Dominique Strauss-Kahn est sorti libre de la caserne de gendarmerie de Lille où il était interrogé dans l'affaire du Carlton, depuis mardi 21 février 9h. Sa voiture personnelle, conduite par son chauffeur, est entrée dans la cour de la gendarmerie pour le récupérer. C'est escorté par deux motards jusqu'à l'entrée de l'autoroute que l'ancien ministre socialiste et directeur général du Fonds monétaire international a quitté les lieux, muni d'une convocation ultérieure des trois juges chargés du dossier - Stéphanie Auster, Mathieu Vignau et Ida Chaï - qui décideront ensuite soit de l'entendre comme témoin assisté, soit de le mettre en examen. Rappelons que Dominique Strauss-Kahn, qui évite ainsi une seconde nuit en cellule, était entendu sous le régime de la garde à vue pour "complicité de proxénétisme aggravé en bande organisée" et "recel d'abus de biens sociaux". Son avocate a déclaré à sa sortie qu'il "était parfaitement satisfait d'avoir été entendu".
Mardi 21 février, les trois juges d'instruction ont annoncé à DSK la prolongation de sa garde à vue. Il était déjà 22h. L'ancien espoir socialiste au poste de président de la République a ensuite été longuement interrogé par les enquêteurs du groupe proxénétisme et de la brigade financière de Lille. L'échange avec les enquêteurs se serait bien déroulé : "[La garde à vue] se déroule dans un climat détendu, serein. Dominique Strauss-Kahn a manifestement la volonté de s'expliquer. À son côté, son avocate, Me Frédérique Beaulieu, fait bien son métier", confiait mardi soir une source proche de l'enquête au Figaro.fr.
Si la soirée à été longue, la nuit fut courte. Le Huffington Post français, que dirige Anne Sinclair, l'épouse de DSK, décrit une "cellule austère de 7,5 mètres carrés, avec pour seuls artifices un matelas de 10 centimètres d'épaisseur et une couverture. Des toilettes à la turque sont également installées dans la petite pièce."
Selon nos confrères de La Voix du Nord, qui cite une source proche de l'enquête, Dominique Strauss-Kahn était "très fatigué" ce mercredi matin. Après qu'un médecin s'est assuré que son état de santé n'était pas incompatible avec la garde à vue, les interrogatoires ont repris de plus belle à 8h30. Heure à laquelle est arrivée son avocate Me Frédérique Baulieu, peu loquace avec les journalistes. Le volet proxénétisme de l'affaire aurait été bouclé dans la matinée. DSK savait-il que les jeunes femmes invitées aux soirées libertines étaient des prostituées ? Savait-il de quelle manière elles étaient rétribuées par ses amis Fabrice Paszkowski et David Roquet, qui ont déjà effectué trois mois de prison et ont été mis en examen ?
Mercredi, les enquêteurs de l'IGPN, la police des polices, ont pris le relais. Ils se sont intéressés aux liens entre Dominique Strauss-Kahn et Jean-Christophe Lagarde, chef de la sûreté départementale du Nord mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée, recel d'abus de biens sociaux et escroquerie". Ce dernier, qui a été suspendu de ses fonctions, participait comme DSK aux parties fines organisées par Fabrice Paszkowski et David Roquet.
Toutes les personnes citées dans cette affaire sont présumées innocentes des faits qui leur sont reprochés jusqu'au jugement définitif du dossier.