Lorsque le scandale Zahia touchant les Bleus a éclaté, plusieurs personnes ont été incarcérées suite à la descente de police au Café Zaman, en avril dernier. Dans cet after des Champs-Élysées, plusieurs prostituées dont la trouvaient leurs clients, souvent riches, parfois célèbres. Zahia a reconnu avoir eu des relations tarifées avec Franck Ribéry et Karim Benzema alors qu'elle était mineure, ainsi qu'avec Sidney Govou, après sa majorité. Zahia a eu 18 ans le 25 février.
Aujourd'hui, la jeune femme s'est portée partie civile - elle a été entendue par le juge d'instruction Yves Dando - dans le procès qui s'annonce. Abou-Sofiane, dit Abou, un ancien de Nouvelle Star, a été incarcéré et mis en examen pour "proxénétisme aggravé sur mineure". Il a été libéré début juin et placé sous contrôle judiciaire comme un autre proxénète présumé avant lui. On les soupçonne tous les deux d'avoir joué les intermédiaires entre Zahia, les filles et les footballeurs. En attendant la fin de l'instruction et le renvoi devant le tribunal correctionnel, ils restent innocents des faits qui leur sont reprochés.
Le gérant du Zaman Café vient également d'être libéré. Il était le dernier protagoniste resté en prison dans cette affaire. Georges Farhat, 27 ans, avait été placé en détention provisoire le 16 avril. Soumis à un contrôle judiciaire, il a dû s'acquitter d'une caution de 30 000 euros. L'homme est mis en examen pour "proxénétisme hôtelier." Lors de la descente de police effectuée dans son établissement en avril dernier, les inspecteurs de la BRDP avaient constaté la présence de 18 prostituées. Zahia Dehar n'était pas présente au moment de cette descente de police et a été entendue à trois reprises par les services de police comme elle l'avait expliqué dans sa seule et unique interview, accordée à Paris Match début mai.
Abou nie les agissements qui lui sont reprochés. Il s'en est ému publiquement au micro de Marc-Olivier Fogiel. Zahia, de son côté, après avoir passé un peu de temps dans le sud, est réapparue à Paris tandis que les Bleus (ou plutôt ce qu'il en reste) tentent de se remettre leur terrible humiliation lors de la Coupe du Monde de football.
Mais l'avocat de Georges Farhat, Me Sébastien Bono, s'il s'est félicité de la libération de son client - non pas par le juge Dando mais par la cour d'appel de Paris -, déplore la passivité du juge qui ne "contrôle pas le travail des policiers", a-t-il déclaré à l'AFP. Dans un courrier daté du 18 juin, adressé au magistrat instructeur Yves Dando, il dénonce un "deux poids deux mesures" entre Franck Ribéry et son client... Pas faux !
En effet, dans leur rapport remis au juge d'instruction, les policiers affirment (d'après Me Bono) que les faits de sollicitation de mineure s'agissant de Franck Ribery et Karim Benzema "semblent parfaitement avérés", et que cette différence de traitement entre son client et la star (déchue ?) des Bleus constitue une "atteinte fatale au principe d'égalité devant la loi". Toujours pas faux !
L'attitude de Franck Ribéry lors de la Coupe du monde (pitoyable !) et sa volonté à jouer "solo" pour marquer tout seul et passer pour le grand Bleu (c'est raté !) est totalement liée, pour beaucoup d'observateurs, à faire oublier l'affaire Zahia. Maintenant que le joueur est rentré d'Afrique du Sud, il semblerait normal que le juge le convoque et qu'il entende aussi Karim Benzema. Il est déjà anormal que Ribéry n'ait pas été entendu avant, conclut Me Bono : "S'il n'est pas convoqué par le juge, alors il sera démontré que le juge ne suit pas les conclusions des fonctionnaires de police (...) Et si Ribéry est convoqué, alors on pourra facilement s'interroger : pourquoi maintenant ? (...) Il y aurait là encore démonstration d'une rupture d'égalité de traitement entre justiciables"... Cette analyse est frappée au coin du bon sens, mais notre justice, dans ce dossier-là comme dans d'autres, est toujours à deux vitesses !