60 ans après leur première rencontre dans les îles grecques, 52 ans après leur mariage à Athènes, et rescapés de bien des turbulences conjugales, Juan Carlos Ier d'Espagne (76 ans) et Sofia (75 ans) vont-ils divorcer ? Alors que le couple est entré dans une zone de répit médiatique, suite à l'abdication du souverain emblématique de la transition démocratique et la prise de fonctions du roi Felipe VI et de la reine Letizia, l'information, avancée par le grand quotidien italien La Repubblica et par le Huffington Post, ajoute un chapitre à la saga tourmentée du couple royal. Peut-être le dernier...
"Les vacances séparées de Juan Carlos et Sofia : "divorce imminent"", titrait le 2 septembre La Repubblica un article signé Alessandro Oppes, disponible en ligne. Selon le journaliste, l'abdication du roi Juan Carlos Ier, annoncée le 2 juin dernier et effective depuis le 18 du même mois, aurait précipité la séparation de fait des deux conjoints (déjà réelle avant, mais camouflée par le feuilleton des missions officielles et le protocole), qui ne se seraient, "c'est clair", plus vus depuis le milieu du mois de juillet. Une allégation corroborée par le site espagnol libertaddigital.com.
Et en effet, si la reine Sofia a passé, comme elle en a l'habitude, de longues semaines à Palma de Majorque, en famille avec enfants et petits-enfants, son mari, grand habitué des lieux, n'est pas venu séjourner au palais de Marivent, où le nouveau couple royal a continué de rénover la monarchie en invitant la presse. Une fois les derniers vacanciers repartis (Felipe et Letizia font leur rentrée vendredi 5 septembre à Malaga), Sofia est restée à Majorque, en compagnie de sa soeur la princesse Irene. La Repubblica rappelle d'ailleurs cette confidence de la reine à sa biographe, Pilar Urbano : "Si je dois être veuve, je vivrai à Majorque." Pendant ce temps, Juan Carlos Ier d'Espagne s'est tout d'abord consacré à la poursuite de sa rééducation, imposée par sa dernière opération de la hanche en date, puis s'est déplacé en visite officielle en Colombie pour l'investiture du président Juan Manuel Santos, le 8 août. Et depuis ? Silence radio. Personne ne sait ce qu'il a fait, ni où, ni avec qui, jusqu'à, en gros, son apparition à Grenade dans le public lors d'un match du Mondial de basket, organisé par l'Espagne.
Bientôt la délivrance, pour la "femme la plus seule d'Espagne" ?
Désormais, il faudrait s'attendre de manière imminente, selon le journaliste italien basé à Madrid et se réclamant de chroniqueurs espagnols, à un communiqué officiel de la Zarzuela annonçant, à défaut de divorce, la séparation définitive d'un couple dont on dit qu'il fait chambre à part et vit séparément au palais depuis les années 1970 et ne communique que par secrétaires interposés.
Nouvelle semonce digne de la presse à scandale, ou épilogue inévitable du mariage perclus de Juan Carlos et Sofia ? Contre vents et marées, elle est restée à ses côtés et l'a soutenu, silencieuse et impeccable, souriante et impénétrable, égale, préservant les apparences recouvrant d'un vernis l'humiliation. Pour le bien de la famille, pour le bien de la Maison royale, pour le bien de la monarchie. Qu'a gagné la reine Sofia d'Espagne à affronter stoïquement et mutiquement les scandales et les rumeurs qui ont au fil des ans assailli le couple qu'elle forme avec le roi Juan Carlos Ier ? A être la femme d'un seul homme... d'un homme à femmes (1500, paraitrait-il) ? Le respect et l'admiration d'une grande partie de ses compatriotes, c'est certain, et une image assez communément admise de sainte et de martyre. Mais à quel prix...
Séparés depuis... 40 ans déjà ? Que d'aventures...
Au crépuscule du règne de Juan Carlos Ier d'Espagne, déjà grevé par son déclin physique et par les affaires (sa chasse au Botswana, le scandale Noos), son "sacrifice" est même devenu un thème plus que jamais public... En 2012, année où les noces d'or du couple n'ont pas été célébrées, la biographie sulfureuse La Solitude d'une reine, signée Pilar Eyre, la décrivait comme "la femme la plus seule d'Espagne" et dressait le portrait de son mari en womanizer obsédé, gourmand de blondes, crédité de 1 500 conquêtes : "La reine Sofia est une femme trahie et blessée par l'homme qu'autrefois elle a aveuglément aimé. Sa vie maritale a été une véritable tragédie. Juan Carlos est un séducteur professionnel et l'âge n'a pas calmé ses ardeurs", écrivait la journaliste, selon laquelle le mariage aurait en pratique atteint le point de non-retour dès 1976, Sofia découvrant son époux en compagnie d'une célèbre actrice espagnole (Sara Montiel) lors d'une visite surprise avec leurs enfants dans sa maison de campagne de Tolède. Elle serait partie un moment à l'étranger avec les enfants, aurait envisagé de le quitter, et serait rentrée en effectuant des aménagements pour vivre séparément au palais. La Solitude d'une reine, qui racontait encore comment le monarque ibérique aurait eu des vues sur la princesse Diana, allait jusqu'à avancer que Sofia ne pouvait même pas compter sur ses amies, pas certaine que les intéressées n'aient pas elles-mêmes consommé avec son mari.
En 2013, dans son ouvrage Ladies of Spain, Andrew Morton, fameux biographe de Lady Di, en remettait une couche. "Sofia a été éduquée à la monarchie à une époque où les femmes faisaient avec et se taisaient, menaient une vie indépendante et fermaient les yeux sur le comportement de leur époux (...) Le roi et elle ne se parlent pas. Ils font mine de se parler lors des événements publics. Elle a beaucoup pleuré à cause des maîtresses du roi. Elle était tellement amoureuse de lui", écrit-il.
Et dernièrement, après avoir dû encaisser la médiatisation de la princesse Corinna dans le sillage du scandale du voyage au Botswana (la quadragénaire allemande a même fait la couverture de Hola!, dans les pages duquel elle se confiait notamment sur son "amitié" avec Juan Carlos Ier), Sofia d'Espagne a sans doute accueilli avec dégoût l'irruption d'une demande de reconnaissance en paternité émanant d'un homme de 58 ans, Alberto Sola Jimenez, prétendant être le fils illégitime du roi volage.
G.J.