Sous le poids de l'austérité imposé par une conjonture alarmante, mais aussi, indubitablement, la pression des récents scandales qui l'ont accablée, la cour royale d'Espagne vient d'annoncer de nouvelles coupes franches dans les émoluments qu'elle perçoit.
On se souvient qu'en décembre 2011, en réponse au scandale grondant autour des soupçons de corruption pesant sur le gendre du roi, Iñaki Urdangarin (toujours sous la menace d'une inculpation), Juan Carlos Ier d'Espagne avait dans une démarche inédite communiqué les comptes de la Maison royale : le 28 décembre dernier, le contribuable espagnol pouvait ainsi avoir accès, fait inédit depuis les débuts du régime, à la répartition du budget alloué au fonctionnement de l'organe royal, soit 8 434 280 euros pour 2011 (dont moins de 10%, soit environ 800 000 euros, représentant les dotations et frais de représentations des membres de la famille royale). Un budget qui avait été revu à la baisse à hauteur de 5,2% par rapport à l'exercice précédent, pour lequel le monarque avait demandé le gel du montant et même remboursé au Trésor un excédent.
La cure d'amaigrissement se poursuit : il a été annoncé que le roi Juan Carlos et le prince héritier Felipe verraient leur salaire (dotation annuelle d'environ 290 000 euros pour le premier, 145 000 pour le second) diminuer de 7,1%. Les salaires des membres de la famille royale avaient déjà subi une décote de 15% en 2010 et avaient été gelés en 2011, à l'instar des émoluments des hauts fonctionnaires, dans le cadre des mesures extraordinaires d'austérité décrétées. Cet effort solidaire des têtes couronnées ibériques s'inscrit également comme une manière de faire amende honorable après le scandale Noos (détournement de fonds) et le voyage d'agrément du roi Juan Carlos au Botswana pour y chasser l'éléphant : déplacement coûteux dont le peuple espagnol a eu vent quand le roi a été rapatrié en urgence pour se faire opérer de la hanche suite à un accident. Le monarque a été doublement puni : obligé pour la première fois de son long règne de présenter des excuses publiques, il vient par ailleurs d'être logiquement démis de son poste de président honoraire de la WWF Espagne.
La couronne d'Angleterre détrônée...
Mais la famille royale d'Espagne est loin d'être la monarchie la plus coûteuse pour ses sujets en Europe. Et si on aurait pu croire d'instinct que la couronne d'Angleterre détenait toujours nettement ce titre, le récent rapport d'un professeur de l'université de Gand (Belgique) avance qu'Elizabeth II et les siens sont passés au second rang... derrière les Pays-Bas.
Les conclusions de l'étude sont rapportées par le site The Royal Forums : d'après l'enquête du professeur Herman Matthijs portant sur les chefs d'Etat européens, les royaux bataves passent en tête à la faveur de la réduction budgétaire décidée par la reine Elizabeth II. Le montant de la liste civile de Buckingham Palace est ainsi passé de 35,5 millions de livres (45,5 millions d'euros) à 29 (37), pour répondre à la morosité économique qui affecte le peuple, soit une réduction de 16%. En revanche, le budget alloué à la reine Beatrix des Pays-Bas est demeuré stable, à 30,5 millions de livres (39 millions d'euros). Les royaux hollandais n'ont pas (encore ?) effectué la moindre coupe budgétaire : idem pour les royaux scandinaves, dont les économies n'ont pas été affectées comme la plupart des autres par la récession mondiale. Sachant que les budgets en question sont toujours à mettre en perspective, selon le nombre de membres officiels de la famille royale (et donc concernés par des dotations), le nombre d'engagements annuels, le nombre de contribuables...
L'auteur de ce rapport note dans ses conclusions que le chef d'Etat le plus coûteux d'Europe n'est pas un(e) monarque, mais un président : le palais de l'Elysée qu'occupe désormais François Hollande perçoit environ 115 millions d'euros pour ses frais de fonctionnement, soit plus qu'une bonne partie des familles royales réunies.