Il était promis à un bel avenir, mais un manque de rigueur aurait pu lui coûter très cher. Yoann Huget, valeur sûre du rugby tricolore, savoure aujourd'hui un retour en équipe de France dont il aurait pu ne jamais porter le maillot du XV de France.
En août 2011, alors que la sélection de Marc Lièvremont prépare son futur exploit durant la coupe du monde néo-zélandaise, Yoann Huget voit son avenir plus que s'assombrir. Pour ne pas avoir satisfait aux obligations de localisations et donc manqué trois contrôles antidopage, l'ailier tricolore est suspendu le 4 août trois mois, portés à quatre par la suite. Un crève-coeur pour le jeune joueur de 23 ans qui se voit privé d'une coupe du monde à laquelle il pouvait légitimement prétendre au vu de ses prestations avec Bayonne. "Avant, quand je changeais mon emploi du temps en cours de journée, je prévenais ma femme. Maintenant, j'appelle l'AFLD (Agence Française de Lutte contre le Dopage)," confie-t-il avec humour dans les colonnes du Parisien avant de redevenir plus sérieux : "Ça a été un coup d'arrêt assez dur à accepter. L'expérience a été difficile, mais je n'ai pas voulu perdre du temps et de l'énergie pour rien en luttant contre du vent. (...) Je ne suis pas resté dans ma bulle. Je me suis aéré en pratiquant de l'athlétisme notamment."
Du coup, en fin de contrat l'été dernier, il rejoint le Stade toulousain malgré une belle proposition du Stade Français, sans pour autant renier à participer au traditionnel calendrier des Dieux du Stade. "Paris me permettait d'être plus souvent avec ma compagne qui y travaille, explique-t-il. Mais, Toulouse, c'était l'assurance de gagner des titres, d'évoluer toujours au plus haut niveau, et de me rapprocher de ma famille qui y habite."
La ville de Toulouse, Yoann Huget l'a quittée à 20 ans à peine, pour rejoindre Agen puis Bayonne. Un besoin de bouger nécessaire pour le puissant ailier : "A 17 ans, j'avais un appartement, tout roulait pour moi. J'étais dans le confort. J'ai voulu me mettre à l'épreuve : soit je réussissais ailleurs, soit j'arrêtais le rugby. Ça a marché." Aujourd'hui, sa suspension n'est plus qu'un lointain souvenir. Et Yoann Huget savoure son retour sous le maillot frappé du coq.
"L'équipe de France m'a longtemps paru inaccessible. Au début, j'étais en retrait, en observation, je n'aime pas trop ces étapes-là. Petit à petit, l'émotion est occultée et ça devient un plaisir, un honneur" confie-t-il aujourd'hui après la belle victoire de l'équipe de France samedi 10 novembre dernier face à l'Australie. L'Ariégeois de naissance devrait remettre ça dès ce samedi face à l'Argentine : "Personnellement, je n'ai pas de sentiment de revanche, je ne peux en vouloir qu'à moi-même. J'ai pris mes responsabilités." Et à 24 ans, ses responsabilités pourraient l'emmener très loin.