Figure emblématique du cinéma français mais également du Festival de Cannes, Agnès Varda va recevoir le 24 mai prochain une Palme d'or d'honneur. Une première pour une femme réalisatrice, puisqu'à ce jour, seuls trois hommes ont obtenu la précieuse distinction : Woody Allen, en 2002, Clint Eastwood, en 2009, et Bernardo Bertolucci, en 2011. Décerné au nom du Conseil d'Administration du Festival de Cannes, elle est attribuée à un réalisateur de renom dont l'oeuvre fait autorité dans le monde mais qui n'a pourtant jamais reçu de Palme d'or.
Artiste touche-à-tout, malicieuse, engagée et passionnée, Agnès Varda a marqué l'histoire du rendez-vous cannois à plusieurs reprises. Membre du jury de la compétition en 2005, puis présidente de la Caméra d'or en 2013, la cinéaste de 86 ans a souvent monté ces marches qu'elle connaît bien. Actrice ou réalisatrice, elle aura également présenté de nombreux films, dont Murs, murs, Ulysse, T'as de beaux escaliers, tu sais..., Jacquot de Nantes ou encore Les glaneurs et la glaneuse. Sans jamais concourir une seule fois pour la Palme d'or.
Erigée en avant-gardiste de la Nouvelle Vague avec La Pointe Courte, Agnès Varda est à l'origine d'oeuvres cultes telles Cléo de 5 à 7, Le Bonheur, Jacquot de Nantes ou encore Sans toit ni loi (Lion d'or à Venise en 1985). Compagne de Jacques Demy (avec qui elle a eu un fils, Mathieu), Agnès Varda est une femme à part. L'une de ses dernières productions, son film en forme d'autoportrait Les Plages d'Agnès (César du meilleur documentaire en 2009) résume parfaitement son originalité et le brio d'une plasticienne pas comme les autres. À l'heure où Cannes a choisi de mettre en avant Ingrid Bergman sur son affiche officielle en plus de lui rendre hommage, c'est une autre femme indépendante, figure du 7e art, qui est honorée.