Le nombre de ses victimes présumées ne fait qu'augmenter... Une semaine après les accusations de viol et d'agressions de trois femmes dans les colonnes du magazine ELLE par le psychanalyste Gérard Miller, ce sont 41 femmes qui ont décidé, en ce jeudi 8 février, d'ajouter leurs témoignages au dossier. Et les faits rapportés par nos confrères sont absolument glaçants : dix-huit d'entre elles l'accusent également de viol ou d'agressions sexuelles entre 1993 et 2020 quand les treize restantes affirment qu'il aurait tenté avec elles aussi de passer à l'acte.
Des jeunes femmes de tous horizons, mais qui avaient quasiment toutes un point commun : leur très jeune âge lorsque cet homme, de l'âge de leur père, les a abordées, parfois dans le public des émissions de télévision auxquelles il participait, parfois parmi ses fans ou même en vacances. Nombre d'entre elles étaient même mineures comme Narjes, 15 ans au moment des faits, qu'il rencontre dans un club de vacances à Hammamet.
"Gérard Miller était l'attraction du village. Il parlait à tous les jeunes, tutoyait tout le monde", explique la jeune femme, qui se souvient qu'elle était amoureuse, à l'époque, du beau-fils du psychanalyste. Puis d'une séance d'hypnose avec celui-ci, et tous les ados. Le dernier soir, il lui en propose une nouvelle alors qu'elle est en train de dire au revoir à son jeune petit ami.
"Alors que j'étais totalement ailleurs, j'ai senti qu'il enlevait mon jean et ma culotte, puis qu'il mettait ses doigts à l'intérieur de moi. Il s'acharnait, j'avais mal. A la fin, je l'ai entendu dire : 'et quand tu te réveilleras, tu ne te souviendras plus de rien'", explique-t-elle, bouleversée. Tentée de porter plainte de nombreuses fois, elle ne l'a jamais fait par peur.
Mais désormais, les jeunes femmes sont nombreuses à témoigner et se souviennent toutes d'un mode opératoire similaire : après être entrées en contact avec elles, le septuagénaire leur proposait un rendez-vous dans son hôtel particulier près de la place de la Nation. Et c'est dans une salle d'hypnose "à la déco zen japonaise" ou dans une "chambre à l'étage" que les faits se déroulaient selon elles.
C'est le cas pour Ariane, fan de psychologie, et qui avait contacté Gérard Miller pour une interview pour le journal du lycée. Elle est invitée chez lui plusieurs fois, d'abord avec des amis puis seule. Et se retrouve un jour, sans savoir comment, allongée avec le psychiatre sur elle. Il la force, selon ses souvenirs, à lui faire une fellation. A l'époque, il a 53 ans, elle en a 17 et n'avait jamais fait cela avant.
Et le black-out qu'elle décrit, d'autres sont nombreuses à en parler également. Charlotte, repérée à la sortie du lycée pour faire partie du public d'On a tout essayé puis par Gérard Miller, se souvient aussi de cet état après un verre d'Ice Tea chez le septuagénaire : "C'est le trou noir. Quand je me réveille, je suis allongé dans un lit à l'étage, sur le ventre, en culotte, le pantalon baissé sur les chevilles. Il me masse le dos, les fesses et aussi les seins en passant ses mains sur mon torse. Je suis dans le gaz, j'ai très peur". L'arrivée d'un visiteur l'aide à s'enfuir. Depuis, elle a déposé une pré-plainte sur Internet.
Mais c'est aussi le souvenir d'une psychologue de 42 ans, qui est toujours traumatisée de ce viol survenu en 2000 selon elle : "Je ne me souviens pas d'être montée à l'étage, ne de m'être déshabillée. Je n'avais aucune envie de coucher avec lui, et pourtant je me suis réveillée dans un lit, dans le noir. Il est sur moi, je suis totalement passive, inerte, pendant qu'il me pénètre". D'autres jeunes femmes, quant à elles, se souviennent de s'être retrouvées avec le tee-shirt relevé, d'avoir subi des caresses dans les coulisses des plateaux de télévision ou d'avoir été harcelées par le chroniqueur pour qu'elles viennent chez lui.
Un mode opératoire qui se répète, donc et qui prend souvent sa source au même endroit, à la télévision, justement, où il est réputé parmi ses collègues pour son attrait pour les jeunes femmes. "Pendant les pauses, il rôdait et il a foncé sur nous comme un aigle", se souvient une victime, qui ajoute : "Les autres chroniqueurs en plaisantaient en plateau". Ce que confirme une proche, Isabelle Alonso, qui écrit sur son blog : "On le chambrait souvent sur sa façon de repérer des jeunes filles dans le public, et d'aller les brancher pendant les pauses". Et rien ne semble l'avoir arrêté, ni la proximité, puisque la fille du metteur en scène Alain Sachs, son collègue de l'époque, dit également avoir subi une tentative d'agression.
Ni l'âge, puisque certaines jeunes filles étaient parfois presque des enfants : plusieurs accusatrices disent en effet n'avoir été âgées que de 14 ans lorsque Gérard Miller a abusé d'elles, et racontent que ses enfants se trouvaient parfois dans les pièces adjacentes !
"Soulagées de ne plus être seules", plusieurs femmes ont porté plainte contre Gérard Miller, dont sa dernière victime présumée qui raconte avoir été agressée en 2020.
Celui-ci a répondu aux accusations très brièvement à nos confrères : "Il m'est impossible, compte tenu notamment de la brièveté du délai accordé et de l'absence de précision des récits évoqués, de répondre à de telles accusations dans des conditions dignes et respectueuses de la parole et des droits de chacune et chacun".
Plus disert sur X (ex-Twitter), il a fini par démentir les faits : "Tout en indiquant avoir eu, tout au long de ma vie, un grand nombre de rencontres, attractions ou aventures, aussi bien avec des femmes de mon âge qu'avec des femmes plus jeunes, tout en reconnaissant qu'il était évident pour moi, mais pas à l'époque, qu'il avait pu parfois y avoir entre des femmes plus jeunes et moi, compte tenu de mon statut " d'homme de pouvoir ", une dissymétrie qui me semblerait à présent rédhibitoire, j'ai d'emblée précisé m'être toujours assuré du consentement des femmes que j'ai pu fréquenter et récusé de la façon la plus catégorique qui soit toute agression sexuelle et , à plus forte raison, tout viol".
Pour rappel, Gérard Miller est présumé innocent en cas de plainte devant la justice jusqu'à la clôture définitive de l'enquête.