Sur le plateau de C à vous le 2 novembre 2021, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin est invité à revenir sur la cohabitation, coexistence institutionnelle entre un chef de l'État et un chef du gouvernement faisant partie du parti politique opposé et majoritaire à l'assemblée. Sous la Ve République, il y en a eu trois et la présentatrice Anne-Elisabeth Lemoine nous fait replonger dans des images très parlantes de la troisième cohabitation, faisant collaborer de 1997 à 2002 Jacques Chirac et Lionel Jospin. Un épisode qui aura marqué l'ancien premier ministre.
"L'atmosphère était glaciale entre Lionel Jospin et Jacques Chirac ce matin qui se sont à peine salués dans le hall de leur hôtel. La marche commune vers le conseil européen, à travers les jardins, a eu lieu sans qu'aucun mot ne soit échangé entre le Président et son Premier ministre. Dans la salle de conseils, Jacques Chirac n'adresse pas non plus la parole à Lionel Jospin", explique la voix off du reportage datant de 2002.
Lionel Jospin était revenu dans un film-confession diffusé en 2010 sur France 2 sur ses cinq années à Matignon et sa défaite de 2002. Le Figaro avait dévoilé des extraits parlant de la relation compliquée entre le dirigeant de droite et son chef du gouvernement à gauche de l'échiquier politique. En effet, l'ex-Premier ministre avait évoqué ses relations courtoises avec feu Jacques Chirac, mais "rarement vives" et "peu confiantes" : "Le pouvoir en place, Jacques Chirac, Dominique de Villepin et leurs amis ont systématiquement cherché à me mettre en cause, à m'affaiblir, à me salir. (...) Les affaires qui concernaient l'autre camp sont venues pourrir notre action. Si sont utilisées des méthodes de voyou, répondre par des méthodes de voyou ne fait pas avancer la République. C'est le côté crasseux de la politique que je n'ai jamais voulu utiliser."
En 2002, à la fin de la cohabitation et quand Lionel Jospin est candidat à la présidentiel, il provoque un scandale après s'être entretenu avec quelque peu de désinvolture dans un avion le ramenant de La Réunion à Paris. Il a ainsi déclaré à la presse, en off, que Jacques Chirac, en fin de mandat, était "fatigué, vieilli, victime de l'usure", suggérant qu'il était "temps" qu'il parte. Des relations plus que tendues de part et d'autre du pouvoir...