Les histoires d'héritage sont parfois à l'origine de véritables cataclysme familiaux. Celui de Johnny Hallyday n'est pas le seul à avoir semé le désordre, en France. Charles Trenet, qui est mort le 19 février 2001 à l'âge de 87 ans, a lui aussi laissé un drôle de grabuge derrière lui, en même temps qu'une fortune immense. Auteur, compositeur et interprète, à l'origine de près de 700 titres dont les célèbres La Mer ou Y'a d'la joie, il a amassé des millions d'euros... et continuera d'en toucher pendant soixante-dix ans après sa mort. Lui, ou plutôt le nouveau propriétaire de ses droits d'auteur, que la justice peine à définir depuis longtemps.
Après quinze ans de bataille et environ 70 procès, la cour d'appel de Paris devrait prendre une décision dans les mois qui viennent. Vingt ans après la mort de Charles Trenet, la justice va enfin trancher et désigner le successeur de l'artiste, celui qui touchera la somme colossale de ses rentes actuelles. En lice, deux camps différents. D'un côté, Georges el-Assidi, le confident, secrétaire et légataire universel du chanteur, désigné comme unique héritier dans un testament écrit à la main, daté du 28 décembre 1999. De l'autre côté, les éditions Raoul Breton, qui gèrent la majeure partie du catalogue Trenet et supervise les droits de Charles Aznavour et de Gilbert Bécaud, entres autres.
Je n'ai pas fait attention, je suis tombé dans piège. De là j'ai tout perdu
L'affaire est internationale, puisque l'un des camps vient tout droit du Danemark. En se retrouvant à la tête d'une fortune colossale à l'âge de 40 ans, Georges el-Assidi a perdu pied. Il aurait dilapidé l'héritage de Charles Trenet en l'espace de quatre ans, d'autant qu'il avait dû payer à l'État 60% de la somme de l'héritage en guise de droits de succession - puisqu'il ne fait pas partie de la famille. Sur la paille, il aurait rencontré un certain Maurice en 2006, un homme d'affaires résidant au Danemark qui lui a proposé le marché suivant : l'une des propriétés du chanteur, située à Antibes, rachetée par une société Danoise pour quatre millions d'euros. Le catalogue des droits d'auteur de Charles Trenet avait également été vendu pour 1,5 millions d'euros dans ce contrat... rédigé en anglais.
"Je n'ai pas fait attention, je suis tombé dans un piège. De là j'ai tout perdu", déplorait Georges el-Assidi dans Héritages, sur NRJ12. "Il a été trompé, il a touché 200 000 euros et pas les 5,5 millions promis, précise Francis Pudlowski, l'avocat de Gérard Davoust, le président des éditions Raoul Breton. Et nous n'avons vu aucun document juridique prouvant qu'il détenait 70 % du holding. S'il était mort pendant cette période, les Danois seraient devenus propriétaires des droits, ce qui leur assurait soixante ans de pactole". Le 15 février 2015, la justice avait donné tort à la partie scandinave. Mais le jugement est en appel aujourd'hui, et une nouvelle décision, définitive, sera prise prochainement. Si Georges el-Assidi gagne, il sera bien le propriétaire des droits d'auteur de Charles Trenet. Il touchera un million d'euros, environ, chaque année... jusqu'à 2071.