Citoyenne du monde, Angelina Jolie est l'une des rares stars hollywoodiennes à se rendre dans les régions les plus instables et difficiles afin de sensibiliser l'opinion publique et les gouvernements sur l'urgence de certaines situations. Tomb Raider n'était a priori pas un film à message et pourtant, entre deux cascades, c'est là qu'elle a commencé toutefois à s'interroger sur les drames qui touchent le monde, dans le pays ravagé par le génocide, le Cambodge. En 2001, auprès de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), la star décide d'agir et se met alors à visiter des pays comme le Sierra Leone, la Tanzanie ou encore le Pakistan, dans le but de voir de ses propres yeux quel est le sort réservé aux réfugiés. Une fonction qu'elle a continué d'assurer ce mardi 5 février 2019 en tant qu'envoyée spéciale au Bangladesh, pays pauvre d'Asie du Sud où près d'un million de Rohingyas s'entassent dans de gigantesques camps de tentes après avoir fui les persécutions contre leur communauté musulmane en Birmanie voisine.
"J'appelle les autorités de Birmanie à montrer la véritable volonté nécessaire pour mettre fin au cycle de violence et de déplacements et à améliorer les conditions pour toutes les communautés dans l'État Rakhine", d'où viennent les Rohingyas, a déclaré la cinéaste et actrice devant des journalistes. Lors de sa visite dans les camps du district de Cox's Bazar (sud), qui ont explosé en taille suite à l'afflux de 740 000 personnes fin 2017, la maman de six enfants dont le père est son ex-Brad Pitt a tenu une série de rencontres avec des réfugiés, dont des femmes violées par les militaires birmans.
"Ça a été profondément perturbant de rencontrer des familles qui n'ont connu toute leur vie que la persécution et l'apatridie, qui racontent avoir été 'traitées comme du bétail'", a déclaré l'actrice de 43 ans à la presse. "J'ai rencontré une femme hier, une survivante de viol en Birmanie, et elle m'a dit 'Vous devrez me tirer dessus si je rentre sans avoir mes droits'", a-t-elle aussi relaté.
Minorité paria en Birmanie, les Rohingyas y sont considérés comme des immigrants illégaux bien que certains y résident depuis des générations. A l'automne 2017, ils ont fui en masse ce pays à majorité bouddhiste face à une campagne de l'armée, pour laquelle une enquête des Nations unies a recommandé des poursuites pour "génocide".
Les Rohingyas réfugiés au Bangladesh devraient pouvoir rentrer en Birmanie "seulement lorsqu'ils se sentent suffisamment en sécurité pour le faire volontairement et en sachant que leurs droits seront respectés", a insisté la star. Angelina Jolie achèvera son déplacement au Bangladesh mercredi par une rencontre avec la Première ministre Sheikh Hasina, a rapporté l'ONU dans un communiqué. Les discussions se concentreront sur la manière dont le HCR peut aider le Bangladesh dans son accueil des Rohingyas et les "solutions durables" pour cette communauté déracinée.