S'il n'y avait qu'une image à retenir de ce match entre l'équipe de France de rugby et le XV australien disputé ce samedi 10 novembre et ponctué d'une magnifique victoire des Bleus (33-6), cela pourrait être les larmes de Yannick Nyanga.
Le Toulousain, absent en équipe de France depuis 2007, effectuait son grand retour avec le maillot frappé du coq, et n'a pu retenir ses larmes au moment où la Marseillaise s'élevait dans un Stade de France au trois quart rempli. "J'ai essayé de contenir tout ça, mais on est des hommes, on a aussi nos petits moments", déclarait le troisième ligne toulousain à l'issue de la rencontre. L'émotion était forte et le puissant flanker international âgé de 30 ans ne boudait pas son plaisir à se retrouver entouré de ses coéquipiers pour ce qui sonnait comme une revanche de l'humiliation subie ici même en 2010 (59-13 pour les Aussie).
Philippe Saint-André, qui a la lourde charge aujourd'hui de redonner corps à une équipe après la merveilleuse aventure de la dernière coupe du monde disputée en Nouvelle-Zélande, avait prévenu : Les Australiens étaient largement favoris, constitués autour d'une mêlée puissante et débarquant avec la certitude d'une équipe qui avait réussi à faire vaciller les All Blacks lors de la dernière Bledisloe Cup.
Mais dans son antre de Saint-Denis qui pour une fois n'a pas sonné creux, les Bleus ont fait acte de révolte, présentant une défense hermétique au possible, une agressivité conquérante dans les regroupements et une efficacité redoutable en attaque, étouffant toutes les velléités des visiteurs du bout du monde. Et si la France a fait aussi bonne impression, elle le doit au retour de son enfant chéri parfois honni, Frédéric Michalak. Après une parenthèse sud-africaine, le jeune papa est revenu à Toulon où le trentenaire est plus que jamais épanoui. Hier soir, Fred Michalak a donné le tempo de la rencontre, occupant le terrain, défendant sur les gros adverses, attaquant la ligne d'avantage et transformant tous ses essais au pied, ponctuant sa performance cinq étoiles d'une percée dans la défense dépassée des Australiens, avant de délivrer une offrande pour un essai de Wesley Fofana.
Si les Australiens étaient, il est vrai, privés de certains de leurs joueurs cadres, la victoire du XV de France ne souffre d'aucune contestation possible. Mené par un Pascal Papé parfait dans son rôle de leader en remplacement de l'emblématique Thierry Dusautoir blessé, les ouailles de Philippe Saint-André ont réalisé le match parfait, où la fougue des jeunes pousses - Brice Dulin et Maxime Machenaud en tête - a fait des merveilles au côté de la puissance et la rigueur des anciens à l'image de Louis Picamoles exemplaire et Nicolas Mas toujours aussi utile.
Au terme des 80 minutes de spectacle, les Bleus pouvaient exulter. Les Australiens n'avaient pas vu le jour et l'affront de 2010 était lavé. Et les larmes de Yannick Nyanga avaient eu tout le temps de sécher...