Bien que déjà tourné, Welcome to New York fait encore l'objet de quelques tractations de couloirs pour le moins houleuses. Le film, directement tiré de l'affaire DSK ayant conduit à l'emprisonnement du dirigeant socialiste ex-directeur du FMI, continue de faire polémique alors qu'il n'est même pas encore sorti en salles. Son réalisateur, Abel Ferrara, est revenu dans les colonnes des Inrockuptibles sur la dernière rumeur en date : un possible lobbying d'Anne Sinclair contre le long métrage où Gérard Depardieu incarne un personnage tout droit inspiré de son ex-mari, Dominique Strauss-Kahn.
"Elle essaie encore de bloquer le film... peut-être qu'elle y parviendra...", révèle le cinéaste indépendant new-yorkais, pour qui tout est question d'argent. Une sorte de fascination qui vire presque à l'obsession, mais qui illustre bien les problématiques de notre monde actuel. "C'est elle qui a l'argent. Comment est-il sorti de prison ? Comment l'affaire a-t-elle été classée ? Comment t'expliques que l'on n'ait pas eu un rond de la France pour faire ce film ?", assène-t-il.
Alors, complot ? Abel Ferrara semble insinuer que la journaliste a eu plus d'influence en coulisses qu'elle n'aurait dû. Aurait-elle indirectement bloqué des financements pour éviter que voie le jour ce film, dans lequel son personnage est incarné par Jacqueline Bisset ? Abel Ferrara n'ira pas plus loin, même si, il en est sûr, "les banques sont gérées par son crew". En revanche, il vantera l'aide inespérée dans ce projet de Gérard Depardieu et du distributeur Vincent Maraval - le même qui avait lancé en décembre 2012 un pavé dans la mare avec les cachets d'acteurs. Alors que ce dernier prépare "un système où tout le monde, sur toute la planète, pourra voir le film en même temps", Abel Ferrara réitère son admiration pour Gérard Depardieu, sans qui Welcome To New York n'aurait pu exister.
"Il venait de faire Astérix, pour lequel il avait touché 4 millions de dollars [le JDD avait annoncé 2 millions d'euros], et il nous a refilé tout son blé", en plus de jouer gratuitement. Il décrit un acteur "passionné", qui "parlait avec tout le monde" et qu'on ne voyait "jamais en colère ou à faire des caprices". De quoi redorer le blason de cet homme bourru aux sorties médiatiques houleuses, à l'image de ce passeport français rendu, en décembre dernier, au profit d'une citoyenneté russe controversée. "C'est un génie. It's the guy. Il m'a donné une nouvelle énergie pour faire des films", concède Abel Ferrara qui prépare un autre film polémique, consacré celui-là aux dernières heures du cinéaste italien Pier Paolo Pasolini, dont la mort est, pour beaucoup, un assassinant conséquence d'un complot.