C'est la fin d'un feuilleton judiciaire de près de quatre ans ; feuilleton dont Dominique Strauss-Kahn était le triste protagoniste. Quatre mois après le retentissant procès du Carlton de Lille en correctionnelle, le juge a rendu son verdict et démonté au passage les milliers de pages du dossier d'instruction. Mis en examen pour proxénétisme aggravé en réunion, renvoyé en correctionnelle contre l'avis du parquet, l'ancien directeur général du FMI a été relaxé comme la quasi-totalité des quatorze personnes poursuivies dans cette affaire.
Au coeur du dossier, les soirées libertines organisées au Carlton de Lille, mais aussi à Washington lorsque DSK était encore à la tête du Fonds monétaire international. L'ancien homme providentiel de la gauche savait-il que les filles qui y participaient étaient des prostituées ? Pire encore, était-il l'un des investigateurs du réseau de prostitution qui les réunissait ? Non et non, selon le jugement rendu ce matin par le juge. "DSK n'a jamais nié avoir participé à ces séances de sexe collectif, mais il a soutenu ne pas avoir su que certaines de ses partenaires étaient des professionnelles", écrit l'AFP qui ajoute qu'il est "resté impassible pendant la lecture de son jugement, se contentant de hocher la tête lorsque le président Bernard Lemaire lui a signifié sa relaxe".
Parmi les quatorze personnes présentes sur le banc des accusées, seul René Kojfer, ancien responsable des relations publiques du Carlton et ami d'enfance de Dodo la Saumure, a été condamné à un an de prison avec sursis. Le très médiatique Dodo, propriétaire de maisons closes en Belgique, était soupçonné d'avoir envoyé des prostituées dans la région lilloise, ainsi qu'à Paris et aux États-Unis au profit de l'ex-mari d'Anne Sinclair. L'AFP rappelle qu'il était le seul protagoniste de cette affaire à l'encontre duquel le parquet avait requis une peine de prison ferme, deux ans dont un an avec sursis. Le rondelet Dodo, de son vrai nom Dominique Alderweireld, et sa compagne Béatrice Legrain, qui comparaissait également pour proxénétisme aggravé, ont été relaxés. Le tribunal a estimé que les témoignages les concernant étaient trop vagues.
Pour Dominique Strauss-Kahn, c'est donc la fin d'un cauchemar judiciaire entamé à New York en mai 2011 avec l'affaire du Sofitel. Depuis, l'homme de 66 ans a renoncé à la politique pour mettre à profit, avec plus ou moins de succès, son expertise économique. Le suicide de l'un de ses associés a récemment jeté un voile sombre sur cette nouvelle carrière. Côté coeur, DSK partage toujours la vie de Myriam L'Aouffir avec laquelle il assistait la semaine dernière au tournoi de tennis de Roland-Garros.