Judith Godrèche a porté plainte contre Benoît Jacquot pour "viols avec violences sur mineure de moins de 15 ans" commis par personne ayant autorité. Le Monde a enquêté sur l'affaire et relate le récit glaçant de ce qu'elle aurait vécu. L'actrice a notamment dévoilé au journal la lettre dans laquelle elle explique à sa fille, Tess Barthélémy, pourquoi elle a décidé de parler : "Ce truc, le consentement, je ne l'ai jamais donné. Non. Jamais au grand jamais."
"L'écriture de cette lettre à ma fille, elle m'a donné la force d'arriver à formuler les choses". "j'avais besoin d'être fière de moi, de protéger mes filles, leurs copines, leurs soeurs", a-t-elle expliqué ce jeudi 8 février sur le plateau de C à Vous sur France 5. Avant d'ajouter : "Cette personne (Benoît Jacquot) avait un rapport à la sexualité qui était assez tordu. Je me suis retrouvée comme étant son jouet sexuel." Puis d'admettre : "Aujourd'hui j'ai toujours peur. Peur de lui (Benoit Jacquot), peur de...Un enfant qui a eu peur, il aura peur toute sa vie." Mais comme elle l'explique à Anne-Elisabeth Lemoine, elle a su trouver des ressources pour prendre son courage à deux mains et sortir du silence (sa mini-série Icon on a Frenc Cinema diffusée en décembre 2023 sur Arte est inspirée de son propre vécu d'actrice.) Comme sa fille le dit, et comme on dit en anglais, c'est une "badass", autrement dit une dure à cuire, qui n'a plus l'intention de se laisser faire.
Pour rappel, elle avait rencontré Benoît Jacquot au printemps 1986. Elle avait reçu un appel d'une agence pour enfants acteurs afin de passer une audition pour le film Les Mendiants, tourné cette même année à Sintra, au Portugal - un rôle qu'elle a obtenu. Puis, comme elle le raconte au journal Le Monde, elle a fini par réaliser que tout ceci n'avait rien de normal. Devant un extrait du documentaire L'Interdit du psychanalyste Gérard Miller, accusé d'agressions sexuelles sur victimes sous hypnose, et en entendant les termes "trafic illicite de mineurs" et "syndrome de Barbe bleue", Judith Godrèche n'a pas pu s'empêcher d'avoir une réaction physique. Elle a vomi et a cogité. Elle n'était qu'une enfant de 14 ans quand Benoît Jacquot, 39 ans, l'aurait initiée à ces pratiques parfois "violentes".
Une enquête a été ouverte, ce mercredi 7 février 2024, a fait savoir le parquet de Paris à l'AFP. Le réalisateur, de son côté, nie l'ensemble des accusations et insiste sur le caractère "amoureux" de la longue relation qu'il a partagée avec elle. Rappelons enfin qu'elle s'est confiée sur France Inter à propos de cette emprise, évoquant aussi le nom d'un autre réalisateur contre lequel elle aussi porté plainte, à savoir Jacques Doillon.
Benoît Jacquot et Jacques Doillon restent présumés innocents des faits qui leur sont reprochés jusqu'à la clôture du dossier par la justice.