Les rumeurs le donnaient partant depuis plusieurs semaines. Même si Alexandre Bompard s'est toujours appliqué à démentir, c'est par e-mail ce soir que les salariés d'Europe 1 ont appris le départ de leur patron. "C'est une énorme surprise ici, personne ne s'y attendait, on l'a appris par e-mail, cinq minutes avant l'AFP" nous confie, amer, un journaliste de la station de la rue François Ier. Un courriel, dans lequel Alexandre Bombard officialise son départ pour la Fnac et remercie comme il est d'usage son équipe : "C'est bien à vous tous que je pense aujourd'hui. Vous avec qui j'ai vécu une aventure hors du commun".
La remontée d'Europe 1
Alexandre Bompard a été le principal artisan du redressement de la maison, en grandes difficultés avant son arrivée en juin 2008. En deux ans, il fait le grand ménage, repense la grille des programmes et prend des paris. Comme celui de placer Marc-Olivier Fogiel à la tête de sa matinale. C'est le jackpot : la station gagne des dizaines de milliers d'auditeurs entre 6h30 et 9h30, elle affiche un niveau d'écoute jamais atteint depuis sa création dans cette tranche horaire, le prime-time en radio. Alexandre Bompard devient en quelques mois le sauveur qu'attendaient bon nombre de journalistes de cette vieille maison. Europe 1 redevient une grande généraliste. Son aura se fissure quand son nom est cité par Nicolas Sarkozy pour prendre la présidence de France Télévisions. Les relations se seraient tendues avec son actionnaire Arnaud Lagardère disent les uns, démenties par les autres. Puis en juin, le couperet tombe : la présidence du groupe d'audiovisuel public lui échappe, Rémy Pflimlin s'en charge. Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, les sondages radio qui suivent juste avant l'été lui sont moins favorables.
Une rentrée apaisée
Les derniers chiffres publiés par Médiamétrie la semaine dernière redonnent le sourire à Alexandre Bompard et ses équipes. Mais en coulisses, la rumeur continue d'enfler. Bompard passera-t-il Noël à Europe 1 ? Le groupe PPR a trouvé son cadeau, un poste de PDG à la Fnac, loin du tumulte médiatico-politique. Son objectif sera "d'accompagner la Fnac vers une nouvelle phase de développement". En clair, céder les marques phares du groupe, dont la Fnac justement, pour un recentrage annoncé de longue date sur le luxe. Le départ surprise d'Alexandre Bompard ce soir soulève bon nombre de questions. Qui pour lui succéder ? Marc-Olivier Fogiel, très proche de son désormais ex-patron, continuera-t-il sa route seul ? Les nouveaux visages de la station en difficulté comme Nicolas Demorand auront-ils le temps de s'installer ? Plus qu'un séisme, l'annonce de ce départ mine les salariés ce soir, qui craignent "un nouveau décrochage". Il devrait prochainement s'expliquer devant eux.
JB