C'est l'affaire qui a bousculé le football espagnol cet été ! Alors que l'équipe nationale ibérique a remporté la Coupe du monde féminine le 20 août dernier après un match accroché contre l'Angleterre, Luis Rubiales, qui remettait les médailles à toutes les joueuses, avait embrassé de force l'une d'entre elles, Jennifer Hermoso, devant les caméras.
Choquant ses coéquipières... et le monde entier : rapidement reprises sur les réseaux sociaux, les images avaient indigné de très nombreux internautes qui avaient pris le parti de la jeune femme et réclamé la démission de l'homme mis en cause. Mais celui-ci, contre toute attente, avait refusé de quitter son poste : malgré les menaces, la démission des 23 championnes du monde et un communiqué signé par plus de 60 joueuses. Pire, il avait même menacé, par l'intermédiaire de sa fédération, de répliquer par une plainte contre la jeune femme !
Finalement suspendu de ses fonctions par la FIFA fin août, après que le parquet a ouvert une enquête pour "agression sexuelle", le quinquagénaire va voir l'enquête évoluer rapidement, puisque Jennifer Hermoso, a déposé plainte ce mercredi 6 septembre 2023 auprès du parquet espagnol, selon l'AFP.
Le dépôt de cette plainte était en effet une condition indispensable pour que le parquet puisse effectuer des poursuites. Celles-ci vont désormais pouvoir être lancées "le plus rapidement possible", a précisé le parquet, qui va lancer des investigations, probablement dans l'entourage du président, qui ne compte plus grand monde depuis que les sélectionneurs des équipes nationales, pourtant au premier rang lors du discours où il affirmait être "la victime d'un faux féminisme" et où il avait été chaudement applaudi, ne le soutiennent plus.
Les joueuses, quant à elle, avaient accueilli avec soulagement la nouvelle de sa suspension par la FIFA, tout comme de nombreux joueurs populaires qui avaient regretté que son comportement puisse faire oublier les bons résultats des jeunes femmes. Une affaire remontée d'ailleurs jusqu'au gouvernement : la ministre de l'Egalité espagnole avait elle-même pris parti pour Jenni Hermoso et doit être aujourd'hui ravie que la joueuse ait décidé de faire avancer les choses en portant plainte.
"Nous ne devrions pas considérer que donner un baiser sans consentement est une chose "qui arrive". C'est une forme de violence sexuelle que nous, les femmes, subissons au quotidien et jusqu'à présent invisible, et que nous ne pouvons pas normaliser. C'est le devoir de toute la société. Avec le consentement au centre de tout. Seul un oui est un oui", avait-elle lancé, alors que le premier ministre avait expliqué que leurs "joueuses ont gagné deux fois" : "Une fois sur le terrain, et ensuite en donnant une leçon au monde, une leçon d'égalité entre les hommes et les femmes."
Et le football féminin espagnol est loin d'être sorti d'affaire, puisque ces derniers jours une grève a été annoncée parmi les joueuses de Liga, en désaccord avec leurs dirigeants. En cause ? Une revalorisation salariale difficile à obtenir, ainsi que des conditions qui se dégradent. Et autant dire qu'elles ne sont plus décidées à se laisser faire !