C'est avec un indice de confiance au beau fixe que le prince héritier Willem-Alexander des Pays-Bas embrassera mardi 30 avril 2013 son destin de roi, entraînant dans son accession au trône son épouse la princesse Maxima. 33 ans jour pour jour après avoir accepté sa mission suprême héritée de sa mère feue la reine Juliana, la reine Beatrix, au terme d'un mois d'avril riche en émotions pour ses dernières sorties officielles en tant que souveraine, abdiquera à son tour, en faveur de son fils aîné. Et le royaume des Pays-Bas retrouvera un roi, pour la première fois depuis 123 ans.
Un roi qui débutera son règne avec 69% de ses concitoyens favorables à son avènement, selon un sondage récemment publié par la chaîne de télévision Nos. Soit 10% d'opinions favorables de plus qu'un an auparavant. A cette progression significative, une explication, notamment : la bonne prestation du nouveau monarque lors de son grand oral diffusé le 17 avril à 20h30 sur les chaînes Nederland 1 (publique) and RTL 4 (privée). Interviewé ainsi que la reine Maxima par les journalistes Mariëlle Tweebeeke de NOS/Nieuwsuur et Rick Nieman de RTL Nieuws, le roi Willem-Alexander, avec son flegme habituel et sa voix posée, a fait face à toutes les questions avec un aplomb rassurant, y compris lorsqu'il s'agissait de blessures intimes (le coma dans lequel se trouve depuis février 2012 son frère cadet le prince Friso) ou de dossiers sujets à scandales (la villa au Mozambique dont il a fini par se débarrasser). 48% des spectateurs de cet entretien télévisé sondés par Ipsos ont affirmé avoir une meilleure opinion du prince héritier après son passage sur le gril.
Célébré, à la veille de son 46e anniversaire (27 avril), par les jeunes générations le 26 avril lors de son déplacement avec Maxima à Enschede pour les Jeux royaux 2013, le roi Willem-Alexander partira avec un capital confiance consolidé à 78% d'opinions favorables en faveur de la monarchie (indice le plus haut depuis 2008), sachant que la moitié de la population est satisfaite de la forme actuelle de la monarchie constitutionnelle batave (seuls 25% des Néerlandais préféreraient une monarchie cérémonielle, et 10% une république). Seul écueil en vue (le même que dans toutes les monarchies actuelles) : le coût de la famille royale pour le contribuable, alors que les cérémonies d'abdication et d'intronisation coûteront 5 millions d'euros au gouvernement et 5,2 millions à la ville d'Amsterdam. Hélas, le seul sujet qui n'a pas été abordé...
Élément saillant de l'interview accordée par le très affable Willem-Alexander et la très glamour Maxima, leur assurance d'être un couple royal accessible, authentique et moderne, problématique ultracontemporaine de toutes les monarchies en phase de transition. En somme, les concernant, il s'agit de rester dans la droite ligne de leur attitude de couple héritier : l'un comme l'autre ont fait de la disponibilité et du sourire une de leurs marques de fabrique en mission officielle, au fil des ans. "Je veux être avant tout un roi qui s'inscrit dans la tradition, je veux poursuivre dans la tradition de mes prédécesseurs : c'est ce qui représente la continuité et la stabilité de ce pays. Mais je veux aussi être un roi du XXIe siècle qui peut rassembler, représenter et encourager la société", a expliqué le prince d'Orange. "Je ne suis pas un fétichiste du protocole. Les gens peuvent m'appeler comme ils le souhaitent afin qu'ils se sentent à l'aise", a précisé, plus tard, le futur souverain.
Au chapitre politique, Willem-Alexander a parfaitement bien négocié les questions sur une éventuelle limitation du pouvoir du souverain à un rôle purement cérémoniel : "Si le processus législatif se déroule de manière démocratique et conformément à la constitution, alors j'accepte tout", a-t-il répliqué sans commettre d'impair.
De même, il est parvenu à se sortir sans trop de dommages de l'évocation de la villa qu'il avait fait construire au Mozambique, revendue en réaction aux critiques virulentes dans son pays et remplacée par une villa en Grèce : "Quand on commet une erreur, il faut pouvoir en apprendre et s'assurer que cela ne se reproduise plus", a-t-il dit. Maxima, elle, a eu à se dépêtrer une fois de plus de questions sur son père, ancien ministre de la dictature argentine de Jorge Videla dont le passé avait suscité une levée de boucliers lors du mariage de sa fille au prince Willem-Alexander, union à laquelle il n'avait pas assisté. Ce qui aurait pu faire perdre à Maxima son légendaire sourire : "Il s'agit d'un moment constitutionnel lors duquel mon mari deviendra roi et non, mon père n'y a pas sa place s'il y a de telles questions qui sont soulevées", a-t-elle répliqué sans émoi.
Profession de foi, polémique, humour... L'émotion était aussi au rendez-vous, notamment lorsque le prince héritier a évoqué l'état de son frère cadet le prince Friso, dans le coma depuis les sports d'hiver en février 2012, et l'épreuve subie par sa mère et sa belle-soeur la princesse Mabel.
Après ce grand oral de plus de cinquante minutes, le prince Willem-Alexander vivra mardi son grand jour. Peu après l'abdication de la reine Beatrix, dans les minutes suivant 10h, l'ex-souveraine et le nouveau souverain, rejoint par son épouse et leurs filles, apparaîtront au balcon du palais royal à Amsterdam. Dans l'après-midi aura lieu en la Nieuwe Kerk (nouvelle église), de 14h à 15h30, la prestation de serment, l'investiture et le couronnement du roi Willem-Alexander. De retour au palais royal, une réception sera donnée à partir de 16h30 en l'honneur des dignitaires. Puis la chanson officielle de l'intronisation sera jouée à 19h30 (laquelle ? C'est encore un mystère, la composition retenue ayant été retirée à la suite d'une fronde populaire), juste avant une parade fluviale. La journée sera ponctuée par une réception officielle offerte par le gouvernement.