Après des mois d'instruction, d'enquête et de rebondissements dans la presse, l'affaire d'espionnage qui touche France 24 connaît finalement ses premières mises en examen. La plus retentissante est celle de Candice Marchal, ancienne collaboratrice de Christine Ockrent, que la justice soupçonne d'avoir accédé "frauduleusement" au serveur informatique de l'Audiovisuel Extérieur de la France, d'en avoir "frauduleusement" soustrait des données informatiques et de les avoir détruites.
Fin 2010, Christine Ockrent est encore directrice générale adjointe de l'AEF, cette holding qui chapeaute France 24, RFI et TV5 Monde. Elle est en guerre froide contre le numéro 1 Alain de Pouzilhac. Dans ce climat délétère éclate le scandale de l'espionnage de France 24 : Candice Marchal a-t-elle espionné la direction pour le compte de Christine Ockrent ? Elle est licenciée pour faute grave en décembre 2010 et placée en garde à vue quelques jours plus tard. L'AEF dépose plainte contre X.
En garde à vue, Candice Marchal reconnaît avoir piraté des mails de plusieurs salariés de l'AEF et s'être introduite dans le Système de traitement automatisé de données (SATD) de l'AEF grâce à des codes d'accès fournis par le prestataire informatique Thibault de Robert, qui travailla aussi pour Bernard Kouchner, l'époux d'Ockrent. Elle nie cependant avoir copié le serveur de l'AEF - cet "espionnage à grande échelle", écrit Libération ce vendredi 20 janvier -, ce que la justice lui reproche aujourd'hui. Elle nie farouchement avoir espionné pour le compte de Christine Ockrent. D'après l'AFP, Thibault de Robert est lui aussi mis en examen.
Saisi par la police, l'ordinateur de Candice Marchal recelait 2,5 millions de fichiers provenant des ordinateurs des dirigeants du groupe. Mais avant d'atterrir entre les mains de la police, il est passé par celle des dirigeants de l'AEF. Problème de taille : selon le rapport de la brigade d'enquêtes sur les fraudes aux technologies de l'information (BEFTI), ces serveurs ont été copiés par un technicien de l'AEF après que Marchal a rendu son ordinateur à la direction. Me Richard Forget, avocat de Candice Marchal qui révèle vendredi la mise en examen de sa cliente, a déposé une requête en nullité.
Quant à la reine Christine, elle a quitté le champ de bataille en mai après avoir porté plainte contre X pour harcèlement moral. Ses indemnités de départ pourraient s'élever à 650 000 euros.