Chaque année, les César célèbrent le cinéma français. Films, acteurs, scénaristes et techniciens de talent voient leur savoir-faire et leur travail récompensés et mis en lumière l'espace d'une soirée de prestige. Mais les César, ce sont également des gaffes, de grands moments d'émotion et des crises de larmes... ou de rire. Retour sur dix moments cultes de l'une des cérémonies les plus glamour de l'Hexagone.
Annie Girardot en larmes et bouleversante pour recevoir son 2e César
En 1996, Annie Girardot monte sur la scène du Théâtre du Châtelet pour récupérer le deuxième César de sa carrière, celui de Meilleur actrice dans un second rôle, celui de Madame Thénardier dans l'adaptation des Misérables de Claude Lelouch. La comédienne, qui s'était tournée vers des rôles à la télévision depuis la fin des années 80, était alors boudée par le milieu du septième art et par l'Académie du cinéma. Son César précédent (meilleure actrice pour Docteur François Gailland) lui avait été décerné en 1977, presque vingt ans auparavant.
En larmes, l'actrice disparue en 2011 s'est alors laissée guider par son émotion et a tenu l'un des discours les plus bouleversants de l'histoire de la cérémonie. "Je ne sais pas si j'ai manqué au cinéma français, mais... À moi, le cinéma français m'a manqué... Follement. Éperdument. Douloureusement. (...) Votre témoignage, votre amour, me fait penser que, peut-être... Je dis bien peut-être ! Je ne suis pas encore tout à fait morte..."
Réconciliée avec la grande famille du cinéma français, l'actrice reprendra le chemin des plateaux de tournage et des planches la tête haute, malgré les symptômes de sa maladie neurodégénérative qui commencent à apparaître. Elle sera récompensée une troisième et dernière fois en 2002, de nouveau comme Meilleure actrice dans un second rôle, pour son interprétation de la mère d'Isabelle Huppert dans La Pianiste de Michael Haneke.
Kev Adams, ému d'être aux César : son selfie face à une salle glaciale, sa vanne qui tombe à l'eau à cause de Scarlett
En 2014, âgé seulement de 22 ans, Kev Adams se voyait offrir le privilège de remettre le César du meilleur film d'animation. Honoré d'être sur la scène d'une cérémonie aussi prestigieuse malgré sa courte carrière et les tacles à répétition de la critique, le jeune humoriste n'a pas manqué d'auto-dérision pour exprimer sa fierté d'être convié à cette fête du septième art. Et le jeune homme a surtout su faire preuve de sang-froid face aux couacs à répétition qui ont émaillé son sketch.
Kev Adams a tout d'abord voulu réaliser un selfie en direct avec la maîtresse de cérémonie de l'année, Cécile de France. Goûtant peu à ce genre de clins d'oeil aux réseaux sociaux, l'assemblée est restée de glace, laissant passer un silence gênant de quelques secondes, là aussi bien désamorcé par l'humoriste avec un "Merci pour l'ambiance !" de circonstance. Il expliqua, par la suite, que l'Académie était (à raison) extrêmement dubitative concernant cette idée.
Mais la vraie gêne est venue quand le jeune homme a voulu poursuivre son sketch et prendre une photo de la sublimeScarlett Johansson, invitée d'honneur des César 2014. Déjà montée sur scène, l'actrice s'était éclipsée de la cérémonie. Alors que Kev Adams a tout de même fait mine de la prendre en photo au premier rang, le réalisateur de l'émission n'a cependant pas trouvé mieux que de montrer le siège vide de la comédienne, faisant tomber complètement à plat sa vanne. Un vrai bizutage en somme, qui n'a entamé ni la bonne humeur ni la détermination de la star des Profs.
Vanessa Paradis commet la bourde ultime
Attention, gaffe culte ! En 1991, âgée tout juste de 19 ans, Vanessa Paradis était invitée à remettre le prix du Meilleur espoir féminin avec Richard Bohringer. Visiblement stressée, la jeune chanteuse se précipite et lit beaucoup trop vite le carton qui se trouve dans l'enveloppe... et déclare Judith Godrèche gagnante avant de se reprendre et d'annoncer la victoire deJudith Henry. Un "Merde, pardon !" suivi d'un tour sur elle-même rentré dans la légende.
Coluche moque sans retenue l'exil suisse d'Alain Delon
En 1985, Coluche nous a offert un happening provoquant comme lui seul en à le secret. Désigné pour annoncer et remettre le César du Meilleur acteur 1985, l'humoriste annonce le nom du gagnant, Alain Delon pour le film Notre Histoire signé Bertrand Blier. Mais la star est absente, et pour cause, quelques semaines auparavant, elle émigrait en Suisse (et sera naturalisée par ce pays en 2000), non sans que cela fasse polémique. Coluche, qui avait prévu le coup, sort alors de sa veste une lettre à mourir de rire prétendument envoyée par Alain Delon pour qu'il la lise. "Comme tu le sais, après avoir été longtemps contre l'immigration toute ma vie, je me retrouve maintenant dans une position d'immigré moi-même. Garde-moi ce César par devers toi, je le prendrai la semaine prochaine car je compte venir à Paris pour voter socialiste aux cantonales. (...) Si je ne viens pas, sois gentil de me l'apporter en Suisse. Pour ne pas faire le voyage pour rien, apporte aussi la petite valise noire qui se trouve sous le bureau."
