Le monde de la danse est secoué par un scandale médiatique depuis janvier dernier. Bruno Vandelli est accusé par Yanis Marshall d'agression sexuelle. A l'époque, l'ancien professeur de la Star Academy avait 14 ans et son ex-professeur en avait 42. Des faits pour lesquels il a porté plainte. Depuis, les langues se délient. Nos confrères du Parisien ont recueilli de nouveaux témoignages, dévoilés ce jeudi 29 février 2024. Aussi apprend-t-on qu'une nouvelle plainte a été déposée.
Tout a commencé en décembre dernier, lorsque Mathieu (le prénom a été changé) a souhaité lire à voix haute une lettre devant toute l'école de danse de Bruno Vandelli, située à Cannes. L'adolescent y accuse l'ancien membre du jury de Popstars de lui avoir envoyé des SMS "pervers" et d'avoir frotté son sexe contre lui lors des entraînements. Des révélations qui ont provoqué le malaise et déclenché des pleurs du côté de certains élèves. Dès le lendemain, des professeurs ont souhaité démissionner. "Il lui a dit qu'il avait brisé l'enfant qu'il était. Tout le respect que j'avais pour Bruno Vandelli s'est envolé en un claquement de doigts. J'en ai eu la nausée durant deux jours", s'est souvenu l'un d'eux auprès du Parisien. De son côté, l'adolescent s'est dit libéré de cet homme qui "abuse de son pouvoir" : "Il vous promet des solos, des stages, une carrière. Mais si vous refusez ses avances, vous n'existez plus." Depuis, sa mère a porté plainte comme l'a confirmé le parquet de Grasse à nos confrères.
De son côté, Bruno Vandelli n'a réagi que quelques jours plus tard par le biais d'une lettre adressée à tous les parents. Il s'est dit "traumatisé" par des "mots totalement monstrueux, utilisés devant des jeunes" et a assuré qu'il n'a jamais eu de soucis en vingt-cinq ans. Pourtant, en janvier, c'est au tour d'un autre ancien élève de briser le silence. Il s'agit de Yanis Marshall. Et c'est sur Instagram qu'il a pris la parole dans un premier temps. Il s'est depuis exprimé dans plusieurs médias, mais son discours ne change pas. "Très vite, il me repère, colle son sexe dur contre moi sous prétexte de corriger mes mouvements à l'échauffement. Une fois, deux, trois", s'est-il notamment souvenu auprès du Parisien. Puis il s'est rappelé du jour où, au printemps 2004, Bruno Vandelli l'aurait attiré chez lui sous prétexte de regarder un concert de Janet Jackson : "J'ai 14 ans. Mes jambes tremblent, il me viole sur le bord du lit. Il m'a ensuite fait croire que c'était de l'amour. (...) La vérité doit éclater. Bruno Vandelli a bousillé ma vie et celles de plein d'autres." L'une de ses amies assure qu'il était sous emprise durant deux ans, puis qu'il a mis fin à cette relation "toxique". Depuis le début de l'affaire, il a porté plainte pour viol aggravé, agression sexuelle et corruption de mineur. L'enquête a été confiée à la police judiciaire de Nice.
Un autre jeune homme, dont le prénom n'est pas précisé, accuse Bruno Vandelli et son mari de l'époque de lui avoir envoyé des vidéos pornographiques. Des faits pour lesquels le professeur de danse de 62 ans sera jugé le 17 avril prochain devant le tribunal correctionnel de Grasse pour corruption de mineur. Mais il assure qu'il n'a "jamais fréquenté cette personne" qui avait 15 ans au moment des faits. Son avocat, maître Joseph Cohen-Sabban est quant à lui confiant : "S'il lui a montré une vidéo de cul, ça ne vaut rien devant les tribunaux."
Quand elle est sortie, cette affaire n'a pas étonné Christophe, Marc, John ou encore Benjamin (certains prénoms ont été changés). Le premier qui est âgé de 31 ans dit avoir été sous l'emprise de Bruno Vandelli durant dix ans. "Dès que Vandelli voit un petit garçon mignon, il le repère et ne lâche plus", a-t-il déclaré. Il a expliqué que son ancien professeur avait "ses proies", celles qui étaient en première ligne lors des cours, avant de détailler ce qu'il aurait subi alors qu'il n'avait que 12 ans. Après une déchirure aux adducteurs, il a reçu un message de son mentor qui l'a fait sursauter. "Son SMS disait : J'aurais bien aimé être ton infirmier pour te soigner l'entrecuisse", a-t-il dévoilé. Le premier d'une longue série. Il fait alors tout pour éviter de se retrouver seul avec lui, surtout lors des déplacements du groupe pour des concours. "Combien de fois à 3 heures du matin, il m'envoyait : Tu veux me rejoindre dans ma chambre ? Il insistait des heures... J'étais si fasciné par lui que j'occultais le dégoût que je ressentais", a-t-il conclu.
Marc (17 ans) aurait lui aussi reçu des messages compromettants. Bruno Vandelli lui aurait écrit il y a deux ans : "Tu es trop mignon vraiment. Ce beau regard. Et même plus... " Des compliments, John (21 ans) en a également eu en 2020 : " T'es canon. Je dirai même sexy. Bon, je me calme. Dix ans de plus je te drague direct." Il lui aurait par la suite envoyé une photo de son torse nu, à la piscine, et lui en aurait demandé une en retour. Une demande rejetée par son élève.
Puis Benjamin (30 ans) raconte que le chorégraphe demandait à chaque pause qu'on lui "appuie dans le dos". "En réalité, il voulait qu'on le masse. Une fois, un responsable me dit de lui déposer un CD chez lui. Je me souviens qu'il m'a demandé un massage en s'approchant très près de moi. Je lui ai mis un coup de coude et je me suis sauvé", a-t-il raconté. Quand il dénonce les faits à l'époque, le coach sportif se voit dire qu'il a dû mal interpréter la situation. Tout comme Christophe qui avait signalé "des attouchements lors des échauffements".
Contacté par Le Parisien, Bruno Vandelli dément toute accusation et se dit victime d'un "lynchage médiatique". Il a porté plainte contre Yanis Marshall pour diffamation et l'accuse d'être à l'origine de "cette cabale". Il assure avoir recueilli 500 témoignages en sa faveur et le soutien de nombreux parents. Concernant les accusations de Mathieu, il dit avoir tenté d'avoir une discussion avec lui, mais qu'il était parti. Après quoi, il a précisé que seuls deux des quatre professeurs avaient démissionné après que l'affaire a éclaté. Concernant les SMS à caractère sexuel, il a confié : "Peut-être ai-je dit à quelqu'un qu'il était sexy, mais j'ai aussi pu le dire à des filles. Je ne suis pas parfait !" Et pour les dénonciations de massages en plein cours, il assure que ce sont des séances d'ostéopathie afin d'apprendre à détendre les muscles. "Cela fait partie de la formation de danseur", déclare-t-il.
Le directeur, qui enseigne de nouveau dans son école a ensuite nié en bloc les accusations d'attouchements : "C'est faux ! D'abord, je ne donne pas cours à des enfants, mes plus jeunes élèves ont 15 ou 16 ans. Ensuite, quand j'entends certains me décrire comme un pédophile, cela me rend malade ! Moi qui enseigne depuis 45 ans, si j'étais un violeur, ça se saurait", a-t-il conclu.
Bruno Vandelli reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la clôture du dossier.