Assigné à résidence dans une somptueuse maison individuelle du quartier de TriBeCa à Manhattan, Dominique Strauss-Kahn, équipé d'un bracelet électronique et surveillé 24h/24h par des caméras et deux agents de sécurité, prépare sa défense.
En France, le journaliste Michel Taubmann vient d'enrichir son livre biographique sur DSK, intitulé Le Roman vrai de Dominique Strauss-Kahn, aux Éditions du Moment, d'un chapitre consacré à l'affaire DSK. Il y raconte un mail que lui a adressé Anne Sinclair le 19 mai, cinq jours après l'arrestation de son mari à l'aéroport JFK (dont les détails viennent d'être révélés par le procureur de Manhattan), dans lequel elle écrit : "Pas de doute sur le fond. Mais très inquiète quand même." Ce mail est envoyé alors que DSK est emprisonné à Rikers Island et attend de connaître la décision du juge sur sa possible libération conditionnelle. Le journaliste se dit "frappé par [la] confiance totale, absolue, inébranlable" d'Anne Sinclair en l'innocence de son mari. Elle lui écrit : "Dominique est un homme bien, honnête et droit. Je crois en lui plus que jamais. Notre couple est d'une solidité à toute épreuve. Nous sortirons de ce drame ensemble, dignes et droits, main dans la main."
Michel Taubmann retranscrit une conversation avec la soeur de DSK, Valérie, au lendemain de l'interpellation. Nous sommes le 15 mai, et le journaliste se fait pressant au téléphone avec son interlocutrice. Valérie Strauss-Kahn lui confie son intime conviction : "Dominique, je le connais depuis ma naissance. C'est un homme doux, tout comme mon frère Marco. Ils ont été élevés par une mère qui les adorait. Mes parents nous ont transmis des valeurs, le respect des droits de l'homme, le respect de la femme, le respect des faibles. Toute notre éducation repose sur la parole, le dialogue, jamais la violence", affirme Valérie Strauss-Kahn. "Dans ma famille, les hommes sont doux (..) Dominique aussi est gentil, généreux, plus sensible qu'on ne le croit. Je ne sais pas ce qui s'est passé à New York mais je peux témoigner que les valeurs de notre éducation sont à l'opposé de toute violence physique. Ni mes frères ni moi n'avons jamais reçu aucune gifle, aucune fessée de nos parents. Je n'ai jamais vu Dominique lever la main sur quiconque." Deux témoignages précieux désormais alors que les avocats de DSK, Benjamin Brafmann et William Taylor, ont imposé ainsi qu'à sa famille et son entourage le silence absolu. DSK n'a pas le droit non plus de témoigner de ses conditions de vie actuelles.
Dans sa prison dorée, mitraillée sans cesse par les journalistes et les touristes principalement français, il n'a droit qu'à quatre visites par jour. Désignée mardi pour reprendre la direction générale du fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde a partagé son souhait de le rencontrer prochainement. Sur TF1, l'ancienne ministre expliquait : "Je souhaite lui parler longuement, parce qu'un successeur doit parler à son prédécesseur et que j'ai à apprendre aussi de qu'il peut me dire, de son appréciation sur le Fonds (...) Je ferai ce qu'il est possible de faire selon le droit américain. Je ne veux ni gêner sa défense, ni prendre position de quelque manière que ce soit à l'égard des faits qui lui sont reprochés."
Avant de recevoir, peut-être, Christine Lagarde, Dominique Strauss-Kahn prépare sa défense en vue de sa prochaine audience le 18 juillet à 14 heures, heure de New York. Rappelons qu'il a plaidé non coupable des sept chefs d'accusation qui pèsent contre lui dont ceux de crimes sexuels, tentative de viol et séquestration.
En attendant, si les avocats de DSK travaillent dans le secret et avec minutie à la défense de leur client, on en sait un peu plus sur le déjeuner qu'il a eu avec sa fille Camille, après avoir quitté le Sofitel où le "viol présumé" a eu lieu. Il est certain que son comportement pendant ce déjeuner qui a duré 1h30 sera crucial, surtout si des caméras de surveillance du restaurant ont enregistré le déjeuner. Etait-il serein, agité, contrarié ? Ce n'est pas sa fille qui pourra être un témoin à charge bien sûr, mais à décharge peut-être pas non plus. Il est très difficile d'être dans le box des témoins et encore plus pour défendre son père. Répondre aux questions acérées du procureur, Camille en est-elle capable et pourra-t-elle témoigner sereinement ?
Michel Taubmann, Le roman vrai de Dominique Strauss-Kahn, nouvelle version aux Éditions du Moment, 336 p., 19,95€. Le 30 juin en librairie.