Le comédien n'en était cependant pas à sa première provocation. L'année précédente, en 1984, Coluche recevait le César du Meilleur Acteur pour Tchao Pantin et partageait, avec sa gouaille légendaire, son émotion et sa surprise : "Je me croyais franchement à l'abri vu que je faisais du cinéma qu'on ne récompense pas... et qui fait des entrées quand même. (...) Le cinéma français vit surtout avec les succès populaires, que font les gens dans le genre Belmondo, et récompense surtout ceux qui font pleurer, dans le genre... que je ne nommerais pas !" Le fondateur des Restos du Coeur s'est même permis de tacler les deux ministres présents dans la salle, assumant jusqu'au bout sa volonté de taper sur tout et tout le monde. Un moment à revoir absolument.
Sara Forestier, très émue, se confie sur sa culotte porte-bonheur
En 2011, Le Nom des gens a récolté deux César : celui du meilleur scénario original et celui de la meilleur actrice pour Sara Forestier. Surprise et émue, la comédienne révélée à l'âge de 18 ans dans le film L'Esquive, pour lequel elle avait reçu le César du Meilleur espoir féminin, monte sur scène et tient un discours de remerciements pour le moins surprenant après avoir reçu sa récompense des mains de François Cluzet. La comédienne explique vivre un moment irréel et n'avoir rien préparé... sinon le fait d'avoir enfilé un sous-vêtement spécial ! Un bel instant, drôle et émouvant.
Mathilde Seigner, déçue, veut faire monter son ami Joey Starr sur scène
Mathilde Seigner est une habituée des dérapages et des polémiques, auxquelles elle ne prête d'ailleurs plus attention. Aux César, elle s'est particulièrement fait remarquer en 2012 lors d'un moment pour le moins gênant et inédit, qui a jeté un froid dans la salle. Comme prévu, elle annonce tout d'abord Michel Blanc, gagnant du César du meilleur acteur dans un second rôle pour le film L'Exercice de l'État. Le comédien monte sur scène, récupère son trophée et lance les remerciements qui sont de rigueur.
Mais alors que la remettante et le vainqueur s'apprêtent à sortir de scène, comme le voudrait le protocole, l'actrice revient au micro car elle "voudrait juste dire un petit mot". Les cherchant une dizaine de secondes, Mathilde Seigner finit par expliquer qu'elle voudrait que Didier (le vrai prénom de Joey Starr ) puisse monter sur scène rapidement car elle aurait voulu que ce soit lui qui remporte la statuette pour son rôle dans Polisse, tout en jurant être très heureuse pour le lauréat. La salle rit et Antoine de Caunes et Michel Blanc parviennent à désamorcer la situation mais l'attitude de la comédienne sera vivement critiquée : celle-ci finira par s'excuser et par admettre qu'elle avait trinqué un peu trop fort avant le début de la cérémonie.
Laetitia Casta troublante et sublime en robe... transparente !
Aux César, l'émotion est souvent du côté des remettants, des nommés et surtout des gagnants. Mais en 2010, c'est le public, surtout masculin, qui a été ému par l'arrivée sur scène de Laetitia Casta. Arborant une robe Yves Saint Laurent sublime et très transparente, la star, naturelle et rayonnante, a tout simplement captivé la salle. Un instant de grâce et de beauté rare.
Jerry Lewis, drôlissime, fait poireauter un Louis de Funès extrêmement patient !
Comme beaucoup d'acteurs infiniment populaires mais s'illustrant principalement dans des comédies, Louis de Funès a été boudé par les remises de prix pendant quasiment l'ensemble de sa carrière. Il n'a jamais été nommé pour un de ses rôles par l'Académie du cinéma et a dû attendre 1980 pour se voir remettre un César d'honneur pour l'ensemble de carrière, trois ans avant sa disparition.
Pas amer pour un sou, le comédien s'est tout de même prêté au jeu du sketch de remise de prix. C'est l'acteur et humoriste américain Jerry Lewis, alors très populaire en France, qui a remis à l'inoubliable "Cruchot" son prix, non sans l'avoir fait mariner près de deux bonnes minutes délicieusement décalées.
Anémone, délirante, fait la promo de son costume, déclare son amour à Richard Anconina et part sans son trophée !
En 1988, Sabine Azéma remet le César de la Meilleur actrice à Anémone pour son rôle dans Le Grand Chemin de Jean-Loup Hubert. Mais comme elle ne fait jamais rien comme les autres, la comédienne décalée a fait une entrée particulièrement spectaculaire sur scène. Pas de robe de soirée, de hauts talons, ni de larmes ou de remerciements à la famille mais une arrivée en courant, en costume de révolutionnaire ! La comédienne part complètement en vrille et fait la promotion de ses habits et de ses bijoux puis déclare sa flamme à Richard Anconina avant de filer à l'anglaise sans même prendre sa statuette, laissant Michel Drucker et Sabine Azéma quelque peu désorientés !
Charlotte Gainsbourg sous le choc, embarrassée par son père
En 1985, âgée d'à peine 15 ans et avec seulement trois rôles à son actif,Charlotte Gainsbourg ne s'attendait pas à gagner le César du meilleur espoir féminin pour son rôle dans L'Effrontée de Claude Miller. En larmes et abasourdie, la jeune fille semble ne pas réaliser ce qui lui arrive et avoir des difficultés à monter sur scène... notamment parce que son père Serge tient, avec insistance, à la couvrir de baisers débordants d'affection. Arrivée derrière le pupitre, la toute jeune Charlotte semble toujours aussi émue et avoir du mal à rassembler ses esprits, en plus d'afficher une coiffure pour le moins hasardeuse. L'un de ces rares moments où les artistes sont véritablement dépassés par leurs émotions.
Alvin Haddadène