Corneille est de retour. À 42 ans, le chanteur canadien d'origine rwandaise s'apprête à sortir son huitième album, Parce qu'on s'aime, dix-sept ans après l'immense succès du tube qui l'a rendu célèbre, Parce qu'on vient de loin. Apaisé, celui qui se rêve désormais auteur s'est prêté au jeu du portrait de Libération. Il est revenu sur son enfance, qui nous a tous marqués, lui qui a vécu le génocide rwandais. Ses parents font partie de l'élite intellectuelle et politique. "J'ai eu cette chance de ne jamais manquer de rien et d'être aimé par mes parents", confie-t-il.
La nuit du 15 avril 1994, toute sa famille est assassinée. "À cet instant précis, une partie de moi est morte", explique Corneille, qui survit en se cachant derrière le divan du salon. Atteint par la malaria, il s'exile en Allemagne, le pays où il est né, chez des amis de ses parents. Il restera traumatisé par cet événement, mais également par les attouchements répétés de sa tante de 18 ans lorsqu'il avait 6 ans et demi. "Il n'y a rien de plus violent que l'abus sexuel. C'était ma tante préférée, je l'aimais, je lui faisais confiance, mais elle m'a volé mon innocence", déplore-t-il. Après des études au Canada, il forme le groupe One avec deux amis et se fait repérer par le label Wagram. Viennent ensuite le succès et les tubes : Seul au monde, Avec classe ou encore Rêve de star.
Il rencontre l'amour de sa vie, Sofia de Medeiros, lors du tournage d'un de ses clips, il y a aujourd'hui seize ans. Le jour de leur mariage, elle a eu une idée émouvante pour rendre hommage à la famille de Corneille : laisser une table vide pour ses proches disparus dans le génocide. "Ainsi, ils ont pu assister à un des plus beaux jours de ma vie", se souvient le père de Merrick (8 ans) et Mila (3 ans). Son épouse est un pilier de sa vie. Elle a d'ailleurs coécrit son nouvel album. "Entre nous, c'est très organique et spontané, on ne force rien. (...) Ma plus grande folie, c'est d'être tombé amoureux", indique le chanteur.
Retrouvez le portrait de Corneille en intégralité dans le dernier numéro de Libération, daté du 3 avril 2019.