Anaïs Demoustier en janvier 2010© Abaca
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Quand deux valeurs du Septième Art français, passionnées par leur métier d'actrice, se rencontrent, cela donne une interview croisée cinéphile et sans langue de bois. Anaïs Demoustier et Déborah François se livrent avec une sincérité rafraîchissante sur le monde du cinéma dans Marie Claire. Extraits.
Anaïs Demoustier a vu le César du meilleur espoir pour D'amour et d'eau fraîche lui échapper, en 2011, au profit de Leïla Bekhti. Deux années plus tôt, elle était rentrée bredouille tandis que Déborah François repartait avec le prix, pour sa performance dans Le Premier Jour du reste de ta vie. Les deux ont toutefois en commun le prix Romy-Schneider et d'avoir débuté très tôt : Anaïs a fait partie du film Le Temps des loups de Michael Haneke à l'âge de 13 ans, et Déborah François jouait à 17 ans pour les frères Dardenne dans L'Enfant. A 23 et 24 ans, elles ont tourné pour de grandes figures du cinéma et ont un regard impitoyable et lucide sur leur métier.
La folie des César, Déborah François n'en garde pas un souvenir impérissable : "C'était horrible. Tout le monde se connaissait et moi j'étais là, toute seule." La bonne robe, les bonnes chaussures, Déborah ne les avait pas : "Je me sens pouilleuse. [...] Professionnellement ce n'est pas le but, il n'empêche que, la fille qui a de super talons Louboutin, ça fout les boules !"
Le festival de Cannes fait rêver, évidemment, mais l'expérience d'Anaïs Demoustier, pour Le Temps des loups, était particulière : "Mes parents, mes quatre frères et soeurs étaient dans la salle. Il y avait beaucoup de violence. [...] Des gens claquaient leur siège, sifflaient." Un choc, mais une chose demeure ; le fait d'avoir tourner avec des réalisateurs qui leur ont "transmis une exigence". Telle une première histoire d'amour, "elle marque le reste de notre vie", explique Anaïs Demoustier.
Cela se sent dans leurs propos, nourris de maturité. Déborah a perdu beaucoup d'amis, sans qu'elle sache vraiment pourquoi. Anaïs estime que la famille, a priori, reste. Quant aux copines actrices, elles n'en raffolent pas : "Les actrice sont folles," s'exclame Déborah. Anaïs rétorque que ses amis-acteurs lui ont déjà dit qu'ils n'appréciaient pas en général pas les comédiennes, qui sont souvent des "bouffonnes". Et sa collègue ajoute : "C'est l'hystérie."
Anaïs et Déborah veulent être respectées pour leur travail et s'insurgent contre les actrices qui ne sont que des gravures de mode : "J'ai vu récemment deux actrices poser seins à l'air pour les besoins d'une interview. En quoi a-t-on besoin de poser seins nus ? [...] Une actrice devient souvent un porte-manteau, ou une pouffe qui fait un peu des films," déclare Anaïs.
Le milieu du cinéma a ses souffrances. Déborah François rapporte le comportement d'un producteur qui a tenté de mettre sa main sur sa cuisse lors d'un dîner : "J'ai dû griffer sa main au sang, puis je l'ai giflé en sortant de table. Il ne concevait pas qu'en tant que comédienne, je puisse ne pas me laisser faire."
Pour les besoins des films, elles tournent également des scènes difficiles. Dans le film sur la prostitution des étudiantes Sponsoring avec Juliette Binoche, Anaïs s'est retrouvée avec un acteur polonais censé être un client : "Il devait être violent et la réalisatrice a voulu improviser." Une situation délicate... Pour Déborah, l'épreuve allait jusqu'aux limites physiques dans Mes chères études d'Emmanuelle Bercot : "Je me suis retrouvée coincée sous un mec qui pesait 160 kg, nue. [...] J'ai failli couper une prise en disant : il faut que je respire ! En plus il était nu..."
Ce genre de situation n'empêche pas les deux comédiennes de vivre leur métier avec passion. Anaïs Demoustier sera dans les salles le 16 novembre dans Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian, présenté au festival de Cannes dans la section Un certain regard. Déborah François partage l'affiche avec Vincent Cassel dans Le Moine, au cinéma le 13 juillet.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans le magazine Marie Claire du 8 juin.
