Depuis son arrivée en France à Paris cet été à l'aube de la saison de Ligue 1, Zlatan Ibrahimovic ne cesse d'occuper le devant de la scène médiatique. Et pour cause. Le Suédois fait partie de cette caste très prisée des meilleurs joueurs au monde, allant de pair avec son salaire de 14 millions d'euros par an. Superstar en son pays au même titre que le roi Carl XVI Gustaf, l'homme fascine, aussi bien pour ses qualités sportives que par sa personnalité à nulle autre pareille, entre arrogance, haute opinion de lui-même et indifférence généralisée pour ce qui l'entoure. Une personnalité que l'on retrouve dans sa biographie sobrement intitulée Moi, Zlatan Ibrahimovic, best-seller dans son pays d'origine (500 000 exemplaires vendus) et qui concourt aujourd'hui pour le prestigieux prix Gustav, l'équivalent de notre Goncourt et dont Le Point révèle quelques extraits. Avant une probable traduction ultérieure en français.
Règlements de comptes
Et fidèle à son habitude, Zlatan Ibrahimovic commence par régler ses comptes avec Pep Guardiola, l'entraîneur du FC Barcelone avec qui il s'était brouillé, ce qui avait conduit à son départ à l'AC Milan. Il confie ainsi comment il a souhaité entrer dans le rang et coller à l'image proprette du Barça, allant jusqu'à jouer contre nature : "Je me dominais, mais j'étais un autre. (...) Je m'écrasais et c'est un danger de mort, crois-moi. Il faut que je sois en colère pour jouer bien. J'ai besoin de crier et de faire du boucan." Jusqu'au jour où il explose, s'en prenant à son entraîneur en donnant un violent coup de pied dans une armoire métallique. "Tu n'as pas de couilles !" lui a-t-il alors lancé pendant que l'entraîneur va ramasser l'armoire sans piper mot... Une scène qui résume à elle seule Zlatan Ibrahimovic : "Tu peux enlever un mec du ghetto, mais tu ne peux jamais enlever le ghetto d'un mec."
Son enfance dans les quartiers difficiles
Zlatan Ibrahimovic a en effet été élevé dans le quartier défavorisé de Rosengard à majorité immigrée de Malmö, entre ses parents, tous deux originaires de l'ex-Yougoslavie. Il vivait ainsi la plupart du temps chez son père, employé communal ayant sombré dans l'alcool et scotché à sa télévision pour suivre la guerre : "J'étais dehors tout le temps, jouais au foot, piquais des vélos, et souvent, je rentrais chez moi affamé comme un loup, j'arrachais la porte du frigo et je pensais : pitié, pitié, qu'il y ait quelque chose ! Mais non, rien seulement comme d'habitude : du lait, du beurre, un pain et, si j'avais de la chance, du jus multivitaminé, en pack de 4 litres. Et de la bière, bien sûr. (...) Parfois, il n'y avait que de la bière et mon ventre hurlait. Il y avait une douleur là que je n'ai jamais oubliée. Demande à Helena (Seger, sa femme, NDLR). Le frigo doit toujours être plein à ras bord."
"Pas le genre humble"
Au début de sa carrière, le jeune homme fait la une de la presse et dit simplement ce qu'il pense, entre la marque des voitures qu'il souhaite plus tard ou les jeux vidéo auxquels il joue, usant de phrases comme "Il n'y a qu'un Zlatan", "Zlatan est Zlatan". "Pas vraiment le genre humble", reconnaît-il dans sa biographie. Après la Suède où il prouve tout son talent, c'est l'exil à l'Ajax d'Amsterdam, pépinière de l'Europe et club mythique de la période romantique du football. Et là, le jeune Zlatan est subjugué par le directeur du club, Leo Beenhakker. "Beenhakker exprimait le pouvoir et la froideur, écrit-il. Un peu à la manière d'un mafioso, et ça me plaît. C'est avec ce style que j'ai grandi. (...) Tout le monde me regardait : c'est qui exactement ? Surtout, je me rappelle Leo Beenhakker. Il s'est penché vers moi et il m'a dit : 'If you fuck with me, i'll fuck you two times back', et alors ça m'a impressionné."
Zlatan, le bad guy
Je suis Zlatan réserve également quelques révélations et anecdotes quant au caractère bien trempé de celui qui s'est fait tatouer la phrase Only God can judge me sur le torse. "Les mecs qui m'avaient vendu la Mercedes m'avaient juré : 'Tu es le seul dans le pays à l'avoir !' C'était du baratin de vendeur. C'était du bullshit. J'en ai vu une autre cet été-là en ville et j'ai pensé direct : 'Qu'ils aillent se faire foutre !' J'en veux plus de cette bagnole, et j'ai appelé des types qui vendaient des Ferrari", raconte l'attaquant du PSG.
Il revient également sur la rencontre avec Helena Seger, sa compagne et mère de ses deux enfants, de dix ans son aînée : "Elle venait d'une bonne famille de Lindesberg, une de ces familles où on dit : 'Chéri, peux-tu être gentil et me passer le lait ?', quand, chez nous, on se menaçait de mort à table, et plein de fois, elle ne comprenait même pas ce que je disais." Zlatan ajoute : "J'ai cette espèce de trait de caractère. Je me retrouve facilement avec les bad guys. On s'attire et ça ne me dérange pas. Ils sont aussi sympas que les autres, mais, c'est sûr, ça peut partir en vrille."
Enfin, Le Point révèle une petite anecdote datant du jour de la naissance de son premier enfant, Maximilian, révélateur du statut qui est aujourd'hui le sien en Suède : "Les types de Securitas me mettent une blouse de médecin, le genre docteur Ibrahimovic. Et ensuite, ils me mettent dans un panier de linge, et là je me retrouve accroupi comme un ballon et on m'exfiltre à travers des souterrains par le garage."
"Parfois, tu dois casser les règles, c'est comme ça que tu progresses. Je veux dire : qu'est-ce qui s'est passé avec les mecs de MFF (Malmö FF, sa première équipe, NDLR) qui se tenaient toujours à carreau ? On écrit des livres sur eux ?", conclut-il.