Philippe Lellouche est sur scène avec sa femme Vanessa Demouy – la mère de ses enfants Solal et Sharlie (il est aussi papa de Sam, né d'une première union) – et ses amis David Brécourt et Christian Vadim pour des aventures théâtrales. Après Le Jeu de la vérité, sa suite et Boire, fumer et conduire vite, le quatuor se reforment dans L'Appel de Londres. L'histoire drôle et tendre de trois Français expatriés pour différentes raisons en Angleterre et qui se retrouvent dans le restaurant de Marianne, un soir de 14 juillet. Purepeople a rencontré l'auteur de la pièce et sa femme, tous deux comédiens, pour des confidences pleines d'enthousiasme et de sincérité sur la scène même d'un spectacle généreux et réjouissant.
S'expatrier, une idée qui vous a effleurés ?
Pierre Lellouche : "L'idée, je l'ai eue y a deux ans en me posant la question : pourquoi, en temps de paix, sans raison politique apparente, des gens décident de quitter leur pays de leur plein gré. Ça me paraissait étrange de voir autant de Français partir alors que rien ne les y oblige. Partir à l'étranger, l'idée nous avait effleurés, comme tout le monde, mais c'était plus par rapport à des questionnements sur la France, qui est en train de prendre une tournure différente et qui ne ressemble pas à la France que je connais. Sur des valeurs morales qui sont de moins en moins présentes, le patriotisme au bon sens du terme... Mais ça ne nous a pas effleurés longtemps parce que je crois qu'on fait partie de ces gens qui ont envie de rester dans leur pays parce que c'est leur pays et qu'on a envie de le défendre, à notre petit niveau."
Vanessa Demouy : "J'ai commencé à travailler très jeune et en raison de mon métier [mannequin, NDLR], j'étais rarement en France. J'ai été expatriée un paquet de fois et dans un paquet de pays ! Mais j'étais très jeune, c'était plus des expériences de vie. De là à m'installer avec ma famille, renoncer à la France... je ne suis pas certaine. Je suis vraiment trop française."
L'Appel de Londres, c'est une déclaration d'amour à la France ?
PL : "Oui, mais pas une déclaration d'amour naïve. Oui, il y a des problèmes mais rien d'insurmontable. Comme je dis dans la pièce, on a surmonté bien pire. Oui, on a besoin d'optimisme. Mon métier, c'est de faire rire, je ne prétends pas faire la morale. Oui, c'est un beau pays, oui, il y a moyen de faire plein de choses, ensemble. Mais ça me désole de voir que des politiques essaient de nous diviser alors que la meilleure solution, c'est d'avoir un projet commun."
VD : "Je crois que l'unité ne fait pas peur aux Français. Sauf qu'ils ne la montrent que dans le pire du pire. Il faut s'unir, et pas seulement après des catastrophes et des drames. Ce serait bien qu'on utilise nos mémoires et qu'on soit capable de le faire tout le temps."
En travaillant ensemble depuis plus de dix ans, on continue à se surprendre ?
VD : "Bien sûr, on continue à se surprendre et ça, c'est important. Le jour où ça n'arrivera plus, c'est qu'on s'ennuiera fortement les uns avec les autres. Et le public s'ennuiera avec nous. Alors il faudra arrêter."
Écrire pour le frère de Philippe, Gilles Lellouche, ça vous tente ?
PL : "On fait chacun nos carrières, on se contente d'aller applaudir l'autre, mais on n'exclut pas l'idée de faire un truc ensemble un jour, évidemment."
VD : "Je connais les deux et ils ont des univers assez différents. Avec de grandes lignes qui se rejoignent. Ce sera intéressant de voir le projet où vous vous retrouverez."PL : "Mais il faut vraiment une bonne idée. Et puis ce sera nécessairement deux frères, on ne peut pas jouer autre chose. Il y a de la ressemblance, mais les gens savent aussi..."
VD : "... Ça pourrait être dérangeant et nuire à l'oeuvre."
PL : "Oui, on l'a fait une fois dans un film de Tristan Aurouet, un film d'auteur qui s'appelle Mineurs 27 dans lequel on joue deux frères gitans, complètement abrutis. On a beaucoup ri. Mais le problème, c'est qu'il faudrait que ce soit une comédie car quand on joue ensemble, on déconne beaucoup, c'est compliqué !"
Comment avez-vous vécu la sortie de l'adaptation au cinéma du Jeu de la vérité, qui n'a pas dépassé les 50 000 entrées alors que la pièce avait été un succès ?
PL : "Le film n'a pas été sorti. On s'est trompé de producteur [EuropaCorp, la société de Luc Besson, NDLR]. Quatre copies à Paris, cent dans toute la France, sans aucune promotion, ni affiche. On n'avait aucune chance. Des spectateurs de notre pièce de théâtre sont venus nous voir après la sortie du film, en nous demandant : 'Quand est-ce qu'on voit votre film ?'... Ils ont fait une sortie technique. Ce n'était pas un film cher et ils l'ont rentabilisé avant même de le sortir. Ça arrive dans la vie, ce n'était pas très grave, mais c'est une grosse déception."
VD : "C'était un sujet qui nous tenait à coeur, notre troupe a commencé avec cette pièce. C'est un projet qu'on attendait depuis très, très longtemps. Ça été très violent. En plus, on commençait une nouvelle pièce, L'Appel de Londres, d'ailleurs, il y avait plein de choses qui s'enchaînaient. Émotionnellement, ça a été très violent."
PL : "On aurait préféré que le film sorte dans des conditions normales, et si on se mange un four, on se mange un four. Ça arrive, ça fait partie de notre métier. Mais là, on a l'impression que le film n'a pas eu sa chance."
L'Appel de Londres, à la Gaîté Montparnasse, du mardi au samedi à 21h.
Interview exclusive, ne pas reprendre sans la mention Purepeople.