Marisa Bruni-Tedeschi avait un fils. Un fils qui rêvait de participer à la mini-transat, course mythique s'il en est. Mais Virginio Bruni-Tedeschi n'aura jamais pu réaliser son rêve, emporté précocement par le sida. Mais à travers le jeune marin Ludovic Méchin, son bateau a pu réaliser pour lui cette traversée pas comme les autres.
Le site Internet de Nice-Matin raconte ainsi l'histoire d'une rencontre, entre une mère et un jeune homme que l'amour a rapprochés. L'amour d'un fils pour elle, l'amour de la mer pour lui. L'histoire débute avec un bateau, le Paris-Texas, un petit voilier de 6,50 m, celui de Virginio Bruni-Tedeschi. Marisa Bruni-Tedeschi, installée au club de voile de Cavalière au Lavandou, raconte : "Mon fils a acheté ce bateau en 1999 pour réaliser cette course. C'est l'année où il a appris sa maladie. Il l'a vendu, à une copine soi-disant. On n'a jamais trop su ce qu'il en était."
Lorsque son fils décède en 2006, la mère de Carla, qui avait rendu hommage à son frère à travers la chanson Salut marin, et Valeria n'ont qu'une idée en tête : retrouver le bateau, dont le modèle était une star des années 90. C'est finalement Olivier de Kersauson qui mettra la main dessus, après de longues et difficiles recherches, du côté de Marseille. "On l'a alors envoyé à Gênes, chez le meilleur ami de mon fils, pour le retaper, poursuit la maman. Mais il ne bougeait pas du port. En 2012, j'ai dit à Eric [Eric Roy, responsable du centre nautique, NDLR] : 'Je crois que je vais le vendre, il faut que ce bateau navigue.' " Ledit Eric pense alors à Ludovic Méchin et lui propose de prendre le bateau pour lui faire affronter la houle.
Le jeune Ludovic (27 ans) prend soin du bateau à qui il rend son nom originel, le Paris-Texas, le bichonne et participe à plusieurs courses, dont le grand prix d'Italie qu'il remporte, clin d'oeil aux origines de la famille Bruni-Tedeschi. En juin 2013, il obtient le précieux sésame, sa qualification pour la mini-transat, une traversée de l'Atlantique sans assistance et en solitaire, dans l'esprit des aventuriers du début des transatlantiques et ouverte à tous. Une course mythique depuis sa création en 1977 par Bob Salmon...
L'entraînement se poursuit, l'apprivoisement du bateau également. "Une première expérience demande une énorme préparation. Je suis ensuite retourné à Douarnenez, d'où l'on devait partir...", explique le navigateur. "Et on n'est jamais parti", ajoute Marisa Bruni-Tedeschi.
"Quand il est arrivé, je ne ressentais plus le mal. J'étais bien, je pensais à mon fils"
La météo défavorable repousse le départ, mais Ludovic Méchin prend finalement la mer le 29 octobre, pour une traversée galère entre problèmes techniques, temps pourri et réparations longues. 32j 13h 1min 5s plus tard, le skippeur du Paris-Texas franchissait la ligne d'arrivée, hors délais, à Pointe-à-Pitre. Mais ils étaient nombreux à l'accueillir, dont Eric Roy et Marisa Bruni-Tedeschi, qui, alitée, ne devait pourtant pas prendre part aux voyages vers la Guadeloupe...
"Mes douleurs avaient tout à coup disparu, raconte-t-elle ainsi. On est partis comme ça, sans réserver d'hôtel... J'ai téléphoné à une de mes filles pour la prévenir que je ne pourrais pas aller chercher son fils à l'école. Elle m'a répondu : 'Tu deviens une personne extravagante !' J'ai ensuite contacté mon autre fille qui m'a dit : 'Tu te crois une adolescente '."
La suite, c'est à Pointe-à-Pitre qu'elle s'écrit : "Quelques jours plus tard, je me suis retrouvée avec Eric sur un zodiac, tapant sur les vagues à attendre Ludovic. Quand il est arrivé, j'imaginais qu'il serait mal rasé et en guenilles, mais on aurait dit qu'il sortait d'un hôtel quatre étoiles, il était très chic. Je ne ressentais plus le mal. J'étais bien, je pensais à mon fils."
Un fils qui aura donc finalement fait sa traversée de l'Atlantique et pourrait faire l'objet d'un documentaire, Ludovic Méchin ayant filmé son aventure. Marisa Bruni-Tedeschi a même demandé à l'un de ses neveux de monter les images. Quant à la musique : "Je voudrais mettre la chanson de Carla."
La fameuse chanson Salut marin, que Carla Bruni a encore du mal à chanter et dont les paroles résonnent comme un écho : "Salut marin, bon vent à toi. Tu as fait ta malle, tu as mis les voiles. (...) Au r'voir marin, tu vas manquer."