Confronté en 2013 à la mort d'un fils, âgé de 2 ans, qu'il ne connaissait que depuis quelques heures et qui a succombé suite aux violences infligées par le compagnon de la maman, Adrian Peterson doit aujourd'hui répondre lui-même de maltraitance sur enfant. Une affaire qui a provoqué un nouveau séisme au sein de la puissante Ligue de football américain, déjà plombée par l'affaire de violences conjugales impliquant une autre de ses grandes vedettes, Ray Rice.
Superstar de la NFL, le running back des Minnesota Vikings n'a pas cherché à nier les faits, mais parle de "discipline" pour justifier les marques choquantes découvertes sur le corps de son fils de 4 ans. La semaine dernière, le site TMZ Sports révélait que la police et les services de protection de l'enfance du comté de North Montgomery, au Texas, avaient été saisis d'une enquête sur des sévices sur un enfant dont l'auteur est Adrian Peterson. De retour chez sa mère, dans le Minnesota, après avoir passé du temps chez son père au Texas, le fils du footballeur de 29 ans présentait des marques de lacérations et autres blessures sur tout le corps. Sa maman l'avait amené chez un médecin, lequel a effectué un signalement auprès des autorités compétentes. Dans la foulée, le MVP 2012 de la NFL était inculpé de blessure par négligence sur enfant. Sur les photos versées au dossier des enquêteurs, on distinguait nettement des entailles et des marques sur les mains, les cuisses, les reins et les fesses du petit.
Membre du club très fermé des running back à avoir passé la barre symbolique des 10 000 yards depuis le début de sa carrière pro chez les Vikings, Adrian Peterson avait avoué aux force de l'ordre avoir frappé son fils au moyen d'un branchage pour le punir, expliquant avoir été "discipliné" de la même façon dans sa propre enfance. Un communiqué transmis par son avocat indiquait : "Le comportement reproché implique l'usage d'une badine pour fesser son enfant. L'inculpation fait suite à la pleine et entière coopération d'Adrian avec les autorités qui ont enquêté sur ce dossier. Adrian est un père aimant qui a fait appel à son jugement de parent pour discipliner son fils. Il a eu recours au même genre de discipline que celle qu'il a connue étant enfant, lorsqu'il a grandi dans l'est du Texas. Adrian ne s'est jamais caché de ce qui s'est passé. Il a entièrement coopéré avec les autorités et a témoigné de son plein gré devant le grand jury pendant plusieurs heures. Adrian affrontera les charges avec le même respect et la même compréhension dont il fait preuve depuis le début de l'enquête. Il est important de noter qu'Adrian n'a jamais eu l'intention de faire du mal à son fils et regrette les blessures, involontaires." Le petit garçon de 4 ans a dit aux policiers qu'il avait des feuilles dans la bouche pendant qu'il recevait les coups, également donnés avec une ceinture. Il aurait également été frappé dans les testicules, selon un SMS échangé par son père et sa mère.
"Je sais que bien des gens désapprouvent la manière dont j'ai discipliné mon enfant"
Inculpé vendredi, Adrian Peterson, qui encourt jusqu'à deux ans d'emprisonnement, s'est livré aux autorités du comté texan de Montgomery samedi matin, le temps de poser (avec le sourire...) pour son mugshot et de ressortir après le paiement d'une caution de 15 000 dollars. Il est attendu devant la cour du neuvième district le 8 octobre prochain à 9 heures du matin pour répondre de ces faits, la date de son audience, initialement prévue ce mercredi 17 septembre, ayant été repoussée en raison de l'absence du territoire américain de son avocat, Rusty Hardin.
Écarté par son club suite à l'éclatement de l'affaire, Peterson ne prenait pas part dimanche à la lourde défaite (7-30) des Vikings du Minnesota contre les New England Patriots. Il a toutefois été réintégré cette semaine, reprenant l'entraînement et vraisemblablement en passe de disputer la rencontre suivante, contre les Saints de La Nouvelle-Orléans.
Lundi, le running back vedette, qui a épousé cette année sa compagne Ashley Brown, a publié via son compte Twitter un long communiqué (visible dans notre galerie) clarifiant sa position par rapport aux faits reprochés : "Je veux que tout le monde sache combien je suis désolé d'avoir fait du mal à mon enfant (...) Je n'aurais jamais imaginé me retrouver avec le monde entier en train de juger mes aptitudes comme parent ou me qualifier d'auteur de maltraitance en raison de la discipline que j'inculque à mon fils (...) Avant de me présenter devant le grand jury, j'ai été entendu par deux agences de police différentes, sans avocat. À chaque fois, j'ai dit la même chose : je n'ai jamais eu l'intention de blesser mon fils. Je dirai exactement la même chose devant le tribunal. (...) Je sais que bien des gens désapprouvent la manière dont j'ai discipliné mon enfant. J'ai aussi pris conscience, après avoir vu un psychologue, qu'il existe d'autres méthodes pour discipliner un enfant, qui peuvent s'avérer plus appropriées. J'ai beaucoup appris et ai eu à réévaluer la manière dont je disciplinerai mon fils à l'avenir. Mais au fond de mon coeur, j'ai toujours cru que j'aurais pu être l'un de ces gamins paumés qui se retrouvent dans la rue, sans la discipline que m'ont inculquée mes parents et mon entourage. J'aime mon fils et je continuerai à m'améliorer comme parent et à apprendre de mes erreurs. Je ne suis pas un fils parfait. Je ne suis pas un mari parfait. Je ne suis pas un père parfait, mais, sans l'ombre d'un doute, je ne suis pas un homme qui maltraite son enfant. Mon but est toujours d'apprendre à mon fils à distinguer le bien du mal, et c'est ce que j'essayais de faire ce jour-là. J'accepte le fait que les gens ait des sentiments très vifs sur ce sujet et ce qu'ils pensent de mon comportement. Quoi qu'ils en pensent, pourtant, j'aime énormément mon fils et vais continuer à essayer de devenir un meilleur père et une meilleure personne."
Pas une première...
Alors que le principal intéressé a fait - à sa manière et avec ses convictions - amende honorable, sa situation a bien failli s'aggraver quelques heures plus tard lorsque la chaîne locale KHOU-TV, à Houston, a exhumé un vieux dossier concernant... des violences supposées sur son autre fils. Père de deux enfants de 8 et 4 ans, ainsi que d'une fillette enfantée avec une serveuse d'une boîte de nuit, Adrian Peterson avait déjà fait l'objet d'une enquête des services sociaux, alertés en juin 2013 par la mère de son autre fils. Le footballeur avait corrigé un de ses fils pour avoir dit des gros mots à l'autre, et il avait fini avec une blessure au front. "Ces allégations remontent à un an. (...) Aucune action [légale] n'a été entreprise. De plus, il y avait un témoin, une adulte, présent dans la voiture, et elle a démenti qu'Adrian ait causé la moindre blessure au garçon", a réagi l'avocat du joueur. En réalité, selon les informations obtenues par TMZ, le garçon s'est accidentellement cogné la tête contre un siège de la voiture... tandis qu'Adrian Peterson le punissait.
L'avocat de l'intéressé a promptement réagi, certains médias ayant présenté cette affaire comme une nouvelle enquête concernant son client. Qui n'en sort pas grandi pour autant.