Avec une vie qui s'écrit dans l'un des plus beaux palais – et sur l'un des plus beaux littoraux – d'Europe, les ressources du chef d'un État prospère et la connaissance du monde d'un grand voyageur, on aurait volontiers tendance à imaginer une demande en mariage grandiose, voire fantasque... Pourtant, en ce jour de 2010 où le prince Albert II de Monaco demanda à Charlene Wittstock de devenir sa femme, on en était loin. Le souverain révèle lui-même ce pan secret et très intime de leur histoire d'amour, dans un livre d'entretiens événement qui paraît ce 14 mars 2018 à l'occasion de son 60e anniversaire, Albert II de Monaco, le prince et l'homme (Fayard).
"Le moment en lui-même n'était pas aussi romantique que vous avez l'air de le penser", tempère d'emblée l'intéressé, qui a été interrogé par Isabelle Rivère (collaboratrice de l'hebdomadaire roi du gotha, Point de vue) et Peter Mikelbank (journaliste américain, correspondant du magazine People), dans un extrait de l'ouvrage diffusé par le quotidien Le Parisien. Et il le prouve en détaillant aussitôt : "Nous étions dans l'appartement de Charlene. J'étais assis au bord du lit, elle se préparait pour sortir. 'Avant que tu t'en ailles, lui ai-je dit, j'ai quelque chose à te demander.' Voilà." Difficile de faire plus laconique dans le récit, ni plus sobre dans les circonstances. A-t-il mis un genou à terre ? Comment Charlene a-t-elle réagi ? C'est l'intéressée elle-même qui répond, dans le même ouvrage : "Cela a été une énorme surprise, dit-elle. Albert est mon amour, mon ami, il est tout pour moi. Mais à l'époque, je ne pensais pas du tout à l'avenir. Dans mon esprit, nous allions rester... comme nous étions (...) Dans le cas d'Albert, mettre un genou à terre en se disant "j'espère qu'elle acceptera de m'épouser, avec tout ce que cela suppose", demandait du courage. Mon mari ne peut pas être un homme comme les autres."
Les fiançailles d'Albert et Charlene ont été officiellement annoncées le 23 juin 2010, soit un peu plus de quatre ans après leur première apparition en public lors de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver de Turin 2006, mais dix ans après leur première rencontre, à l'occasion de la venue en principauté de la jeune femme au sein de l'équipe nationale de natation d'Afrique du Sud pour le meeting de natation Mare Nostrum.
La manière dont le prince et l'athlète, alors âgés respectivement de 42 et 22 ans, se sont par la suite rapprochés est toujours demeurée un mystère assez opaque. Le souverain monégasque en dit un peu plus, faisant la part belle à la magie du hasard : "Ce fut une cour, disons... peu ordinaire, observe-t-il dans un autre morceau choisi du livre, publié celui-là par Point de Vue. Entre notre premier rendez-vous et le moment où notre histoire a commencé, cinq années se sont écoulées, au cours desquelles beaucoup de choses se sont passées. Dans un coin de ma tête, je gardais l'espoir de la revoir, mais je n'ai rien fait pour précipiter le cours des événements. Peut-être avais-je l'intuition qu'un jour nos chemins se croiseraient à nouveau. Nous nous sommes finalement retrouvés quelques mois après la mort de mon père [le prince Rainier III s'est éteint le 6 avril 2005, NDLR], chez des amis communs, lors de la soirée du nouvel an 2005-2006, à Cape Town, en Afrique du Sud. C'est là que nous avons renoué le fil de notre brève rencontre."
Et de fil... en aiguille, l'histoire s'est épanouie, Charlene est devenue un personnage public, de plus en plus présente au bras du prince, pour enfin devenir son épouse, les 1er (civilement) et 2 (religieusement) juillet 2011. Des célébrations solennelles, fastueuses, impressionnantes – tout l'inverse de la demande en mariage d'une absolue sobriété. D'ailleurs... "Si nous avions pu nous marier quelque part sur une plage en présence d'une vingtaine d'invités, comme cela s'est passé pour des amis il y a quelques années, nous aurions été très, très heureux, souligne le prince Albert. L'événement a été... énorme, bien plus encore que je ne l'avais imaginé. Caroline [de Hanovre, soeur aînée d'Albert, NDLR] nous a beaucoup aidés, d'ailleurs, et je ne la remercierai jamais assez." Pour un futur anniversaire de mariage, pourquoi ne pas renouveler leurs voeux lors d'une cérémonie sous-marine, comme le fut en 2015 celle du mariage de son grand ami l'apnéiste Pierre Frolla ?
Albert II de Monaco, l'homme et le prince - Conversations avec Isabelle Rivère et Peter Mikelbank, Fayard, 300 pages, 22 euros, maintenant en vente.