Invités de La Semaine des médias sur i-Télé dimanche le 19 avril, Aymeric Caron et Thomas Sotto ont eu un échange particulièrement houleux. Comme l'ont relevé nos confrères de Puremédias, les deux journalistes se sont affrontés sur un sujet sensible : les rumeurs de dépouillement sur les cadavres après le déraillement du train à Brétigny-sur-Orge en juillet 2013.
Le polémiste d'On n'est pas couché (France 2) est venu sur le plateau afin d'assurer la promotion de son nouveau livre, Incorrect : Pire que la gauche bobo, la droite bobards, (Fayard). Un essai "sur la société des médias et politiques" comme le présente l'excellent Matthias Gurtler avant de citer un extrait de l'introduction : "Un petit cercle journalisto-intello-réactionnaire réussit à imposer l'idée que les thèses du Front national méritent d'être discutées sans a priori."
Afin d'illustrer ses propos, Aymeric Caron est donc revenu sur l'accident de Brétigny-sur-Orge au sujet duquel la rédaction d'Europe 1 avait été accusée d'avoir diffusé, sans le vérifier, un témoignage affirmant que des équipes de secours avaient été caillassées et que certaines victimes décédées dans l'accident avaient été dépouillées par des passants.
Un passage qui n'a pas franchement plu au journaliste aux commandes de la matinale d'Europe 1, Thomas Sotto "Je n'ai pas lu le bouquin mais je me suis évidemment renseigné sur ce passage et je suis allé voir le journaliste que tu mets en cause. (...) Ce qui me gêne, c'est que tu jettes le discrédit sur une rédaction qui fait son travail sérieusement et rigoureusement. Ton enquête - là-dessus tu es très fort pour faire le buzz et faire parler du livre - n'est pas rigoureuse", a-t-il lâché.
Des propos qui ont fait bondir l'ennemi juré d'Eric Naulleau qui a immédiatement mis le doigt sur le fait que Thomas Sotto n'avait pas lu son livre, avant d'ajouter : "Tu es exactement en train de faire ce que je reproche aux journalistes. Tu dis : 'Ce livre, je ne l'ai pas lu. Je me suis renseigné'." Le ton montant, l'ex-présentateur de Capital sur M6, aidé par Matthias Gurtler, le présenteur de l'émission, a alors tenté de calmer le jeu : "Ce n'est pas parce qu'on parle fort que l'on dit la vérité."
Une phrase que le célèbre végétarien n'a pas relevée, préférant défendre son steak : "J'ai du respect pour la rédaction d'Europe 1 pour laquelle j'ai travaillé. J'y ai des amis", a-t-il lancé avant d'être coupé par Thomas Sotto qui a précisé que, justement, il ne les respectait pas, ses amis. Puis, Aymeric Caron a repris : "Le problème, c'est que les gens en ont marre du copinage chez les journalistes, chez les politiques. Cela aurait été du copinage pour moi de dire : 'Je ne peux pas parler de cette information parce que j'ai travaillé pour cette rédaction pour laquelle j'ai de l'affection et dans laquelle j'ai des amis." Thomas Sotto lui a alors demandé comment il avait enquêté sur cette affaire : "Est-ce que tu as parlé au rédacteur en chef, à Guillaume Biet, le journaliste que tu mets en cause, oui ou non ?"
C'est alors que la cacophonie a envahi le plateau avant que Mathias Gurtler ne tente à nouveau de reprendre en main le débat : "Aymeric Caron, laissez parler Thomas Sotto." Le duo a ensuite évoqué les déclarations du patron d'Europe 1, Fabien Namias, dans C à vous sur France 5, qui avait précisé que ce passage du livre était de la diffamation. "C'est pire que de la diffamation, tu jettes le discrédit sur le travail d'une rédaction", a lâché Thomas Sotto avant de conclure : "Sur les faits de Brétigny, je suis désolé, ce qu'il dit est faux."
Le débat a finalement pris fin avec panache. Après qu'Aymeric Caron a rappelé une nouvelle fois que Thomas Sotto n'avait pas lu son livre, ce dernier a affirmé : "L'enquête qui a été faite par le service police-justice d'Europe 1 était sérieuse. (...) S'ils disent qu'il y a eu ces problèmes, il y avait deux sources, des sources policières et de familles qui disaient qu'elles allaient porter plainte." "Ce sont des faits et seuls les faits m'intéressent", a-t-il finalement lâché.
Une dernière phrase à laquelle Aymeric Caron a répliqué : "Ça, c'est de la diffamation."
Sarah Rahimipour