Un président de gauche qui "n'aimerait pas" les pauvres ? Impossible et pourtant, c'est bien ce qu'assure Valérie Trierweiler dans son livre événement Merci pour ce moment (Ed. Les Arènes), qui retrace sa vie tumultueuse avec François Hollande. Déjà "catastrophé" par le grand déballage de son ex, relayé par Paris Match qui en publie les bonnes feuilles, c'est le président socialiste et non l'homme qui est cette fois touché. Heureusement, l'adversaire de la finance peut compter sur la gauche pour crier au mensonge et contre-attaquer, à commencer par une certaine Ségolène Royal, son ex et la rivale notoire de l'auteure du livre...
Du "n'importe quoi" selon Ségolène Royal
Parmi les piques envoyées par Valérie Trierweiler, c'est sûrement l'une des plus douloureuses pour François Hollande. Quelques années après le fameux "Casse-toi pauv' c**" de Nicolas Sarkozy, on apprend que son successeur tiendrait des propos méprisants envers les "pauvres", qu'il appellerait les "sans-dents", "fier de son trait d'humour". Des accusations contre lesquelles Ségolène Royal est montée au créneau sur RMC/BFM TV. Si elle est d'abord restée dans son statut de femme politique, refusant à plusieurs reprises de se "laisser entraîner sur le terrain privé", la ministre de l'Écologie s'est montrée indignée. "C'est n'importe quoi, c'est le contraire de l'engagement politique d'un grand responsable de gauche, socialiste", a estimé la ministre à qui Valérie Trierweiler consacre plusieurs passages de son livre, notamment sur leur rivalité.
"C'est le contraire de son identité politique, il faut être sérieux", a répété Ségolène Royal. Celle qui le connaît bien pour avoir passé plus de vingt ans de sa vie à ses côtés et fait quatre enfants avec lui a ensuite mis en valeur les actions de François Hollande envers les plus démunis. "Il faut juger les hommes politiques sur leurs actes", a-t-elle souligné, évoquant notamment l'action de son ex en Corrèze, où il fut président du conseil général, et son "attention portée aux plus précaires" dans le département. Accusée d'avoir monnayé son ralliement à François Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012 dans le livre, elle a refusé d'"alimenter le débat" car "il faut avoir une certaine dignité de la fonction politique que l'on exerce et ne pas en dévier".
La gauche indignée...
Oubliés les frondeurs, le remaniement, le contrôle des chômeurs "renforcé" ou le livre de Cécile Duflot. À l'image de Ségolène Royal, bon nombre de ténors du PS ont, ces derniers jours, défendu leur président face aux attaques de Valérie Trierweiler. Le Premier ministre Manuel Valls a ainsi dénoncé des "attaques outrancières" et un mélange de la "vie publique et privée" qui "abaissent le débat". D'autres ont annoncé ne pas vouloir lire ce livre, comme Stéphane Le Foll, également visé dans le récit de l'ex-première dame, Claude Bartolone ou Anne Hidalgo. "Dans la situation de crise, de profonde déstabilisation de la société française, il y a peut-être d'autres messages à passer", a regretté la maire de Paris.
Certains pro-Hollande dénoncent en privé "l'ingrate" ancienne première-dame dont le fils Léonard dormait encore parfois à l'Élysée, selon Le Parisien, et rappellent qu'elle faisait elle-même "cocu son mari avec François" pour revenir sur le plan sentimental. Les proches du président cherchent aussi à lui trouver des excuses en coulisses : "On fait tous des blagues un peu douteuses devant nos potes ! Ça ne veut pas dire qu'on le pense." Même le leader des frondeurs du PS, Jérôme Guedj, "ne croit pas" au mépris de François Hollande pour les plus précaires.
...comme les personnalités
Invités ce matin sur Europe 1, Philippe Bouvard et Bernard-Henri Lévy ont également donné leur sentiment sur le grand déballage de Valérie Trierweiler. L'ex-animateur des Grosses Têtes a ainsi sévèrement jugé l'ancien couple présidentiel, évoquant un "spectacle assez rare et un peu pathétique". François Hollande ? "On savait qu'il n'était pas un grand homme mais on découvre maintenant que c'est un petit monsieur", a-t-il dit, avant de juger que l'ex-First Lady n'était "pas une grande dame".
BHL charge de son côté le livre de Valérie Trierweiler. "Il est au-delà du Hollande bashing ! C'est le coup de grâce ! Ce livre est une mauvaise action, d'une vulgarité insoutenable", a-t-il estimé, regrettant qu'à l'heure où l'on craint la montée de l'État islamique, qu'une crise sévit en Ukraine et que le chômage progresse, la presse ne s'intéresse qu'au "livre de cette femme dont les affres sentimentales ne devraient pas nous intéresser". Le philosophe explique toutefois qu'il a... lu le livre. "Je me disais bien qu'il allait y avoir une question. Ça ne m'intéresse pas !", a-t-il cependant nuancé.
Valérie Trierweiler se défend, son fils la soutient
Mais "peu importe le nombre de ventes", le mal est fait pour François Hollande et son entourage. Et certains parmi ceux qui le soutiennent craignent déjà les lourdes répercutions de cette affaire dans l'opinion publique. "C'est dévastateur, s'il a dit ça, il est fou. Il faut respecter les gens quand tu es élu de Corrèze", regrettent certains qui parlent du "coup de grâce" de l'ancienne première dame, congédiée en début d'année.
Valérie Trierweiler se défend toutefois d'avoir fait un réquisitoire à charge. "Les premiers extraits sortis dans la presse montrent un président cassant, déshumanisé mais d'autres passages décrivent aussi toute l'admiration que j'ai pour lui", a précisé sur RTL l'ex-première dame dont le fils Leonard a rappelé sur Twitter qu'un livre se lisait "de la première à la dernière ligne pour être jugé". Elle a par ailleurs expliqué pourquoi ce projet était resté secret. "Au cours de l'été, cela est devenu un livre, personne n'était au courant, pas même ma famille", a-t-elle ainsi indiqué. Toutefois, selon Le Monde, elle aurait signé un contrat pour publier un livre aux éditions Les Arènes dès le mois de mars...