Dans l'affaire de la disparition de Delphine Jubillar, les preuves matérielles ne sont pas légion. Des traces de sang ont été repérées dans la voiture d'un proche de son mari mais leur analyse n'a pas été fructueuse, son téléphone est introuvable, la couette conjugale a aussi été expertisée, en vain, tandis que des drônes ultra high tech ont tenté de repérer une trace du corps de l'infirmière qui a disparu dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, sans résultat. Il a toutefois un objet que les gendarmes ont retrouvé : ses lunettes. Leur expertise vient d'être versée au dossier et Le Parisien a pu connaître les résultats qui ne sont pas en la faveur du principal suspect, son mari Cédric, avec qui elle était en procédure de divorce.
Au domicile des Jubillar, les gendarmes avaient retrouvé cassée et désolidarisée la monture de Delphine Jubillar, avec une branche située sur la table de la cuisine, et l'autre branche par terre, derrière le canapé. Les lunettes ont été remises aux experts de la Direction générale de l'armement (DGA) du ministère des Armées et rendues aux juges d'instruction le 7 avril. L'analyse est formelle : c'est une force extérieure qui les a brisées, et non pas l'usure, comme l'a clamé Cédric Jubillar. Le témoignage, crucial, de leur fils aîné Louis, correspond d'ailleurs à l'expertise puisqu'il a déclaré que sa maman les portait le dernier soir où il l'a vue.
Lors de ses différentes auditions, le fils du couple, âgé de 6 ans au moment des faits, a assuré que sa mère avait ses lunettes le soir de sa disparition pour regarder la télévision et leur émission fétiche La France a un incroyable talent sur M6. "Pour bien voir", a-t-il même précisé, rapporte Le Parisien. "Vous me demandez si les lunettes étaient cassées, les lunettes non, j'en suis sûr", a ajouté l'enfant, dessin à l'appui. Ce jour de décembre, la plus proche amie de la victime, Anne, avait également pu voir la trentenaire. Elle a confirmé qu'elle portait toujours ses lunettes. Dans le documentaire consacré à l'affaire et diffusé sur RMC Story, elle avait déclaré avoir déjeuné ensemble. Cette expertise conforte la théorie de l'accusation puisque cela montre qu'il a bien eu un acte de violence lors de cette ultime soirée. Des voisines ont par ailleurs indiqué qu'elles avaient entendu des cris.
Pour l'avocat de la famille de Delphine Jubillar, Mourad Battikh qui s'est exprimé auprès du Parisien : "Nous sommes désormais sûrs, grâce à cette expertise, qu'une violente dispute a éclaté au sein du domicile familial le soir de la disparition de Delphine. Cédric Jubillar va devoir s'expliquer. La fuite en avant prend fin pour lui. Il est temps qu'il dise où il a caché le corps pour permettre à la famille de faire le deuil comme il se doit."
Cédric Jubillar reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.