Boris Becker est un retraité très occupé...
A 43 ans, l'ancien joueur de tennis vainqueur de cinq levées du Grand Chelem passe son temps entre Miami, la Suisse et l'Allemagne. Récemment, Boris Becker s'est rendu à Munich pour l'ouverture de l'Oktoberfest, la célèbre fête de la bière. Et lorsque le tennisman n'est pas en famille, il s'engage auprès d'associations ou des fondations, comme c'était le cas lorsque le quotidien l'Equipe est allé le rencontrer en Haïti. L'occasion d'un long entretien dans lequel Boum-Boum revient sur sa carrière, sa retraite et sa famille...
Une retraite en famille
Boris Becker revient ainsi sur son après-carrière et la fin brutale d'une routine qui s'était installée à travers le circuit ATP : "Il m'a fallu deux ou trois ans pour trouver une nouvelle motivation, une direction où aller. Je n'avais vraiment pas d'idées. J'avais joué si longtemps au tennis que je ne voulais pas me précipiter. Pendant presque deux ans, je n'ai plus touché une raquette. Je ne regardais même plus la télévision (...) Je ne me sentais pas seul, ni triste. Je me sentais vide."
En 1999, année de sa retraite, c'est la dépression qui guette le joueur après une succession d'évènements douloureux : "L'année 1999 a été la pire de ma vie. Mon père est mort en avril, j'ai arrêté ma carrière en juin, mon second fils est né en septembre, je me suis séparé de sa mère et ma fille est née après. Tout cela en une seule année !" Car Boris Becker a une grande famille éparpillée aux quatre coins du monde. A Miami donc, où vivent ses deux fils qu'il a eu avec Barbara Feltus, Noah Gabriel, 17 ans et Elias, 12 ans et à Londres où c'est sa fille illégitime Anna, fruit d'une nuit avec le mannequin Angela Ermakova qui réside. Le reste du temps, Boris Becker voyage à travers le monde avecsa nouvelle femme Lilly Kerssenberg et leur petit garçon de bientôt 2 ans Amadeus. "Une situation familiale très compliquée..." pour la star. Et si le divorce s'est mal passé, les deux adultes ont rapidement repris contact : "Vous vous sentez toujours coupable quand un mariage prend fin (...) Mais aujourd'hui, mon ex-femme m'appelle presque tous les jours. Elle a confiance en moi et moi en elle (...) Réussir à recréer une harmonie de famille reste ma plus grande victoire de ces douze dernières années."
Pour autant, Boris Becker n'a pas trouvé tout de suite une reconversion malgré une expérience de... vendeur de voitures : "A vingt-cinq ans, mon père m'avait encouragé à investir dans une affaire automobile. C'était une bonne idée sur un plan financier mais c'était ennuyeux." Il sera alors consultant un peu, acteur rarement, "j'ai fait quelques petits films en Allemagne. Je n'ai pas trop aimé l'exercice", et père de famille souvent. Mais ce que cherche avant tout Boris Becker, c'est comprendre le monde qui l'entoure : "J'ai beaucoup lu, observé. Je suis curieux de savoir comment notre monde tourne. Je suis fasciné par cette époque du net, de l'Ipad, de l'Iphone... C'est puissant. Je veux savoir comment les gamins de vingt ans pensent, quelle est leur réalité, si différente de la mienne quand j'avais leur âge."
L'image tronquée qu'il renvoie...
Boris Becker revient également sur l'image qu'il renvoie. Un homme connu et reconnu, séducteur pour qui l'apparence compte plus que tout. Pour l'Equipe, il n'hésite pas à revenir dessus et tente de casser le mythe de manière singulière : "Populaire est un mot trop doux. Être populaire, c'est juste être à la mode. Moi, je suis plus que ça. Si je parle en Allemagne, même si on n'aime pas ce que je dis, tout le monde m'écoute. Ma femme est très surprise de voir à quel point je pourrais être puissant en Allemagne, si je le voulais." Quant à sa réputation sulfureuse d'homme à femmes, mannequins de préférence comme sa dernière femme Lilly Kerssenberg, il donne sa version des faits : "Sharlely a été mannequin mais pas non plus un grand top modèle ! L'apparence est importante bien sûr, mais ce qui me fascine chez elle, c'est sa personnalité. Elle est charmante mais dure car elle a perdu ses parents dans un accident de voiture quand elle avait trois ans (...) C'est une survivante, elle s'est battue et elle a trouvé le moyen de trouver sa route."
Aujourd'hui, Boris Becker avoue suivre le tennis de loin. Son joueur français préféré ? Jo-Wilfried Tsonga : "Il a un gros coeur. Tsonga n'est pas le plus rapide, pas le plus talentueux, mais... (en français dans le texte) il a des grosses couilles !" Mais la petite balle jaune est bien derrière, lui qui avait remporté Wimbledon à 17 ans seulement : "Le tennis a été important pour moi mais je suis passé à autre chose. Boum-Boum, c'est fini. C'est dans les yeux de mes enfants que je trouve mes émotions. C'est là qu'est mon âme aujourd'hui."
Un entretien à retrouver dans son intégralité dans l'Équipe du 19 septembre 2011