La reconstitution de l'ultime nuit où Delphine Jubillar a été vue vivante coïncide avec le deuxième anniversaire de sa disparition. C'est en effet depuis la nuit du 15 au 16 décembre 2020 que l'infirmière du Tarn, mère de deux enfants et en procédure de divorce d'avec leur père, ne donne plus de signe de vie. Cette étape de l'enquête est primordiale, alors qu'il n'y a pour l'heure, aucune scène de crime ni aveu. Car si le principal suspect, son mari Cédric Jubillar, est en détention provisoire depuis un an et demi pour homicide par conjoint, il continue de nier les faits. La journaliste du Point Valentine Arama, autrice de Delphine Jubillar, une disparition - enquête au coeur d'un fait divers (éditions du Rocher), fait le récit pour son journal de ce moment à la fois capital et douloureux où s'est dessiné un scénario tangible.
"Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de sang qu'il n'y a pas de scène de crime", a déclaré Me Laurent Boguet, qui représente les intérêts des deux enfants du couple. L'avocat fait en effet état de la possibilité d'une scène dynamique, qui a pu se dérouler sur plusieurs pièces de la maison des Jubillar située à Cagnac-les-Mines : "de l'intérieur de la partie jour du salon aux abords immédiats de la maison." Un geste violent de la part de l'accusé aurait pu le pousser à se déplacer avec son épouse dans différents endroits.
D'après les informations du Point qui a croisé plusieurs sources proches du dossier, Cédric Jubillar a pu "empoigner la tête de Delphine et la frapper sur un plan dur", ce qui expliquerait l'absence de sang et les dommages observés sur ses lunettes. En effet, la monture cassée de la disparue a fait l'objet d'une expertise et celle-ci avait conclu à une casse provoquée par une force extérieure.
Si un violent coup a eu lieu, il a pu y avoir également des cris, comme a confirmé à plusieurs reprises une voisine, parlant de hurlements à glacer le sang. Et que Cédric Jubillar, qui dit être en train de dormir à ce moment-là, dit ne pas avoir entendu. Une altercation violente correspond aussi à la description de la soirée par le fils aîné des Jubillar, Louis, 6 ans à l'époque, se souvenant avoir vu ses parents se disputer. La reconstitution a permis de corroborer ses déclarations sur les lieux mêmes. Pour la défense du présumé coupable, tout ceci ne vaut en rien comme preuve, estimant que le choix de l'artisan comme auteur du crime n'est que le fruit d'un résultat déductif. Affaire à suivre...
Cédric Jubillar reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.