Anaïs Demoustier a vu le César du meilleur espoir pour D'amour et d'eau fraîche lui échapper, en 2011, au profit de Leïla Bekhti. Deux années plus tôt, elle était rentrée bredouille tandis que Déborah François repartait avec le prix, pour sa performance dans Le Premier Jour du reste de ta vie. Les deux ont toutefois en commun le prix Romy-Schneider et d'avoir débuté très tôt : Anaïs a fait partie du film Le Temps des loups de Michael Haneke à l'âge de 13 ans, et Déborah François jouait à 17 ans pour les frères Dardenne dans L'Enfant. A 23 et 24 ans, elles ont tourné pour de grandes figures du cinéma et ont un regard impitoyable et lucide sur leur métier.
La folie des César, Déborah François n'en garde pas un souvenir impérissable : "C'était horrible. Tout le monde se connaissait et moi j'étais là, toute seule." La bonne robe, les bonnes chaussures, Déborah ne les avait pas : "Je me sens pouilleuse. [...] Professionnellement ce n'est pas le but, il n'empêche que, la fille qui a de super talons Louboutin, ça fout les boules !"
Le festival de Cannes fait rêver, évidemment, mais l'expérience d'Anaïs Demoustier, pour Le Temps des loups, était particulière : "Mes parents, mes quatre frères et soeurs étaient dans la salle. Il y avait beaucoup de violence. [...] Des gens claquaient leur siège, sifflaient." Un choc, mais une chose demeure ; le fait d'avoir tourner avec des réalisateurs qui leur ont "transmis une exigence". Telle une première histoire d'amour, "elle marque le reste de notre vie", explique Anaïs Demoustier.
Cela se sent dans leurs propos, nourris de maturité. Déborah a perdu beaucoup d'amis, sans qu'elle sache vraiment pourquoi. Anaïs estime que la famille, a priori, reste. Quant aux copines actrices, elles n'en raffolent pas : "Les actrice sont folles," s'exclame Déborah. Anaïs rétorque que ses amis-acteurs lui ont déjà dit qu'ils n'appréciaient pas en général pas les comédiennes, qui sont souvent des "bouffonnes". Et sa collègue ajoute : "C'est l'hystérie."
Anaïs et Déborah veulent être respectées pour leur travail et s'insurgent contre les actrices qui ne sont que des gravures de mode : "J'ai vu récemment deux actrices poser seins à l'air pour les besoins d'une interview. En quoi a-t-on besoin de poser seins nus ? [...] Une actrice devient souvent un porte-manteau, ou une pouffe qui fait un peu des films," déclare Anaïs.
Le milieu du cinéma a ses souffrances. Déborah François rapporte le comportement d'un producteur qui a tenté de mettre sa main sur sa cuisse lors d'un dîner : "J'ai dû griffer sa main au sang, puis je l'ai giflé en sortant de table. Il ne concevait pas qu'en tant que comédienne, je puisse ne pas me laisser faire."
Pour les besoins des films, elles tournent également des scènes difficiles. Dans le film sur la prostitution des étudiantes Sponsoring avec Juliette Binoche, Anaïs s'est retrouvée avec un acteur polonais censé être un client : "Il devait être violent et la réalisatrice a voulu improviser." Une situation délicate... Pour Déborah, l'épreuve allait jusqu'aux limites physiques dans Mes chères études d'Emmanuelle Bercot : "Je me suis retrouvée coincée sous un mec qui pesait 160 kg, nue. [...] J'ai failli couper une prise en disant : il faut que je respire ! En plus il était nu..."
Ce genre de situation n'empêche pas les deux comédiennes de vivre leur métier avec passion. Anaïs Demoustier sera dans les salles le 16 novembre dans Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian, présenté au festival de Cannes dans la section Un certain regard. Déborah François partage l'affiche avec Vincent Cassel dans Le Moine, au cinéma le 13 juillet.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans le magazine Marie Claire du 8 juin.