La principauté de Monaco est en pleine frénésie, entre la naissance d'un nouveau membre dans la famille princière en la personne du fils, déjà star malgré lui, de la glamour Charlotte Casiraghi et du trublion Gad Elmaleh, et les célébrations usuelles de fin d'année, qui ont vu le prince Albert II de Monaco et son épouse la princesse Charlene distribuer gaiement les cadeaux, en rafales, ou encore animer le traditionnel goûter princier des petits Monégasques.
Mais lorsque l'effervescence se calmera, à la faveur de la trêve des fêtes de fin d'année, le public aura l'opportunité de découvrir la principauté sous d'autres aspects, méconnus. France 3 proposera en effet vendredi 27 décembre en deuxième partie de soirée (et samedi 4 janvier à 15h00) le documentaire Monaco, les coulisses du Rocher, une plongée exceptionnelle dans l'envers du décor signée du journaliste-producteur Cyril Viguier.
Fruit de mois d'investigations inédites, d'accès exclusifs aux arcanes de l'État princier, et de rencontres privilégiées, Monaco, les coulisses du Rocher, dont vous pouvez découvrir un extrait ainsi que quelques images dans notre diaporama, ambitionne de dévoiler ce qui se cache derrière la vitrine fabuleuse du pays le plus glamour au monde. Tombé en amour de cet antre à stars que lui-même ne connaissait qu'en surface, Cyril Viguier a pu compter sur des guides sur mesure (des "passeurs") pour pénétrer au coeur même de la principauté, là où bat le rythme de sa vie sans nulle autre pareille : Paul Belmondo pour le Grand Prix, Caterina Murino pour les mondanités, Karl Lagerfeld pour la mode et l'étiquette, Alain Ducasse pour la gastronomie qui y est reine...
Le sujet semble maîtrisé et l'objectif parfaitement atteint, à en croire la réaction - rapportée par Nice-Matin - de Son Excellence Michel Roger, ministre d'État ("Premier ministre") de la principauté, au sortir d'une des deux avant-premières du documentaire (à Monaco puis au club de l'Étoile à Paris, suivie d'une représentation de l'orchestre symphonique de Monte-Carlo au théâtre des Champs-Élysées) : "[c'est] un documentaire qui sonne juste et ne se résume pas à des parties de blackjack et a des grosses cylindrées", a salué le lieutenant du souverain monégasque.
L'enquête de Cyril Viguier peut d'ailleurs de targuer d'un atout majeur : la contribution exceptionnelle de la famille princière. Le "portraitiste" improvisé de Monaco a eu l'opportunité de s'entretenir tour à tour avec le prince Albert II de Monaco, sa soeur la princesse Stéphanie ou encore, début décembre, son épouse la princesse Charlene. Une rencontre particulièrement marquante pour Cyril Viguier, qui, après leur entrevue, confiait : "Je trouve qu'on ne la connaît pas suffisamment. Elle est un atout formidable pour la Principauté. J'aimerais beaucoup lui consacrer un film pour montrer sa véritable personnalité." Organisé le 2 décembre, soit trois jours avant la mort de Nelson Mandela, qui occupait dans le coeur de la princesse d'origine sud-africaine une place immense, le face à face s'est déroulé "sans aucune restriction, dans un climat de confiance". À l'occasion, même, Charlene a parlé "cash", prévient le journaliste.
"Sans Mandela, je n'aurais même pas osé rêver d'aller aux Jeux olympiques. Il a fait de nos rêves des réalités"
Par un triste hasard, les propos emplis d'admiration qu'elle lui a tenus au sujet de Madiba ont pris une force d'autant plus grande avec le décès, 72 heures après qu'ils eurent été prononcés, de l'icône de la lutte anti-Apartheid : "Elle m'a semblé profondément sincère, se souvient Cyril Viguier, d'autant plus qu'au moment de cet entretien, Nelson Mandela était toujours vivant. Elle m'a expliqué que pour les personnes de sa génération, l'Afrique du Sud était un pays disloqué. Elle a prononcé cette phrase : "Nous n'avions pas de drapeau, nous n'avions pas de nation, mais nous avions Nelson Mandela." Elle m'a raconté comment il était parvenu à unir le pays, notamment à travers le sport. Elle a fait preuve d'un très grand respect, chargé d'émotion." Un respect et une émotion pleinement partagés par Cyril Viguier, qui avait lui-même eu l'honneur de rencontrer Madiba, en 1997, et de se voir offrir par lui deux exemplaires dédicacés de son autobiographie parue deux ans plus tôt, Un long chemin vers la liberté. Le journaliste a offert l'un d'entre eux à la princesse Charlene, qui a accepté l'offrande avec ferveur, la main sur le coeur.
"Je pense que c'est tout simplement la personne la plus inspirante que j'ai pu rencontrer dans ma vie", confie lors de la conversation Charlene. Ses premiers souvenirs de Nelson Mandela remontent à 1992, relève le magazine Point de Vue ; elle a alors 14 ans et l'Afrique du Sud s'apprête, après vingt-huit ans d'absence, à revenir sur la scène internationale à l'occasion des JO de Barcelone. C'est ce contexte qui inspire à l'épouse du prince Albert cette analyse passionnée : "Nous n'avions même pas de drapeau, pas d'hymne national, mais nous avions Nelson Mandela. Il était notre espoir. Sans lui, je n'aurais même pas osé rêver d'aller aux Jeux olympiques. Il a fait de nos rêves des réalités en accédant deux ans plus tard à la présidence de l'Afrique du Sud. Il devenait possible pour nous d'aller au bout de nos rêves." La princesse Charlene parle en connaissance de cause : c'est en effet Nelson Mandela, que l'ex-nageuse de haut niveau a eu l'occasion de rencontrer plusieurs fois, comme en 2007 lors de la venue de Madiba pour un gala de l'Amade à Monaco, qui l'a incitée à disputer sous les couleurs de son pays les JO de Pékin 2008 - un challenge et un rêve auxquels Charlene a dû renoncer en raison d'une blessure à l'épaule.
De ses entrevues avec le vaillant combattant de la liberté, la princesse Charlene a conservé le souvenir de la passion altruiste qu'il lui a insufflée et dont elle se nourrit encore aujourd'hui dans l'action qu'elle mène avec sa fondation.
À l'annonce de la disparition de Madiba, Charlene s'est promptement envolée pour l'Afrique du Sud. Deux ans après y être venue pour le célébrer de son vivant avec le vernissage d'une expo photo qui lui était consacrée, elle rentrait pour se recueillir à sa mémoire du héros national lors des célébrations organisées mardi 10 décembre au FNB Stadium de Johannesburg, dans le quartier de Soweto, puis toute la semaine jusqu'à ses obsèques dans son village natal de Qunu, où le prince Albert l'a rejointe, le 15 décembre. Elle l'a promis et se l'est promis, la princesse Charlene de Monaco se rendra dès qu'elle le pourra à Qunu, village natal et lieu du repos éternel de Nelson Mandela. Mais en attendant, elle s'apprête à nous emmener, avec Cyril Viguier, dans les coulisses du Rocher qui l'a adoptée.