Réalisateur d'une flopée de films inscrits au Panthéon du cinéma américain, - Un tramway nommé Désir, Sur les quais, À l'est d'Eden... pour ne citer que ceux-là -, Elia Kazan est aussi une figure controversée. Membre du parti communiste américain, il a collaboré avec la Commission des activités anti-américaines, créée quelques années plus tôt par le sénateur Parnell Thomas et dominée par le sénateur McCarthy, rappelle Libération. The Hollywood Reporter publie des extraits d'un nouvel ouvrage paru sur le cinéaste décédé à 94 ans en 2003. The Selected Letters of Elia Kazan (édité par Albert J. Devlin avec Marlene J. Devlin) dévoile une série de lettres qui permettent d'en savoir davantage sur ce personnage fascinant, notamment sur ses infidélités, ses disputes avec les censeurs et ce qu'il pensait réellement des stars américaines.
C'est à Elia Kazan qu'on doit la découverte des talents de Marlon Brando, James Dean et Warren Beatty. Il appréciait également des auteurs comme Tennessee Williams et John Steinbeck. Sa réputation restera à jamais marquée par sa collaboration avec le comité des activités anti-américaines. Ainsi, jusqu'en 1999, année durant laquelle il a reçu un Oscar d'honneur, Kirk Douglas, qui avait pourtant joué dans son film L'Arrangement, a refusé d'applaudir le cinéaste.
Dans ces lettres que The Hollywood Reporter analyse avec passion, on apprend qu'Elia Kazan admet plusieurs infidélités, dont l'une avec Marilyn Monroe qu'il décrira comme "une enfant des rues touchante et pathétique". Il reconnaît le charisme de Paul Newman (La Chatte sur un toit brûlant), "plein de puissance intérieure et sexuelle" ; reproche à Warren Beatty (La Fièvre dans le sang) d'être une diva et s'est battu corps et âme pour défendre son travail face à la censure. Il détestait Hollywood, écrivant à sa femme Molly Day Thacher qu'il haïssait ce monde de manière presque insensée : "C'est comme une tombe, un charnier, sauf qu'il y a beaucoup de magie, beaucoup de gens très beaux, à différents stades de décomposition, sans le savoir." Mais Elia Kazan restera malgré tout dans le monde impitoyable d'Hollywood, car c'est là-bas que les films sont faits.