Alain Marschall et Olivier Truchot ont présenté une nouvelle édition de BFM Story le mardi 8 octobre 2024 sur BFMTV. Peu avant 17 heures, ils y ont orchestré une interview en duplex de Rima Hassan.
La députée européenne de La France Insoumise a été invitée à commenter les huées émises contre Emmanuel Macron lors de la cérémonie d'hommage aux victimes des attaques du Hamas contre Israël. Mais elle est partie sur un tout autre sujet. "Je me permets juste une toute petite parenthèse et je répondrai ensuite à votre question", a-t-elle lancé à ses interlocuteurs.
Rima Hassan s'est ouvertement prise à la ligne éditoriale de la chaîne qui a perdu deux de ses visages emblématiques. "Je veux simplement dénoncer le fait que vous avez été félicités par Olivier Rafowicz, porte-parole de l'armée israélienne, une armée génocidaire, pour votre ligne éditoriale. C'est très important pour moi de dénoncer ça à l'occasion de cette interview parce que ça dit beaucoup de la ligne éditoriale qui est la vôtre sur le sujet", a-t-elle lâché avant d'ajouter : "Vous aurez tôt ou tard des comptes à rendre en tant que média !".
Une remarque qu'Olivier Truchot n'a pu laisser passer. "Vous ne pouvez pas commencer par nous attaquer. On vous invite à répondre à des questions, vous mettez en doute la ligne éditoriale de BFMTV...", a-t-il répliqué. "Je suis libre de mes propos", a rétorqué Rima Hassan avant que son interlocuteur ne l'interrompe : "Je suis libre aussi de dire que ce que vous venez de dire est inacceptable !".
C'est très problématique, admettez-le !
La députée LFI ne s'en est pas laissée démonter et a martelé que les félicitations reçues par BFMTV d'Olivier Rafowicz étaient "inédites" et posaient un problème de déontologie. "Ses propos n'engagent que lui. Vous mettez en cause le travail d'une rédaction, c'est inacceptable !", s'est agacé le co-animateur de BFM Story. Alors que son invitée tentait de "fermer la parenthèse", Alain Marschall s'est mêlé au bras de fer.
"C'est trop facile (...) Ça veut dire quoi des comptes à rendre ? Devant qui, devant quoi ?", a-t-il lancé à Rima Hassan. Ce à quoi celle-ci a répliqué : "Les médias sont censés informer de façon neutre. Quand vous avez une partie au conflit qui vous félicite... C'est comme si vous aviez le Hamas qui vous félicitait demain... C'est très problématique, admettez-le !".
Alain Marschall et Olivier Truchot se sont alors livrés à une décision radicale. Celle de mettre fin brutalement à l'interview. "On ne vous a pas invitée pour que vous attaquiez BFMTV !", ont-ils lancé à leur invitée qui a, quelques instants plus tard, balancé sur X - anciennement Twitter - : "Les journalistes coupent immédiatement l'interview et je suis censurée dans la critique légitime que je formule. Je n'ai donc pas pu m'exprimer sur le reste".
La Société des journalistes de BFMTV a réagi à cette séquence dans un communiqué. Elle a déploré "la mise en cause du travail de la rédaction par la députée européenne Rima Hassan sur sa couverture du conflit au Proche-Orient" et a tenu à rappeler que la chaîne a "de nombreux envoyés spéciaux ou correspondants dans la région, au Liban, en Cisjordanie, en Israël ou en Iran, qui font entendre la voix de toutes les parties, civiles ou militaires".
La SDJ de la chaîne récemment rachetée par Rodolphe Saadé - patron de l'armateur CMA-CGM -, a également souligné la diffusion le week-end dernier d'une enquête montrant les terribles dégâts provoqués à Gaza par les bombardements israéliens et qui a été "vivement contestée en plateau par le porte-parole de l'armée israélienne Olivier Rafowicz, interviewé sans concession à l'antenne". Elle a, en outre, regretté qu'une "phrase prononcée par Olivier Rafowicz durant cette interview ait été sortie de son contexte et instrumentalisée pour prendre à parti BFMTV et le travail de sa rédaction".