Treize femmes ont déjà accusé Bill Cosby, publiquement et officiellement, de viols ou d'agressions sexuelles. Depuis la fin du mois d'octobre, l'acteur-fétiche du Cosby Show est dans la tourmente. Et il n'est pas prêt d'en sortir.
Depuis le 21 novembre tourne en effet une interview vidéo de l'Associated Press qui pourrait bien plonger encore plus Bill Cosby dans le malaise. Le comédien, qui a réfuté toutes les accusations par la voix de son avocat le 15 novembre dernier, avait accepté 9 jours auparavant un entretien filmé avec l'AP et sa femme Camille. En toute fin d'interview, le journaliste tente d'en savoir plus sur les accusations portées par un acteur, Hannibal Buress, qui l'avait qualifié de "violeur" lors d'un spectacle le mois dernier à Philadelphie, ville natale de l'acteur. Bill Cosby n'était alors qu'au début d'un buzz gonflant à vive allure...
Bill Cosby s'est-il grillé lui-même ?
Au cours de l'entretien, l'acteur a refusé de répondre à toutes les questions concernant les plaintes d'agressions sexuelles. Quelques secondes plus tard, pensant l'interview terminée, caméra et micro coupés, l'acteur de 77 ans interpelle le journaliste: "Pouvez-vous m'assurer que rien de cela ne sera montré?". Désarçonné, le journaliste lui répond alors: "Je ne peux rien vous promettre, mais vous n'avez rien dit." Le comédien insiste alors : "Je sais que je n'ai rien dit, mais comme j'ai dit que je ne voulais rien dire, je me demande quelle valeur cela peut avoir. Et je vous serais reconnaissant si cette partie de l'interview était coupée", en mettant en jeu l'intégrité de l'AP.
Pourquoi Bill Cosby, s'il est bien présumé innocent jusqu'à ce qu'une décision de justice intervienne, a-t-il voulu couper avec autant de véhémence cette partie de l'interview ? S'il n'a rien à se reprocher, pourquoi avoir insisté et même voulu retourner la situation en sa faveur en mettant en cause l'intégrité et le professionnalisme de l'AP ? Une nouvelle zone d'ombre qui vient se greffer à une autre vidéo, à savoir le témoignage d'un homme qui a été très proche par le passé de l'acteur...
Les confessions-choc de son ''fixer''
Frank Scotti a été à la fin des années 1980, époque où Cosby était la star la plus bankable du network, le fixer du comédien, à savoir un entremetteur, un bras droit qui effectue des tâches problématiques pour son client. À Hollywood, faire appel à un fixer est quelque chose de courant – les frères Coen vont même réaliser un film sur la question, Hail, Caesar !, avec George Clooney. Dans une interview accordée au New York Daily News, l'homme de 90 ans s'avoue "désolée pour les femmes" qui ont été agressées par son ex-client et brise le silence. Il confie tout d'abord avoir "fait beaucoup de choses folles" pour lui, parmi lesquelles gérer les versements mensuels que Cosby avait promis à diverses femmes, huit au total selon lui. "J'avais des doutes sur ce qu'il se passait", assure-t-il, croyant savoir que ces huit femmes ont été proches d'un Bill Cosby qui aurait versé à Shawn Thompson, dont la fille Autumn Jackson aurait pour père un certain Bill Cosby (lequel a nié), près de 100 000 dollars pendant la période de fonction de Scotti. Scotti aurait-il eu raison de douter des pratiques de son client ? "Sinon, pourquoi leur aurait-il envoyé de l'argent ? Il envoyait à ces femmes 2000 $ par mois", s'étonne-t-il. Et Cosby allait loin, jusqu'à utiliser le nom de Scotti comme couverture. Le fixer assure également que le comédien se rencardait régulièrement avec le patron d'une agence de mannequins, dont quelques filles ont été croisées dans les coulisses du Cosby Show. "Je veux que vous gardiez cette fille ici. Je veux la rencontrer pour un rôle dans le spectacle", se souvient Frank Scotti, qui finira par quitter Cosby, son ami, lassé des "arrangements sordides" et ces "nombreuses filles" qui allaient et venaient dans le quotidien de la star.
Actuellement sur scène pour un one-man-show – dont plusieurs dates ont été annulées, comme à Las Vegas ou Tucson – Bill Cosby voit les témoignages accablants se multiplier (Janice Dickinson, Louisa Moritz ou encore Joan Tarshis), et le nombre de soutiens diminuer. Sur les planches du King Center de Melbourne (Floride) où il se produisait le 21 novembre, il a esquissé une réponse aux médias : "Je sais que vous êtes las de me voir ne rien dire, mais un type n'a pas à répondre à des insinuations", aurait-il déclaré d'après US Weekly.