu vite et poussé le bouchon un peu trop loin", analyse L'Equipe.
Rama Yade, toujours prompte à donner son avis sur le sujet, a estimé dans la foulée que les Bleus seraient bienvenus de tenir leurs "engagements" (ou ceux d'Evra ?), visés par le président de la République (mais avait-il vocation à intervenir sur ce dossier ?), et de faire en sorte que les primes profitent au football amateur...
En tout cas, il y en a un qui n'a clairement jamais lâché le morceau, c'est Raymond Domenech, qui réclame près de 3 millions d'euros à la Fédération après son licenciement. Lui n'a ni parlé de bonnes oeuvres, ni de réconciliation avec le public. Mais aime bien jouer avec l'argent.