En janvier 2018, dans le cadre de sa première interview télévisée pour CBS, Dylan Farrow relançait le cas Woody Allen, en marge de l'affaire Weinstein. "Pourquoi je n'aurais pas le droit de vouloir le faire tomber ? Pourquoi je n'aurais pas le droit d'être en colère, d'être blessée ? Pourquoi je n'aurais pas le droit de m'indigner, après toutes ces années où l'on m'a ignorée, mise en doute, rejetée ?", clamait-elle face caméra.
Vingt-cinq ans plus tôt, le 4 août 1992 précisément, la baby-sitter de Mia Farrow, Alison Stickland, après avoir vu un comportement inapproprié de Woody Allen avec sa fille adoptive Dylan, le dénonce à l'actrice par téléphone, selon son témoignage devant la cour suprême de Manhattan en 1993. Cet appel amènera Mia Farrow à questionner Dylan, qui fera alors état d'abus sexuels de la part de son père.
Depuis les déclarations de Dylan, de nombreux acteurs ayant tourné avec son Woody Allen l'ont dénoncé. Récemment, c'est Cate Blanchett, oscarisée pour Blue Jasmine, qui est sortie de son silence. "Je ne pense pas être restée muette, s'est défendue l'actrice à la BBC. À l'époque où je travaillais avec Woody Allen, je ne savais rien des accusations à son encontre. À cette période, j'ai dit que c'était une situation très douloureuse et compliquée pour la famille, et qui je l'espérais, serait résolue." Toutefois, la comédienne australienne s'est dite "absolument favorable" à ce que l'affaire soit rouverte.
Sur Twitter, Dylan Farrow s'est chargée de répondre à la muse de son père. "Peut-être que Mme Blanchett n'est pas au courant des prescriptions qui empêchent mon cas (et d'autres) d'être rouvert, mais si elle cherche une perspective légale, il y en plein de publiques dans les jugements de Wilk [le juge qui avait conclu que Woody Allen n'avait abusé de Dylan en 1993, NDLR] et la NY Appellate Court", écrit-elle.
Mais le plus étonnant, c'est que Samantha Geimer, première victime et jusqu'ici reconnue comme telle de Roman Polanski, est venue ajouter son grain de sel. Et il faut dire qu'elle sait de quoi elle parle, puisqu'elle avait été droguée puis violée à l'issue d'une séance photo sur les hauteurs de Los Angeles, le 20 février 1977. Elle avait 13 ans au moment des faits. Des années plus tard, elle a fini par pardonner après avoir cherché à faire condamner son bourreau, lequel a préféré fuir la justice américaine. Récemment elle avait apporté son soutien à la tribune cosignée par Catherine Deneuve sur la liberté d'importuner.
Face à Dylan Farrow, Samantha Geimer l'invite à agir si elle le souhaite. Selon elle, la prescription dans son cas est de trente ans, ce qui signifie que Dylan peut encore attaquer son père en justice. "Tu peux toujours l'amener devant la cour. Tu ne pas refuser d'utiliser le système judiciaire durant les années dont tu disposes en tant qu'adulte, puis couvrir de honte ceux qui respectent la loi et le considère comme innocent jusqu'à preuve du contraire. Cate Blanchett n'a rien à voir avec toi", écrit-elle. Et lorsqu'un utilisateur lui fait remarquer que Dylan a déjà eu recours à la justice, Samantha Geimer surenchérit : "Pas en tant qu'adulte. De toute façon, c'est son choix, toutes les victimes connaissent les conséquences en appelant la police ou bien en ne poursuivant pas en temps voulu."