Réactualisation de 20h35 : Alors que la Suisse vient de déclarer par la voix de son porte-parole du ministère de la Justice Folco Galli que "La Suisse attend toujours des compléments d'informations des Américains" que la Confédération "n'a pas encore reçus", l'Académie des Beaux-Arts - dont est membre le cinéaste franco-polonais - annonce que Roman Polanski montre "des signes de grave dépression" qui imposent "une libération rapide".
C'est dans un communiqué adressé à la revue La Règle du Jeu d'un de ses plus ardents défenseurs, Bernard-Henri Lévy, qu'ils ont envoyé le message suivant : "Les membres de l'Académie des Beaux-Arts ressentent une émotion pénible en apprenant dans quelle détresse leur confrère Roman Polanski est plongé par la prolongation de son internement". Ce sont deux compositeurs, Michel Levinas et François-Bernard Mâche - membres de l'Académie - qui l'ont rencontré dans son chalet de Gstaad, samedi 8 mai, qui ont fait part de leur réelle inquiétude à leurs pairs.
Il est certain que le dernier refus par le juge Peter Espinoza, de la cour supérieure de Los Angeles, de communiquer le témoignage très important pour le cinéaste, du procureur Roger Gunson qui était en activité au moment des faits en 1977 a de quoi l'abattre un peu plus. Ce témoignage aurait pu être transmis aux autorités helvétiques et les aider dans leur décision d'extrader (ou non !) le réalisateur.
Les avocats américains de Roman Polanski ont fait face à un nouvel échec car la justice de Los Angeles a refusé de rendre public le précieux témoignage à huis-clos d'un procureur. La défense du cinéaste souhaitait la transmettre à la Suisse pour que celle-ci ait tous les éléments à décharge en main avant de se prononcer (ou non ?) pour l'extradition du réalisateur actuellement assigné à résidence dans son chalet à Gstaad.
Ce document rapporterait la déclaration du procureur Roger Gunson selon laquelle il avait tenté en 1977 d'exclure le juge suspecté d'avoir commis des erreurs lors de la conduite de l'affaire. A l'époque des faits, les supérieurs du procureur l'en avaient dissuadé. Ce document sous scellé était indispensable pour l'argumentation des avocats concernant le vice de procédure à l'époque des faits. Roman Polanski a d'ailleurs été clair : pour lui, cette demande d'extradiction est "basée sur un mensonge".
"Le juge Peter Espinoza, de la Cour supérieure de Los Angeles, a décidé de rejeter cette requête, précisant que le témoignage ne pourrait être rendu public que dans un seul cas: si Polanski était extradé vers les Etats-Unis pour une audience et si le procureur à la retraite, Roger Gunson, ne pouvait pas témoigner en personne", rapporte LeNouvelObs.com. De leurs côtés, les Suisses bottent en touche, déclarant qu'il incombe aux autorités américaines d'examiner les accusations de Roman Polanski.
Pour rappel, Roman Polanski a été accusé de relations sexuelles illégales avec une mineure en 1977 aux Etats-Unis. Contestant le déroulé de son procès, il a fui ce pays mais a été rattrapé en septembre 2009 et a été arrêté par mandat extraditionnel américain à Zurich.
Par ailleurs, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand s'est déclaré mercredi "inquiet pour la santé" du cinéaste Roman Polanski, tout en soulignant que son attitude en tant que ministre devait être "une attitude réservée". En 2009, il avait fait les frais de son soutien trop manifeste. C'est en raison de son statut de ministre de la Culture, comme il l'a indiqué sur i-Télé, qu'il n'a pas signé la pétition des cinéastes présents au Festival de Cannes en faveur de Polanski, initiée par Jean-Luc Godard et Bernard-Henri Levy, son premier soutien. Mathieu Amalric, Xavier Beauvois, Bertrand Tavernier, Olivier Assayas et Agnès Varda font partie des signataires.