Bernard Tapie enchaîne décidément les démêlés judiciaires... Après sa mise en examen dans l'affaire Adidas en juin, la mise sous séquestre de ses biens puis la saisie pénale d'un transfert de fond, l'homme d'affaires est une nouvelle fois dans l'oeil de Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère des Finances. Et cette fois, c'est un mouvement de fonds présumé suspect sur les comptes de la société Blue Sugar, un site de commerce en ligne qu'il possède avec son fils Laurent, qui est en cause. Une enquête préliminaire a donc été ouverte par le parquet de Paris, selon Le Parisien.
Si certains en doutaient encore, Bernard Tapie est définitivement dans l'oeil du cyclone. Pourtant, encore une fois, l'ex-boss de l'OM dément les soupçons. Mieux encore, il affirme ne pas connaître Blue Sugar. "Je ne sais pas de quoi il s'agit", assure-t-il au Parisien. Le journal écrit toutefois que le site, baptisé autrefois Showpingdeals, appartient au groupe BLT Deals de Bernard et Laurent Tapie. Le journal rappelle au passage que ce site, qui propose notamment des réductions sur des biens de consommation, est contesté par de nombreux clients qui "s'estiment lésés" et dont certains se sont plaints auprès de l'association UFC-Que choisir.
Alors, qui dit vrai dans cette affaire ? Laurent Tapie a en tout cas lui aussi confirmé que BLT Deals n'était pas le seul propriétaire de Blue Sugar mais un "investisseur dormant" dans une lettre adressée à l'AFP. "La société Blue Sugar est une filiale de GBT Events, la holding de participation détenue à parité par mon père et moi, écrit Laurent Tapie. Il est investisseur "dormant" dans cette société, c'est-à-dire qu'il en a financé les développements lors de l'amorçage des activités, mais elle est intégralement gérée par moi, et totalement autofinancée depuis l'an dernier (...) Nous sommes donc nous-mêmes 'investisseurs dormants' dans la société Blue Sugar, dont nous sommes minoritaires au capital. Bernard Tapie détient donc au final via ses participations moins de 25% de cette société", précise-t-il.
Laurent Tapie en dit également plus sur le fameux mouvement de fonds suspects sur les comptes de Blue Sugar qu'il juge totalement "classique". Il explique que la maison-mère de la société, qui disposait "d'un excédent de trésorerie", "a comparé les propositions de placements des banques en Europe". "La meilleure offre provenait du Luxembourg, la société a donc, dans le cadre d'une convention classique de trésorerie mère-fille, fait remonter cet excédent à sa société mère qui l'a placé. Les fonds sont restés sur ce compte de placement depuis le mois de juin", argumente-t-il. "Si Tracfin et le parquet décident de lancer une enquête préliminaire dans chaque cas où une société filiale fait remonter une partie de sa trésorerie à sa mère, il va falloir lancer une bonne dizaine de milliers d'enquêtes par an !", ironise le fils de l'homme d'affaires qui regrette qu'on applique à ses sociétés le "même traitement" que pour celles de son père à cause des "effets du nom Tapie".
Si cette affaire n'a pour le moment aucun lien avec celle d'Adidas, c'est en tout cas un nouveau coup dur pour Bernard Tapie, qui ne cesse de crier à l'acharnement de l'Etat depuis plusieurs mois. Lorsque son argent avait été bloqué par la justice une première fois, celui qui est également comédien avait déclaré que Tracfin essayait simplement de "(l)'asphyxier et (de le) pousser à la liquidation comme il y a quinze ans".
Et les ennuis ne risquent pas de se terminer pour lui puisque l'affaire Adidas continue et l'Etat, le CDR et l'EPFR, les deux établissements qui géraient les actifs du Crédit Lyonnais, viennent de se porter parties civiles, tandis que Claude Guéant, secrétaire général à l'Elysée de l'époque, sera entendu d'ici fin octobre par les juges... Acharnement ? C'est possible.
Preuve des difficultés du nom Tapie avec la justice, c'est cette fois Stéphane (44 ans), qui vient d'être condamné pour diffamation devant le tribunal correctionnel de Marseille. En cause, ses propos violents contre le président de l'OM Vincent Labrune sur France Bleu en novembre 2012, à la suite d'une défaite contre l'OL, après laquelle il avait notamment dévoilé son numéro de téléphone à l'antenne pour que les supporters puissent faire part de leur mécontentement. S'il avait dit regretter ses propos, le fils de Bernard Tapie avait estimé qu'il s'agissait de "son langage habituel". Il devra payer 7000 euros d'amende, 5000 supplémentaires de frais de justice et verser 10 000 euros de dommages et intérêts pour diffamation et injures publiques à Vincent Labrune.