Quand la carte blanche vire au carton rouge... Attendu - de pied ferme, de toute évidence - mercredi 21 août 2013 lors d'un festival hommage à Charles Trénet organisé à Narbonne, Charles Aznavour a essuyé les foudres de son public du soir, qui a récompensé sa venue d'une bronca nourrie.
En cause, la contribution (bénévole !), trop minime au goût des spectateurs, du Grand Charles à l'hommage rendu au Fou chantant, dont la cité catalane célèbre cette année le centenaire de la naissance à l'occasion d'un Festival Trénet. Présentée comme une carte blanche à Charles Aznavour, qui entretient avec la plus grande flamme le legs de Trénet depuis sa disparition en 2001 à 88 ans, la soirée a en fait vu défiler sur le plateau du Théâtre Scène nationale de Narbonne d'autres artistes - des artistes excellents, au demeurant : Yves Jamait, Agnès Bilh ou Alexis HK - avant que la tête d'affiche fasse son entrée, vers 23 heures, soit deux heures après le début de la représentation, et délivre sa prestation : cinq chansons de Trénet - trois en solo, deux en duo. Charles Aznavour, confessant au cours de sa performance quelques soucis vocaux et arguant de sa fatigue en raison d'un récent voyage au Canada, "est reparti, une vingtaine de minutes plus tard, sans avoir interprété un titre de son propre répertoire", a constaté le quotidien régional Midi Libre.
"Remboursez, remboursez !" : à l'unisson, debout comme un seul homme, le public clame son indignation ; habitué aux standing ovations, Aznavour reçoit celle-ci avec une volée de sifflets et de huées. "On comprend très bien qu'il soit âgé et fatigué, mais sur les tickets, sur le programme, il y avait écrit "Concert de Charles Aznavour", on s'est fait berner. Certains ont fait 900 km pour venir !", s'insurge une spectatrice auprès du journaliste local. Et de fait, face à la grogne véhémente des intéressés, la ville de Narbonne a rapidement réagi en offrant de rembourser les billets, d'une valeur de 45 euros. Une somme raisonnable comparée aux concerts qu'assure d'ordinaire Charles Aznavour en son nom propre, d'autant que le chanteur n'a "touché aucun cachet", participant "en ami" au Festival Trénet, comme l'a précisé le lendemain (ce jeudi) Marie-Claude Eglessies, élue de Narbonne en charge des animations.
En réalité, un malheureux malentendu semble être à l'origine du fiasco de ce spectacle "Carte blanche à Charles Aznavour", qui avait été vendu à la ville "clé en main" et pour lequel Aznavour & guests étaient arrivés le matin même du show. Face à l'ampleur du tollé, le principal intéressé a exprimé par la voix de Gerard Davoust, Président des Editions Raoul Breton, sa contrariété et ses regrets, expliquant qu'il n'a "jamais été question pour lui d'assurer un concert en son nom lors de cette soirée hommage à Charles Trenet" et que "son souhait a toujours été de proposer une carte blanche permettant au public de découvrir des artistes de grands talents que l'on peut légitimement considérer comme les héritiers de Charles Trenet et de profiter de cette occasion pour offrir lui-même quelques chansons de celui qu'il considère comme son maître en clôture de cet évènement".
Le communiqué précise encore : "Toutes les dispositions contractuelles explicites avaient été prises pour assurer une communication appropriée autour de cet évènement et Monsieur Aznavour n'est en aucun cas responsable des informations incomplètes qui ont circulé à propos de cette soirée à laquelle il a d'ailleurs participé à titre bénévole. Nous regrettons sincèrement que le public ait pu se sentir mal informé et nous saluons les mesures prises par les organisateurs pour assurer le dédommagement nécessaire."