Apprendre à se connaître et se sentir bien dans son corps peut parfois s'avérer être un long combat, tantôt douloureux, pour certains. Et Christine and the Queens, né Héloïse Adélaïde Letissier, en sait quelque chose. Dissocié de qui il est vraiment, l'artiste, désormais genré au masculin, parle de ce parcours dans ses chansons depuis dix ans. Le chanteur a par plus d'une fois décidé de changer de nom. Sa carrière démarrée sous le nom de Christine and the Queens, avec l'album Chaleur humaine vendu à plus d'un million d'exemplaires, il est par la suite devenu Chris, puis Redcar, au moment du troisième album. Enfin, pour son quatrième opus il a repris le nom de Christine and the Queens pour son quatrième album, Paranoïa, Angeles, True love, disponible depuis quelques jours, il se pare à nouveau de Christine and the Queens.
Un chemin parfois difficile à suivre mais qu'il a de nouveau évoqué face à Mehdi Maïzi pour Apple TV, ce dimanche 25 juin. Le journaliste a demandé à Christine and the Queens s'il pensait être dans une "forme finale" ou s'il s'agissait d'un combat perpétuel que de se transformer artistiquement, mais aussi en tant que personne. "C'est assez intéressant dans chaque parcours d'artiste, et à ce sujet, et à mon sujet, j'ai une nuance particulière sur cette question, répond le musicien. Pour moi les prénoms à mesure qu'ils s'ajoutaient, à mesure que j'avançais, ils me précisaient, et j'ai commencé à beaucoup réfléchir à ce système du prénom, qui est pour moi un système poétique de précision, d'émancipation, parce qu'il y a quand même une certaine récurrence obsessionnelle dans mon travail. J'ai quand même un peu hoqueté sur la forme mais il y a une espèce de nuance généralisante qui va, à mon avis, se solidifiant."
Je me vois plutôt comme un millefeuille shakespearien
Christine and the Queens continue en évoquant un célèbre peintre, disparu en octobre dernier. "Je pense notamment aux tableaux de Pierre Soulages, qui ne travaille que sur la couleur noir, un moment, et qui s'obstine. Et récemment avec cet album en particulier, je réfléchissais même aux pharaons, qui ont cinq prénoms dont un qui est sacré, étrange, à protéger des ennemis, car incompris, je me vois plutôt comme un millefeuille shakespearien, qui se précise, à mesure que j'avance", a-t-il fait savoir, comme relayé sur Twitter par Mehdi Maïzi.
"Les prénoms ne s'excluent même pas entre eux, je peux jongler avec mais ils racontent des étapes très précises de ma vie, pour moi Christine, c'est vraiment, c'est Redcar à 24 ans qui ne sait pas encore qu'il va devenir raide et pire", a-t-il précisé, voyant là-dedans moins un éclatement de miroir qu'une de ses idoles, David Bowie, qu'il qualifie de "maître du théâtre". "Une approche de l'identité encore plus fragmentée", comme le juge Christine and the Queens. "Là pour être honnête je sais pas si j'ai une forme finale, ce serait arrogant, mais je pense que ça va se stabiliser et ça va devenir vraiment obsessionnel", promet le chanteur.