C'est une prise de position inattendue, de la part de la princesse Charlene de Monaco, qu'on découvre dans le reportage que lui consacre le nouveau numéro de l'hebdomadaire Paris Match, actuellement en kiosques. Si, dans leur couple, c'est le prince Albert II le champion notoire de la protection des océans (via le travail de sa fondation éponyme), l'ancienne nageuse sud-africaine, qui se consacre pour sa part à la prévention de la noyade dans le monde et à l'éducation des enfants à travers les valeurs du sport, prend la parole dans un débat sensible du moment...
Samedi dernier, Paris Match suivait Charlene à l'hippodrome de Cagnes-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes, où elle assistait avec un plaisir non dissimulé au premier Charity Mile, course hippique caritative à laquelle elle a prêté son nom. Trouvant l'endroit "magique" et euphorisée tant par son pronostic gagnant dans la troisième course, précisément celle à son nom, que par "l'accueil inoubliable" qui lui est "d'habitude réservé quand [elle] accompagne [son] mari", la princesse de 39 ans s'attarde volontiers au-delà de l'horaire prévu. Auprès de ses amis, elle "s'enflamme déjà pour une autre cause : les requins de la Réunion".
Trois jours plus tôt, un bodyboardeur de 26 ans, Alexandre Naussac, a trouvé la mort dans une attaque de requin sur le littoral de Saint-André, où il prenait des vagues avec des amis à l'embouchure de la Rivière du Mât. Un drame qui a relancé le débat houleux sur l'essor des attaques de squales (requins-bouledogues et le requins-tigres, deux espèces classées comme quasi menacées par l'Union internationale pour la conservation de la nature) ces dernières années à la Réunion.
Je suis désolée pour ce jeune surfeur, mais...
Légende vivante du surf et fervent défenseur de l'environnement marin (dont les requins en général), Kelly Slater a jeté un pavé dans la mare en appelant à une régulation à l'échelon local dans des cas de déséquilibre de l'écosystème : "Honnêtement, je ne vais pas me faire que des amis en disant cela, mais il y a besoin d'une régulation sérieuse des requins à la Réunion, et ce de façon quotidienne. Il y a un net déséquilibre qui se produit dans l'océan à cet endroit. Si le reste du monde avait ces taux d'attaques de requins, personne n'utiliserait l'océan ou des millions de personnes mourraient littéralement de cette façon. Le gouvernement français doit trouver une solution aussi vite que possible. 20 attaques depuis 2011 !?!"
Ces propos, abondamment repris et largement mal interprétés, ont suscité des réactions aussi vives que contrastées. Et la princesse Charlene elle-même a donné son sentiment, désavouant le point de vue du champion : "Je suis désolée pour ce jeune surfeur, dit-elle dans des propos rapportés par Paris Match, mais il n'avait pas à nager dans ces eaux sales, particulièrement attirantes pour les requins, et, du reste, interdites à la baignade. On tue 1 million de requins par an, eux ont fait 20 morts à la Réunion depuis 2011 [en réalité, il s'agit de 20 attaques, dont 8 mortelles, NDLR]... Sans ces prédateurs, la planète ne fonctionnerait pas comme il se doit. Ce que préconise Slater met en danger l'écosystème..." Charlene parle de la planète, Kelly Slater de zones en déséquilibre... De toute évidence, il y a consensus sur la nécessité de protéger les requins à l'échelle mondiale, mais quid de la gestion de la population en fonction des zones d'habitat naturel (le requin-bouledogue est présent dans les zones estuariennes et d'eau douce, d'où cohabitation avec l'homme...) ?
Le sujet sera sûrement à l'ordre du jour lors de la prochaine Convention de Bonn (sur les espèces migratrices appartenant à la faune sauvage), qui doit se tenir en octobre 2017 aux Philippines. Mais d'ici-là, combien d'autres accidents et autant d'incompréhensions ?