Il y a encore un an, Elizabeth Holmes était considérée comme l'une des ingénieures américaines les plus prometteuses de sa génération. En 2003, elle était seulement âgée de 19 ans lorsqu'elle décide de fonder sa propre société spécialisée dans les services médicaux, Theranos, une startup de tests sanguins basée à Palo Alto. Sa promesse ? Rendre les diagnostics médicaux plus rapides et moins chers que ceux des laboratoires traditionnels, notamment grâce à des méthodes présentées comme "révolutionnaires" qui permettent de réaliser des tests multiples avec une toute petite quantité de sang.
Très vite, cette native de Washington devient l'une des étoiles montantes de la Silicon Valley. Son parcours est comparé à celui de Steve Jobs et autre Mark Zuckerberg, sa présence dans les médias se fait de plus en plus régulière. Elle s'affiche au côté de Bill Clinton pour des séminaires axés sur la santé et l'entrepreneuriat, multiplie les entretiens sur les plateaux télévisés, commercialise ses produits dans les plus grandes chaînes de magasins du pays (notamment les boutiques Walgreens) et foule le tapis rouge des soirées de récompenses les plus prestigieuses. En 2015, le magazine Forbes la cite même dans son classement des 100 personnalités les plus influentes au monde, l'érigeant à la première place des "self-made women" milliardaires. Elle est la dirigeante d'entreprise la plus jeune et la plus riche de la planète, un record. Jusqu'au jour où...
Des pratiques déficientes qui présentent des dangers immédiats
Fin 2015, un article publié par le très sérieux Wall Street Journal vient semer le trouble, transformant le rêve en cauchemar. Les technologies de Theranos sont remises en cause par une longue enquête à charge. Le quotidien affirme ainsi que la fiabilité de ces technologies n'est pas avérée et que celles-ci ne servent que pour une petite partie des plus de 200 tests proposés par la société. Quelques mois plus tard, début 2016, le département de la Santé américain dénonçait à son tour des "pratiques déficientes qui présentent des dangers immédiats pour la santé et la sécurité des patients". Prises dans un engrenage, Elizabeth Holmes et Theranos (qui a depuis invalidé les résultats de milliers de tests réalisés dans ses laboratoires) sont toujours au coeur d'une enquête qui devrait déterminer la suite du scandale.
En attendant, Forbes s'en est de nouveau mêlé. Lundi, le magazine a vu l'estimation de la fortune d'Elizabeth Holmes, autrefois évaluée à 4,5 milliards de dollars, à zéro. "Notre estimation de la fortune d'Elizabeth Holmes était fondée sur les 50 % des parts de Theranos qu'elle possède", explique le magazine. La société, qui n'est cotée nulle part, vaut "au mieux 800 millions de dollars", ce qui est très loin des précédentes estimations (9 milliards de dollars). En outre, la structure particulière de l'actionnariat de Theranos fait des investisseurs les premiers bénéficiaires de l'argent qui reste dans les caisses. Le portefeuille d'Elizabeth Holmes "ne vaut donc plus rien", conclut Forbes.